Ejaculation précoce : le Priligy®, un nouveau médicament

Publié par Marion Garteiser
le 4/11/2013
Maj le
3 minutes
couple having sex, female hand grabbing sheet
Istock
C’est la première molécule officiellement destinée à lutter contre l’éjaculation précoce.
Une nouveauté sur le marché belge, mais qui en a besoin ?

Ejaculation précoce et antidépresseurs

Jusqu’à très récemment, il n’existait aucun produit destiné spécifiquement à lutter contre l’éjaculation précoce, pourtant l’un des troubles sexuels les plus fréquents. Cependant, les médecins se sont rendu compte il y a plusieurs années que certains antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) ont pour effet secondaire de rendre l’éjaculation plus difficile.

Pour la plupart des hommes, c’est un inconvénient parfois grave. Mais pour ceux qui souffrent parce que leurs rapports sexuels sont toujours trop courts, c’est plutôt une solution ! Les urologues ou sexologues prescrivaient donc parfois à leurs patients des antidépresseurs dans le but d’améliorer leur vie sexuelle.

Cette solution n’était cependant pas idéale. Le traitement doit être pris pendant plusieurs semaines pour en ressentir les effets alors que l’éjaculation prématurée peut n’être que temporaire. En plus dans certains cas, la prise d’antidépresseurs entraîne une baisse de la libido qui est évidemment problématique !

Le Priligy®, une nouveauté

Appelé Priligy®, ce médicament est aussi un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (ISRS), mais il supprime ces inconvénients et est donc plus adapté à la lutte contre l’éjaculation précoce. Il est destiné à être pris quelques heures avant le rapport, un peu comme le Viagra, et n’agit pas sur le long terme.

Ce n’est cependant pas une panacée puisqu’il présente aussi ses effets secondaires, parfois sérieux : nausées, diarrhées, maux de tête, insomnies, etc.

Qui doit être traité pour éjaculation précoce ?

Par ailleurs, il faut se demander qui peut bénéficier de ce médicament. En effet, l’éjaculation précoce est un problème difficile à définir.

Pour les urologues, un éjaculateur précoce ne peut rester plus d’une minute (ou quinze allers-retours) en pénétration sans éjaculer. Cette définition a sa valeur, mais on imagine facilement qu’un homme qui ne peut pénétrer sa partenaire pendant plus de deux ou trois minutes peut en souffrir, même s’il ne rentre pas dans les critères… C’est pourquoi les médecins travaillent aujourd’hui avec une idée de l’éjaculation précoce qui prend en compte la possibilité pour l’homme de prendre du plaisir sexuel et d’en donner.

Pour ceux qui n’ont pas cette possibilité parce qu’ils éjaculent trop tôt, ce nouveau médicament est bien sûr une bonne nouvelle. A tempérer cependant… En effet, le médicament en question est très cher. On parle de 7 à 10 euros pour une dose, selon le conditionnement choisi. Par ailleurs, même si le traitement a dû faire la preuve de son efficacité avant d’être mis sur le marché, les études menées après coup montrent que beaucoup de patients l’abandonnent au bout de quelques mois, à cause de son coût et parce que les résultats ne sont pas toujours ceux escomptés.

Mais le plus important est que l’éjaculation précoce est un problème complexe. Ses facteurs sont nombreux, et elle a un impact sur la confiance en soi et la vie de couple. C’est pourquoi sa prise en charge doit aussi être multiple, avec une consultation chez un médecin mais aussi, souvent, une thérapie chez un sexologue. A ces conditions, il est possible de se sortir durablement de l’éjaculation précoce. Un médicament, même s’il est utile, ne constituera pas une solution définitive.

Sources

Conférence de presse IPSOS, 23 octobre 2013

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