L'eczéma atopique, une affection en hausse
L'eczéma atopique, encore appelé eczéma constitutionnel ou dermatite atopique, est une forme particulière de l'eczéma qui touche les nourrissons et les jeunes enfants. Il est lié à une prédisposition génétique à l'allergie à laquelle s'ajoute un déficit en certaines graisses, en particulier de type oméga 3. L'atopie, également à l'origine de l'asthme, du rhume des foins et de la conjonctivite allergique, est très fréquente dans la population puisqu'elle atteint 10 à 15% des personnes et on a constaté que sa fréquence avait doublé en l'espace de 10 ans. L'eczéma atopique touche aujourd'hui environ 20% des enfants en France, contre seulement 5% il y a 30 ans. Pour les spécialistes, cette augmentation spectaculaire s'explique par l'urbanisation et les conditions de vie qui en découlent (habitat, changement des habitudes hygiéno-diététiques, exposition aux polluants...).
L'eczéma est caractérisé par l'existence d'un prurit
Quelque soit l'âge de survenue, l'eczéma se présente, dans sa forme aiguë, comme une inflammation de la peau avec des plaques rouges mal limitées, parsemées de petites vésicules suintantes, et des croûtes transparentes. Il évolue par poussées successives, laissant apparaître une fine desquamation (la peau pèle). La topographie des lésions varie selon l'âge : chez le nourrisson, elles se situent essentiellement au niveau du visage (joues, front, menton, sous les oreilles). Après un an, les plaques d'eczéma concernent plutôt les plis (coudes, genoux). Dans tous les cas, la peau est sèche sur tout le corps. Les démangeaisons ou prurit sont généralement importantes, entraînant fréquemment des lésions de grattage, étant elles-mêmes à l'origine d'une nouvelle éruption, d'où un cercle vicieux qu'il est parfois difficile de rompre. Après des poussées répétées, les zones de peau soumises au grattage peuvent conserver un aspect épaissi, dit "lichénifié", pendant quelques mois. Dans la majorité des cas, l'eczéma atopique guérit avant l'âge de 10 ans. Mais, parfois, il persiste à l'âge adulte ou peut être remplacé par un asthme, une rhinite ou une conjonctivite allergique.
L'eczéma est une maladie bénigne, mais gênante
Des démangeaisons intenses peuvent perturber l'enfant, provoquant des pleurs chez le nourrisson et un sommeil agité. Mais, l'état général reste toujours bon. La principale complication est la surinfection des lésions, essentiellement par le staphylocoque. Les plaques prennent alors un aspect purulent et les croûtes deviennent épaisses, jaunâtres et suintantes : c'est l'impétigo. La surinfection peut aussi, mais moins souvent, être liée au virus herpès ou à des champignons.
Les poussées sont provoquées par des allergènes provenant de l'environnement
Le diagnostic d'eczéma doit toujours être fait par un médecin car les démangeaisons ne signifient pas obligatoirement qu'il s'agisse d'un eczéma et il est nécessaire de s'assurer de la cause des lésions. Dans la majorité des cas, il existe un "terrain atopique" ou allergique, chez le patient ou dans sa famille proche : asthme, rhinite ou conjonctivite allergique, eczéma. Le médecin va également mener une véritable enquête policière pour tenter d'identifier les substances responsables ou "allergènes" : des produits irritants peuvent être en cause, comme la laine, les tissus synthétiques, des savons trop agressifs ; des microbes peuvent également être responsables, bactérie, virus ou champignons ; des substances présentes dans l'environnement du patient, comme les acariens, les pollens, la poussière, les poils d'animaux domestiques. Une mention particulière doit être faite pour les aliments, car l'eczéma d'origine alimentaire est assez fréquent chez le jeune enfant (environ un cas sur trois) : dans 75% des cas, l'aliment en cause est l'œuf, le lait de vache, l'arachide ou cacahuète, la moutarde ou le poisson. Les fruits exotiques (kiwi, letchi, mangues...), très en vogue aujourd'hui, peuvent également être à l'origine d'un eczéma atopique.
