Interview : Sclérose en plaques, quel avenir ?

e-sante : Quels sont les premiers symptômes de la sclérose en plaques ?
Dr A. Tourbah : Les premiers symptômes et signes de la sclérose en plaques sont variables. Après 40 ans, les plus fréquents sont les troubles moteurs, alors qu'avant 40 ans ce sont les troubles sensitifs. Les troubles moteurs sont à type de faiblesse musculaire ou de raideur. Au début, ils peuvent être présents uniquement à l'effort. Les troubles sensitifs sont à type d'engourdissement, de picotements, de ruissellement, de peau cartonnée, de brûlures. L'intensité de ces symptômes contraste souvent avec la discrétion des signes cliniques. Les autres symptômes sont visuels : baisse de l'acuité visuelle unilatérale et douloureuse traduisant une neuropathie optique ou trouble de l'oculomotricité (vision double binoculaire). D'autres manifestations inaugurent plus rarement la maladie : coordination, équilibre, troubles génito-sphinctériens, attention, concentration, mémoire et fatigue.
e-sante : Quand et comment annoncer le diagnostic ?
Dr A. Tourbah : Il n'y a pas de marqueur diagnostique spécifique de la sclérose en plaques. Du fait des progrès des examens complémentaires, la tendance est d'annoncer le diagnostic de plus en plus tôt. Cette annonce reste toutefois un moment difficile en raison de l'imprévisibilité de la réaction du patient et de son entourage. Les éléments qui permettent le diagnostic reposent sur des arguments cliniques et sur les données des examens complémentaires, essentiellement l'IRM. De plus, il faut exclure tout autre affection qui pourrait, par son mode de présentation, simuler la sclérose en plaques. Ainsi, le diagnostic pourra être évoqué puis confirmé devant des arguments de dissémination dans le temps et dans l'espace, obtenus aussi bien sur les éléments cliniques que sur l'IRM ou plus rarement l'analyse du liquide céphalo-rachidien.
e-sante : Quels espoirs pour demain ?
Dr A. Tourbah : Les espoirs pour demain sont fondés sur la meilleure connaissance de la maladie, sur l'amélioration de la prise en charge des patients, et sur les travaux de recherche portant sur les affections démyélinisantes. En effet, la meilleure compréhension des mécanismes immunologiques impliqués dans la maladie a permis la mise au point de nouvelles thérapeutiques. D'autres médicaments viendront prochainement enrichir l'arsenal actuel.Les progrès de l'informatique et de la résonance magnétique ont permis une meilleure connaissance de l'histoire naturelle de la maladie. Ils sont utilisés pour vérifier l'efficacité des traitements, dans le cadre de protocoles de recherche.La constitution de réseaux de soins impliquant neurologues, neuroradiologues, médecins généralistes, kinésithérapeutes, psychologues, infirmières..., a amélioré la prise en charge des patients. Mentionnons aussi le rôle des associations de patients dans la communication et la diffusion de l'information sur la maladie.La recherche fondamentale n'est pas absente de cet effort collectif. Elle porte essentiellement sur la connaissance des bases génétiques de la maladie et sur les possibilités endogènes et exogènes de promouvoir la remyélinisation et de protéger les réseaux neuronaux.
* Dr Ayman Tourbah, Fédération de neurologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris, auteur de « La sclérose en plaques, aujourd'hui et demain », collection Dialogue Médecin-Malade, Ed. John Libbey.