Mucoviscidose : l'espoir apporté par les nouvelles voies de recherche
Actuellement, malgré de nombreux progrès, le traitement reste symptomatique et vise à améliorer la qualité de vie des malades. Les espoirs viennent des nouvelles voies de recherche actuellement explorées par les scientifiques.
La mucoviscidose est une maladie héréditaire grave qui se caractérise par un épaississement anormal du mucus, entraînant des troubles respiratoires et digestifs importants. C'est une pathologie fréquente, qui touche en France 1 enfant pour 4.500 naissances. Cette maladie génétique se transmet selon un mode autosomique récessif, c'est-à-dire qu'un enfant atteint possède deux gènes anormaux, un du père et un de la mère. En France, on estime à 2 millions le nombre de personnes porteuses du gène défectueux, non malades, qui peuvent donc transmettre la maladie à leur enfant sans le savoir.
La mucoviscidose, une maladie des sécrétions
En 1989, un chercheur canadien, le Pr Lap Chee Tsui, a mis en évidence l'anomalie génétique à l'origine de la maladie : il s'agit de la mutation du gène CF, situé sur le chromosome 7, entraînant la fabrication d'une protéine défectueuse à l'origine de sécrétions anormales.
Une anomalie des sécrétions
Celles-ci sont trop visqueuses, s'écoulent mal et encombrent les conduits et cavités. De plus, elles sont sensibles aux infections. Les organes touchés sont ceux comportant des glandes séreuses, comme les glandes sudoripares et le pancréas, ou des muqueuses (fabriquant le mucus), comme les bronches et l'intestin.
Les symptômes sont variables d'un malade à l'autre
Les manifestations les plus importantes et les plus caractéristiques de la maladie sont respiratoires et digestives.
Symptômes respiratoires
Le mucus, anormalement épais, s'accumule dans les bronches : l'enfant présente une toux grasse et répétitive le fatiguant énormément. La stagnation du mucus favorise l'infection bronchique, qui peut devenir chronique ou évoluer sous forme de poussées. Elle entraîne une inflammation des bronches, à l'origine d'une insuffisance respiratoire chronique, associée à terme à une atteinte cardiaque.
Symptômes digestifs
Le pancréas et le foie sont également touchés. Les canaux pancréatiques se bouchent et empêchent les enzymes contenues dans le suc pancréatique de remplir leur fonction de digestion des graisses. Celles-ci sont évacuées par l'intestin et entraînent une diarrhée chronique, graisseuse et d'odeur fétide, avec parfois des épisodes aigus de déshydratation. À la longue, le pancréas devient fibreux et un diabète peut apparaître.
Le mucus trop visqueux peut également bloquer le transit, à l'origine d'une constipation, voire d'une occlusion et également d'une mauvaise absorption des aliments, favorisant un retard de croissance.
Le diagnostic est généralement fait dans l'enfance
Dans près de 95% des cas, le diagnostic de mucoviscidose se fait avant l'âge de 2 ans, devant l'association des signes respiratoires et digestifs.
Dans environ 10% des cas, le diagnostic est porté dès la naissance en cas d'occlusion intestinale aiguë, ou iléus méconial, liée à l'obstruction de l'intestin par un bouchon de méconium (matières visqueuses brunâtres ou verdâtres expulsées peu après la naissance).
Le diagnostic néonatal peut se faire par le dosage de l'albumine dans le méconium : en cas de mucoviscidose, la présence d'albumine dans le méconium témoigne de l'insuffisance pancréatique, liée à l'absence de sécrétion d'une enzyme appelée trypsine. Cette dernière peut être dosée dans le sang dès le 5ème jour de vie et jusqu'au 2ème mois.
Le dépistage anténatal
Un dépistage anténatal peut être proposé aux couples ayant eu un enfant atteint de mucoviscidose car lorsque les deux parents sont porteurs du gène responsable, le risque d'avoir un enfant malade est de 1 sur 4.
Ce dépistage peut être effectué de la 8ème à la 10ème semaine de grossesse par l'analyse d'une biopsie de placenta ou au plus tard à la 18ème semaine par dosage des enzymes intestinales dans le liquide amniotique. En cas de résultat positif, une éventuelle interruption de grossesse peut être envisagée selon le souhait des parents.
