Faut-il devenir végétarien ?

Eau en péril...
L'élevage et l'agriculture qui lui est attachée consomment beaucoup trop d'eau.
C'est ce qui a été bien mis en évidence par de nombreuses études avec à l'appui des chiffres dérangeants : ainsi, il faut 15.500 litres d'eau pour produire un kilo de bœuf et 4.900 litres pour la même quantité de porc.
Alors qu'un kilo de riz n'en nécessite que 3 000, bien que sa culture se fasse dans celle-ci.
Autrement dit, chaque fois que vous mangez un bifteck de 100 g, c'est 1.500 litres d'eau que vous "consommez" à l'insu de votre plein gré : elle a été utilisée en grande partie pour cultiver les produits (céréales, soja, etc.) qui ont nourri la bête.
D'après un rapport de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, 70% de l'eau mondiale est utilisée par l'agriculture destinée à nourrir les animaux et celle-ci occupe actuellement 30% des terres habitables.
Or, ce n'est plus un secret pour personne, le manque d'eau menace la planète : c'est bien pour cela que vous prenez des douches de 3 minutes au maximum (si vous faites pipi dedans, c’est encore mieux, vous économisez la chasse d’eau) et ne faites plus couler l'eau en vous brossant les dents !
Flatulences bovines...
En plus, les pets et les rots des bêtes d'élevage - surtout ceux des bovins - sont riches en méthane et contribuent ainsi à la pollution de l'environnement et au réchauffement de la planète. Vraiment pas sympa…
De plus en plus d’agriculteurs rejoignent le projet Eco-Méthane de l'association Bleu-Blanc-Cœur et nourrissent leurs vaches avec de l'herbe, du lin, de la luzerne, de la féverole : elles proutent et rotent tout autant mais ces gaz sont moins riches en méthane.
On n'a plus qu'à espérer que cette bonne initiative gagnera le reste de l'élevage des bovins !
D'autant plus que leur lait et leur viande contiennent moins d'acides gras saturés.
Viandes, charcuteries et maladies...
On ne compte plus les abominables reproches faits à la consommation excessive de viandes, surtout de rouges, et de charcuteries, études à l'appui.
La consommation excessive de viandes favorise :
- les maladies cardiovasculaires et intestinales,
- certains cancers (celui de l'intestin en particulier),
- le diabète,
- l'obésité,
- etc.
Elle est une source fréquente d'intoxications alimentaires car elle véhicule souvent des staphylocoques et des E.coli. Il lui arrive aussi d'être bourrée d'antibiotiques et - ailleurs qu'en Europe - d'hormones.
La consommation de charcuteries comporte les mêmes risques auxquels s'ajoute l'excès de sel et de nitrites cancérigènes.
Les viandes blanches encourent moins de reproches. Il en est de même pour les volailles, sauf pour les poulets industriels qui peuvent être, quelle que soit la quantité ingérée, à l'origine d'intoxications par le Campylobacter jejuni (qui donne des diarrhées et peut causer des avortements).
Si l'on ajoute à cela les conditions souvent abominables d'élevage et d'abattage des poulets, des veaux et des porcs, il est assez logique d'être dégouté de la viande !
Poissons en voie de disparition...
Côté nutrition, les poissons ont tout bon, sauf pour les gros qui sont chargés de mercure et autres déchets industriels qu'ils ingurgitent dans les mers et les océans.
Mais à force d'être capturées, un grand nombre d'espèces sont maintenant menacées.
Certaines (saumon, dorade, bar) sont élevées, entassées dans des fermes aquacoles : on peut en avoir pitié et décider de ne plus manger de poissons par éthique et pour préserver les ressources naturelles de la planète.
D'autant plus que l'on vient d'observer que les poissons étaient en train de rétrécir, perdant du poids faute de suffisamment d'oxygène dans l'eau à cause du réchauffement climatique !
Les régimes végétariens
Le régime végétarien proprement dit exclut la consommation de toute chair animale, donc celle des viandes, des poissons, des coquillages et des crustacés. Les œufs et les produits laitiers sont admis.
Les céréales (blé, riz, maïs, orge, seigle, épeautre, avoine, millet), le quinoa, le soja (graines et tofu), les légumes secs (pois cassés, pois chiches, lentilles, fèves, haricots), les algues (tout cela apportant des protéines végétales), les légumes et les fruits (frais et secs) sont prioritaires.
Mais des variantes existent :
- le lacto-végétarisme (pas d'œufs mais des produits laitiers)
- et l'ovo-végétarisme (le contraire : pas de produits laitiers mais des œufs).
