Les brûlures d'estomac : prenez des mesures anti reflux gastro-oesophagien

Qu'est-ce que le reflux gastro-oesophagien ?
C'est la remontée anormale dans l'œsophage d'acidité venant de l'estomac. Ce reflux existe de façon physiologique mais lorsqu'il est trop prolongé ou trop important, il induit une irritation et une souffrance de l'œsophage. Il existe en temps normal deux systèmes qui limitent ce reflux. Le premier est un sphincter situé à l'extrémité inférieure de l'œsophage avant l'arrivée dans l'estomac. Ce sphincter fonctionne essentiellement dans le sens de la descente. Le second est un système de valve situé à la jonction entre l'estomac et l'œsophage. Lorsque l'estomac se remplit et se gonfle il appuie sur la partie inférieure de l'œsophage qui lui est contiguë. La défaillance de l'un ou l'autre de ces systèmes aggrave le reflux physiologique. La cause la plus fréquente en est la hernie hiatale dont le nom signifie que la jonction de l'œsophage et de l'estomac remonte dans le thorax (fait « hernie ») par l'orifice hiatal situé entre le thorax et l'abdomen et par lequel passe normalement l'œsophage. Attention, si une hernie hiatale, qui est une malformation anatomique, est souvent la cause d'un reflux elle n'est pas synonyme de reflux. On peut avoir une hernie hiatale sans forcément avoir un reflux (si le sphincter inférieur de l'œsophage fonctionne correctement) et inversement on peut avoir un reflux sans avoir de hernie hiatale (la prise de certains aliments comme le café ou l'alcool peuvent provoquer un relâchement du sphincter inférieur de l'œsophage).
Est-ce un reflux ?
Le principal symptôme de reflux acide dans l'œsophage est le pyrosis (d'un mot grec qui signifie « le feu »). C'est une brûlure qui remonte en arrière du sternum lorsque l'on est en position couchée ou penché en avant. Les autres symptômes sont une toux nocturne par irritation des bronches, ou une fausse crise d'asthme, des douleurs thoraciques, une modification de la voix ou une irritation de la gorge, des douleurs gastriques, une gêne à l'alimentation ou une anémie (par irritation de l'œsophage).
Quels sont les risques de reflux et quand faut-il consulter ?
Toutes les situations sont possibles. La plupart du temps les symptômes de reflux sont temporaires, liés à un changement des habitudes alimentaires. Quelques règles hygiéno-diététiques simples suffisent alors à améliorer les symptômes, comme la suppression de l'alcool et du café, le port de vêtements amples, le sommeil en position pieds surélevés ou encore en évitant les positions penchées en avant. Si ces règles ne suffisent pas on peut prendre des pansements gastriques.
La persistance de symptômes de reflux doit alors amener à se poser les questions suivantes : S'agit-il bien d'un reflux gastro-oesophagien ? Existe-t-il des traitements plus efficaces ? Y-a-t-il un risque à laisser évoluer un reflux ? La réponse à ces questions passe par une consultation auprès d'un médecin. Il pourra par un examen et un interrogatoire vérifier s'il s'agit bien d'un reflux, au besoin à l'aide d'examens complémentaires et proposer des traitements plus forts ou plus adaptés. Sans traitement efficace, un reflux gastro-oesophagien risque d'évoluer. Il peut se traduire par une irritation de l'œsophage (oesophagite) qui peut saigner et provoquer une anémie ou se rétracter par effet de cicatrisation et gêner le passage des aliments. A un stade avancé, une irritation de l'œsophage peut favoriser en plusieurs années l'apparition d'un cancer. De façon plus anecdotique, certains patients ayant des problèmes bronchiques peuvent les voir s'aggraver sous l'effet du reflux acide.
Quels examens faut-il faire ?
Lorsqu'il a besoin de confirmer un diagnostic de reflux, ou d'en évaluer la sévérité, le médecin demande une pHmétrie. Il s'agit d'une mesure de l'acidité remontant de l'estomac dans l'œsophage, par une sonde passée par le nez pendant 24 heures. L'autre examen assez habituel est la fibroscopie qui permet de voir à l'aide d'une fibre optique passée par la bouche, une irritation de l'œsophage et parfois de diagnostiquer une hernie hiatale.
Comment agissent les traitements médicamenteux ?
Ils agissent à trois niveaux. La première catégorie est celle des pansements gastriques qui permettent d'atténuer l'agressivité du contenu acide de l'estomac. La deuxième catégorie est celle des accélérateurs de la vidange gastrique et oesophagienne. Ils agissent en diminuant le temps de présence de l'acidité dans l'œsophage et l'estomac en accélérant son évacuation. La troisième catégorie, la plus efficace, est celle des médicaments diminuant la sécrétion d'acide gastrique.
Permettent-ils de guérir définitivement du reflux ?
Les traitements médicamenteux n'agissent en fait que sur les conséquences du reflux et non sur sa cause, qui est en général une hernie hiatale. Ils ne peuvent donc pas régler définitivement le problème, mais peuvent être pris pendant de longues périodes. La chirurgie, en réparant l'anomalie anatomique responsable, permet un traitement plus définitif et permet souvent de se passer de médicaments.
Quelles sont les techniques chirurgicales ?
Le principe de base est de réparer le système de valve entre l'estomac et l'oesophage en amenant la hernie hiatale dans l'abdomen et en se servant de la partie supérieure de l'estomac pour faire un manchon autour de l'oesophage afin de reconstituer une valve. Deux techniques sont utilisées en France selon que la valve fait un tour complet de l'oesophage ou seulement sur la moitié, ce sont la technique de Nissen et la technique de Toupet. Leur efficacité est équivalente, la technique de Toupet étant utilisée lorsque l'on craint de trop resserrer l'oesophage et de gêner le passage des aliments. Ces deux techniques sont actuellement faites par coelioscopie, ce qui permet des suites plus simples et une récupération post-opératoire plus rapide. Il s'agit toujours d'une anesthésie générale, mais l'intervention est faite sous contrôle vidéo par des instruments passés à travers la paroi, sans véritable ouverture donc.