Le test de sueur chez l’enfant
Chez l'enfant, la présence des signes cliniques précédemment décrits fait suspecter le diagnostic qui sera confirmé par un test spécifique de la maladie, le test de la sueur : il est basé sur le fait qu'en cas de mucoviscidose les glandes sudoripares sécrètent une sueur salée, dont la teneur en sodium et en chlore est anormalement élevée. Ce test doit être pratiqué dans un laboratoire spécialisé et à deux reprises pour affirmer le diagnostic. Celui-ci peut alors être confirmé par une étude génétique recherchant des mutations sur le chromosome 7.
Le traitement actuel est symptomatique
La mucoviscidose est une maladie chronique, nécessitant un traitement à vie, qui doit être instauré précocement de façon à améliorer la qualité de vie de l'enfant. Il faut également tenir compte de l'évolutivité de la maladie, différente d'une personne à l'autre et d'un organe à l'autre.
L'évolution, généralement lente, se fait par poussées, d'où la nécessité d'une étroite surveillance et d'une prise en charge adaptée à chaque patient, laquelle est systématiquement multidisciplinaire, faisant intervenir médecins, infirmières, spécialistes des troubles respiratoires et cardio-pulmonaires, nutritionniste, kinésithérapeute, pédopsychiatres, etc.
La prise en charge respiratoire
- Sur le plan respiratoire, la kinésithérapie et le drainage bronchique sont essentiels pour prévenir et traiter les complications broncho-pulmonaires. Pratiquée plusieurs fois par jour, la kinésithérapie vise à évacuer les sécrétions bronchiques pour éviter l'encombrement.
- La gymnastique respiratoire, chez le plus grand enfant, complète la kinésithérapie et aide au maintien de la perméabilité des voies respiratoires.
- En cas d'infection, le traitement par antibiotiques est systématique, afin d'éviter l'installation d'une infection chronique, redoutable pour la fonction respiratoire.
- Des bronchodilatateurs, administrés par nébulisation, peuvent être indiqués pour favoriser l'évacuation des sécrétions et lutter contre le rétrécissement des voies aériennes.
- Les vaccinations sont également essentielles, notamment celles contre la tuberculose, la coqueluche, la diphtérie, la rougeole, la grippe...
- Sous contrôle médical, l'exercice physique régulier est particulièrement recommandé afin d'améliorer la respiration et de faciliter la toux.
Prise en charge digestive et prévention de la dénutrition
- L'amélioration de la fonction digestive passe d'abord par un régime alimentaire adapté, contrôlé par la courbe de croissance de l'enfant.
- Chez le nourrisson et le petit enfant, un régime hypercalorique est conseillé, sans ajout de graisses et riche en protéines.
- Il doit être complété par la prise de vitamines (A, D, E, K), d'oligo-éléments (fer, zinc, magnésium, sélénium) et d'extraits pancréatiques "gastroprotégés".
- En cas de forte chaleur, un apport supplémentaire en eau et en sel est nécessaire pour compenser les pertes liées à la transpiration.
- Chez les enfants plus âgés et les adultes, le régime peut être normocalorique, mais toujours diversifié et complété par des extraits pancréatiques et des vitamines.
Les perspectives thérapeutiques soulèvent de grands espoirs
Aujourd'hui, des transplantations pulmonaire et cardio-pulmonaire sont effectuées dans le cadre du traitement de la mucoviscidose lorsque les bronches et le ventricule droit du cœur sont abîmés, mais elles obligent à suivre un lourd traitement antirejet.
En 2011, 529 patients atteints de mucoviscidose vivaient avec une greffe (essentiellement pulmonaire), soit 8,8% des patients (Agence de la Biomédecine). Il faut cependant regretter le nombre insuffisant et donc le délai d'attente.
La thérapie génique
Grâce au clonage du gène CFTR, de nouvelles voies de recherche sont explorées. Elles concernent notamment la thérapie génique, qui vise à corriger la mutation génétique des cellules bronchiques malades par transfert d'une version fonctionnelle du gène déficient.
Dans la lutte contre l'infection, une des voies de recherche s'intéresse aux peptides antimicrobiens, petites molécules capables, comme les antibiotiques, de détruire les bactéries. Les études essaient de développer des peptides antimicrobiens actifs dans des concentrations élevées en sels, comme c'est le cas dans la mucoviscidose.
Des travaux portent également sur l'inflammation pulmonaire, présente de façon précoce et excessive dans l'évolution de la maladie. D'autres voies de recherche plus pharmacologiques concernent le transport du chlore. Dans tous ces domaines, de nombreuses études sont actuellement en cours, suscitant de réels espoirs thérapeutiques.