Historique : Les débuts du vaccin BCG chez l'Homme

Les premiers essais de vaccination contre la tuberculose

Non seulement la souche modifiée, maintenant appelée " bacille de Calmette-Guérin " (ou BCG) ne tuait pas les animaux, mais elle les rendait résistants à une infection virulente par le bacille tuberculeux bovin ou humain. Cette résistance fut vérifiée sur le cobaye, la souris, le bœuf, le cheval, le singe rhésus et le chimpanzé, en variant les doses et les méthodes d'administration. En 1919, au bout de 11 années et 230 passages successifs en culture, la souche n'était jamais redevenue virulente. Peu après, les essais animaux semblant convainquants, il était temps de passer à l'expérimentation humaine.A l'époque, la tuberculose représentait 3 % de tous les malades recensés, et la mort frappait entre 20 et 40 tuberculeux sur 100. Le premier bébé (dont la mère était morte de tuberculose peu après la naissance) fut vacciné en 1921 à l'hôpital de la Charité à Paris, par voie orale, à l'aide d'une petite cuillère suivie d'un biberon de lait. Aucun incident ne se produisit chez les premiers bébés vaccinés, et l'Institut Pasteur entrepris de produire du BCG en grandes quantités. Entre 1924 et 1928, plus de 100 000 nourrissons furent vaccinés sans complication sérieuse. En 1928, Albert Calmette fit une communication à la Société des Nations. A Paris, parmi les enfants non vaccinés dont un membre de la famille était atteint de tuberculose, un tiers à un quart mourraient. Ce pourcentage effrayant tombait à 1,8 % chez les enfants vaccinés. La conférence se termina par une recommandation unanime en faveur de l'utilisation du BCG. La vaccination se répandit rapidement en Espagne, Norvège, Suède, tandis que les États-Unis d'Amérique et la Grande-Bretagne demeuraient sceptiques.

La catastrophe de Lübeck et le temps des doutes

En 1929, dans la ville allemande de Lübeck, une catastrophe allait fortement entacher la réputation du vaccin BCG. Pendant sa préparation au laboratoire des mycobactéries, du vaccin BCG fabriqué sur place fut accidentellement contaminé par une souche virulente de bacille tuberculeux humains. Sur 252 enfants ayant reçu ce vaccin contaminé, 73 moururent et 136 furent atteints de tuberculose chronique. Le gouvernement allemand nomma une commission qui enquêta pendant 20 mois avant de reconnaître l'innocence du vaccin BCG. Mais le drame avait ébranlé la confiance du public. Il fallut de longues années pour que les services de santé des différents états reconnaissent l'un après l'autre l'intérêt du BCG. La Grande-Bretagne fut parmi les dernières, organisant encore un grand essai sur 50 000 adolescents en 1950. Et malgré l'accumulation des preuves d'efficacité du BCG, de nos jours encore, la vaccination par le BCG demeure parmi celles dont le public met le plus souvent en doute l'efficacité.

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Source : Gheorghiu M. " Le BCG, vaccin contre la tuberculose : leçons du passé pour aujourd'hui ". In Moulin A.-M. et coll. " L'aventure de la vaccination " Fayard éd., Paris 1996 : 219-228. Fari A. " Petite histoire du BCG " Prescrire 1995 ; 15 (154) : 635-636