Il faut faire la différence avec l'eczéma de contact
Alors que l'eczéma atopique se voit surtout chez l'enfant, l'eczéma dit de contact se rencontre plutôt chez les adultes et de façon bien localisée car il est lié à des contacts répétés de la peau avec une substance sensibilisante. Il s'agit donc également d'une allergie cutanée à un produit qui se comporte comme un allergène et qui est en contact avec la peau quelques jours avant l'apparition de l'éruption. Il s'agit le plus souvent du nickel, présent dans les bijoux fantaisie ou les boutons, des parfums, des produits cosmétiques ou des produits d'entretien. Fait caractéristique, l'eczéma disparaît spontanément si le contact avec l'allergène s'arrête. Le problème essentiel est de retrouver la substance en cause, ce qui n'est pas toujours facile, mais pourtant nécessaire afin de pouvoir s'en protéger. Si besoin, le médecin peut d'ailleurs s'aider de tests cutanés ou patchs tests, collés dans le dos et laissés en place pendant 72 heures : si la substance testée entraîne l'apparition d'un eczéma, le test est positif. Il faudra alors éviter tout contact avec cette substance, ce qui en pratique n'est pas toujours facile, notamment quand le produit responsable fait partie de l'environnement professionnel.
Le traitement de l'eczéma : dédramatiser et expliquer
La "lutte" contre l'eczéma doit être globale, c'est-à-dire lors des poussées, mais également entre les crises et dans l'environnement du patient. Il est indispensable que le patient et/ou ses parents s'il s'agit d'un enfant comprennent bien cette pathologie, les facteurs déclenchants et aussi la façon de traiter. Le traitement des poussées repose essentiellement sur l'application locale de crèmes ou pommades à base de corticoïdes, évidemment toujours sous contrôle médical. Afin d'éviter au maximum les récidives à l'arrêt du traitement, les applications doivent être progressivement espacées, sur quelques jours à quelques semaines, avant d'être arrêtées. Si les corticoïdes ne sont pas appliqués suffisamment longtemps pour traiter complètement la poussée, l'eczéma réapparaît sans laisser de répit, obligeant alors à une application continue à longueur d'année, ce qui est inefficace et non dénué de risques, celui d'atrophie de la peau en particulier. Toute aussi importante est la bonne hydratation de la peau, par des crèmes et des huiles de bain, car la peau sèche démange et est propice aux récidives. Pour la toilette, il est conseillé de n'utiliser que des savons surgras. Les démangeaisons importantes sont bien soulagées par les médicaments antihistaminiques. La surinfection est traitée par l'application d'antiseptiques dilués et si nécessaire par les antibiotiques locaux, appliqués alors en alternance avec les corticoïdes, voire même dans certains cas par des antibiotiques pris par voie orale.
Les règles hygiéno-diététiques sont fondamentales à observer afin de tenter de prévenir les récidives. Elles consistent essentiellement à éliminer tous les irritants potentiels : porter des vêtements de coton sous les vêtements en laine, se protéger les mains en mettant des gants en cas d'exposition au froid, à des détergents ménagers ou professionnels. Il faut éviter d'utiliser des lessives contenant des phosphates et proscrire les assouplissants. L'habitation doit être bien aérée, les acariens éliminés le mieux possible. Il est important d'éviter le tabagisme et si nécessaire le contact avec des animaux à poils (chien, chat). Bien entendu, en cas d'eczéma lié à une allergie alimentaire, il faut éviter l'aliment en cause. Sachez qu'il est possible de vacciner un enfant allergique, en dehors d'une poussée. Contrairement à une idée reçue, il n'est pas interdit de s'exposer au soleil en cas d'eczéma. Au contraire ! Les personnes allergiques sont très souvent améliorées l'été et on a constaté qu'une exposition raisonnable et progressive, après avoir traité la poussée, permettait même de prolonger la rémission.
Enfin et surtout, il faut dédramatiser cette affection car l'eczéma atopique finit par disparaître spontanément au bout de quelques années. Alors, ne désespérez pas et suivez bien le traitement prescrit par votre médecin.