- Quant au pesco-végétarisme (poissons autorisés) et au pollo-végétarisme (volailles admises), ce ne sont pas vraiment des régimes végétariens (même si les produits végétaux s'y trouvent privilégiés) puisque l'on consomme la chair de ces animaux.
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Dans le végétalisme, maintenant appelé vegan, tous les produits d'origine animale, graisses comprises (beurre, crème, saindoux, graisses d'oie et de canard) sont systématiquement éliminés. On ne consomme que des produits végétaux.
Régime végétarien et nutrition
Aucun reproche ne peut être adressé à un régime végétarien quand il est bien conduit, ce qui demande quand même une certaine discipline.
Il apporte suffisamment de protéines grâce aux combinaisons des différentes céréales (de façon à avoir tous les acides aminés essentiels) et à la consommation fréquente de soja (tofu et lait) et d'algues.
Bien riche en glucides et en antioxydants, pauvre en acides gras saturés, il est un excellent facteur de protection contre la panoplie des maladies cardiovasculaires, des cancers, des maladies intestinales, etc.
Aucun risque d'avoir une carence en fer pour cause d'absence de viande (c'est l'aliment qui en apporte le plus sous la forme la mieux absorbée) si l'on prend soin de consommer quotidiennement des agrumes dont la vitamine C en favorise l'absorption, de ne pas se gaver de thé qui a l'effet contraire, et d'ajouter souvent des algues dans son alimentation.
Celles-ci pallient en même temps le manque d'iode dû à l'absence des poissons et des coquillages.
Néanmoins, une alimentation végétarienne n'est pas vraiment indiquée chez les enfants et quand on attend un bébé, les risques d'anémie existent alors.
Régime végétarien, gastronomie et vie sociale
Même si le homard à l'américaine, le lièvre à la royale ou la poularde demi-deuil ne font pas vraiment partie du quotidien, notre gastronomie est axée sur des plats aux origines régionales et séculaires où règnent viandes, volailles et poissons, légumes et/ou céréales tenant le rôle de garniture. Et qui sont ancrés, bien loin dans notre cerveau, apportant du plaisir quand on les déguste mais aussi quand on les cuisine.
Il est évident que l'on en prendra plus en préparant une daube provençale, un bœuf bourguignon, un hochepot flamand, une quiche lorraine plutôt que des galettes de tofu aux flocons d'avoine ou une tarte aux algues !
Côté vie sociale, ça n'est pas encore vraiment évident d'être végétarien, même si les adeptes de ce régime sont de plus en plus nombreux.
On peut se débrouiller dans une réception en ne picorant que des légumes. Mais dans un dîner d'amis où la « bonne chère » traditionnelle est à l’honneur, si on boude le gigot pour ne manger que les flageolets qui l'accompagnent et si ce sont seulement des haricots verts, on risque fort de mourir de faim en sortant de la soirée, faute de suffisamment de glucides !
Dans un restaurant étoilé,Dans un restaurant étoilé ou un bistro, pas de problème : on peut maintenant avoir un plat sans viande ou poisson.
Dans les restaurants d’entreprise, il en va de même.
De plus, les restaurants végétariens se sont multipliés ces dernières années, tant à Paris qu’en province, et cela simplifie beaucoup les sorties.
Et pourquoi pas le régime semi-végétarien ?
En fait, la bonne solution réside dans le compromis :
- consommer moins de viande si on en est un gros mangeur (plus de 150 g par jour),
- oublier les charcuteries pour n'en savourer qu'un petit peu de temps en temps quand on rencontre une spécialité vraiment très bonne,
- garder les poissons au menu deux fois par semaine, et si on les aime,
- e t si on les aime, se régaler parfois de coquillages quand c'est la saison.
Et surtout cuisiner tous les jours des plats de légumes et/ou de légumes secs : la soupe de légumes bien épaisse au dîner doit devenir une institution familiale.
Instaurer cet équilibre alimentaire semi-végétarien ne peut qu'être bénéfique pour toute la famille.
Sources
. http://www.interactioncouncil.org/world-confronts-serious-water-crisis-former-heads-government-and-experts-warn-new-report
. http://www.fao.org/docrep/004/y3557f/y3557f03.htm
. Archives of Internal Medicine, 12 mars 2012
. Red and Processed Meat Consumption and Risk of Incident Coronary Heart Disease, Stroke, and Diabetes Mellitus. A Systematic Review and Meta-Analysis Renata Micha RD, Sarah K. Wallace BA, Dariush Mozaffarian
. http://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/biohaz110407.htm
. http://www.nature.com/nclimate/journal/vaop/ncurrent/full/nclimate1691.html