La chute hormonale, un tournant pour la silhouette
Avant la ménopause, les œstrogènes agissent comme de véritables gardiens de la silhouette. Ils orientent naturellement le stockage des graisses vers les hanches et les cuisses, créant une morphologie dite "gynoïde". Ces hormones améliorent aussi la sensibilité des cellules à l'insuline et soutiennent la production de leptine, l'hormone de la satiété. Avec leur chute brutale à la ménopause, les cartes sont redistribuées. Le corps se met à stocker différemment, privilégiant désormais la sangle abdominale. C’est la transition vers un profil dit "androïde", où la graisse viscérale devient prédominante. Loin d'être anodine, cette graisse est métaboliquement active et sécrète des substances inflammatoires qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète. En parallèle, la baisse de progestérone peut causer rétention d'eau et ballonnements, accentuant la sensation de prise de poids.
Le métabolisme de base en perte de vitesse
Au-delà des hormones, un autre phénomène silencieux s'installe : la sarcopénie. Il s'agit de la perte progressive de masse musculaire, un processus qui débute dès la trentaine mais qui s’accélère franchement après 50 ans, amplifié par la baisse des hormones. Or, le muscle est un formidable consommateur d’énergie, y compris au repos. Moins de masse musculaire signifie donc un métabolisme de base qui ralentit. Ce ralentissement du métabolisme à la ménopause est estimé entre 50 et 100 calories brûlées en moins chaque jour. Ce chiffre peut sembler modeste, mais sans ajustement des apports alimentaires, il se traduit mathématiquement par une prise de poids de plusieurs kilos sur une année. Un cercle vicieux s'engage alors : moins de muscles entraîne moins de dépenses énergétiques, ce qui favorise le stockage de graisses.
L'insuline, un chef d'orchestre qui se dérègle
La chute des œstrogènes perturbe également la manière dont l'organisme gère le sucre. Les cellules musculaires et hépatiques deviennent moins réactives à l'insuline, l'hormone chargée de faire entrer le glucose dans les cellules pour qu'il soit utilisé comme carburant. On parle alors d’insulinorésistance. Pour compenser cette résistance, le pancréas se met à produire de l'insuline en plus grande quantité. Cet excès chronique d’insuline dans le sang, ou hyperinsulinémie, envoie un signal constant de stockage à l'organisme. Le corps devient alors une machine à convertir plus facilement les glucides en graisses, lesquelles s'accumulent de préférence au niveau de l'abdomen, renforçant la graisse viscérale. Cette sensibilité accrue aux sucres rapides (pâtisseries, pain blanc, plats industriels) explique pourquoi des habitudes alimentaires autrefois sans conséquence peuvent devenir problématiques après 45 ans.
Le stress et le sommeil, des facteurs aggravants
Un quatrième mécanisme, souvent sous-estimé, vient s'ajouter à ce tableau complexe : le rôle du cortisol. Cette hormone, libérée en réponse au stress, a une action catabolisante : elle favorise la dégradation des muscles tout en stimulant le stockage de la graisse viscérale. Les bouleversements de la périménopause, qu'ils soient physiques ou psychologiques, sont une source de stress importante. De plus, les troubles du sommeil, comme les insomnies et les réveils nocturnes liés aux bouffées de chaleur, sont fréquents durant cette période. Un sommeil de mauvaise qualité perturbe l'équilibre hormonal, augmente les niveaux de cortisol et dérègle les hormones de l'appétit, la ghréline et la leptine. Le stress chronique et les nuits hachées créent ainsi un terrain propice qui accélère et aggrave la prise de poids.
Comprendre pour mieux agir
La prise de poids à la ménopause n'est donc pas une punition, mais la conséquence logique d'une cascade de changements physiologiques. La bonne nouvelle est que chacun de ces quatre leviers – hormonal, métabolique, insulinique et lié au stress – est modulable. En comprenant l'origine du problème, il devient possible d'adopter des stratégies ciblées, que ce soit par l'alimentation, l'activité physique ou la gestion du stress, pour accompagner son corps avec bienveillance dans cette nouvelle étape de la vie. Maintenir sa masse musculaire et apaiser son système nerveux deviennent alors les clés pour traverser cette transition en pleine santé.
 
    