Diabète et Ramadan : comment gérer le jeûne et les excès alimentaires ?

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 15/07/2013
Maj le
4 minutes
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Les diabétiques qui décident de faire le jeûne du Ramadan doivent en parler au préalable à leur médecin afin de gérer en toute sécurité cette période particulière impliquant des modifications du régime alimentaire et du mode de vie. En effet, jeûner toute la journée, du soir au coucher du soleil, puis manger la nuit peut comporter des risques en cas de diabète de type 2. Quelques conseils pour jeûner dans de bonnes conditions.

Un diabétique peut-il faire le Ramadan ?

Pour le patient diabétique, faire le Ramadan est un choix personnel qui dépend de son état de santé et de l’évolution de son diabète. En effet, le Coran prévoit des exceptions au jeûne pour les personnes malades. C’est notamment le cas des diabétiques avec hypoglycémie sévère dans les 3 mois précédant le Ramadan, épisodes d’hypoglycémie fréquents, non-reconnaissance des épisodes d’hypoglycémie, contrôle insuffisant de la glycémie, maladies ou infections associées, et pour lesquels le jeûne prolongé est associé à des risques de complications. En pratique, un diabète déséquilibré ou un traitement compliqué à modifier sont des contre-indications au Ramadan.

Idéalement, le patient diabétique qui décide de faire le Ramadan doit consulter son médecin un à deux mois avant le début du Ramadan afin de limiter les risques du jeûne en adaptant le contrôle de la glycémie et le traitement.

Quels sont les risques du Ramadan chez le diabétique ?

Le principal risque est l’hypoglycémie la journée puisque toute prise d’aliment et de liquide est interdite du lever au coucher du soleil. Ensuite, la surcharge alimentaire la nuit peut entraîner une hyperglycémie pouvant aboutir à un état d’acidocétose, complication grave du diabète.

Les signes de l’hypoglycémie

Confusion, nervosité, irritabilité, transpiration, faiblesse, vertige, maux de tête, faim, somnolence, accélération du rythme cardiaque… En l’absence de traitement d’urgence, l’hypoglycémie peut entraîner une perte de connaissance, des convulsions, des crises d’épilepsie.

Les signes de l’hyperglycémie

Soif intense, maux de tête, fatigue, difficultés de concentration, perte de poids, envie fréquente d’uriner… L’hyperglycémie prolongée peut entraîner une perte de connaissance, voire un coma.

La déshydratation

L’autre risque du jeûne prolongé chez le diabétique est la déshydratation se manifestant par une sècheresse buccale, des crampes musculaires, des nausées, des vomissements, des palpitations cardiaques… La déshydratation augmente aussi le risque d’acidocétose et de thrombose (œdème, douleur, éruption cutanée, démangeaisons et sensation de chaleur à l’endroit où se forme le caillot sanguin). Il est possible de prévenir ces risques en adaptant son traitement en concertation avec son médecin et son mode de vie.

Adapter son traitement

Les traitements du diabète sont potentiellement pourvoyeurs d’hypoglycémie. Certains patients doivent donc adapter leur traitement comme indiqué par leur médecin, en fonction de la période de jeûne et des prises alimentaires : insuline, sulfamides.

Renforcer l’autosurveillance de la glycémie

Au minimum, une mesure de la glycémie s’impose avant chaque repas et deux mesures pendant le jeûne. En cas de glycémie inférieure à 0,70 g/l, il faut rompre le jeûne et se re-sucrer immédiatement, même en l’absence de symptôme d’hypoglycémie. Et chez les patients qui habituellement ressentent peu les hypoglycémies, la surveillance glycémique doit être renforcée.

Équilibrer son alimentation

Après l’abstinence dans la journée, l’alimentation nocturne est beaucoup plus riche qu’habituellement en sucre et en graisses, et pauvre en fibres, expliquant les fréquentes hyperglycémies.

Voici les conseils de l’Association française des diabétiques (AFD) :

  • Idéalement, privilégier un seul repas, en évitant une grosse collation puis un repas parce que l’apport est rapidement très calorique et augmente considérablement la glycémie.
  • À défaut, structurer les prises alimentaires autour de 3 repas en évitant les grignotages.
  • S’hydrater suffisamment et trèsrégulièrement en privilégiant l’eau. Mais la soupe et les tisanes y contribuent également. Attention, le café et le thé sont diurétiques. Les sodas sont à éviter car riches en sucre, tandis que les bulles contribuent aux désordres intestinaux (ballonnements, gaz…).
  • Parmi les plats traditionnels à privilégier : la Harira, les dattes, la semoule, l’orge, les vermicelles, le boulgour, le pain… Et à limiter (aliments riches en graisses saturées) : les Smens, les Sfenj, les fruits oléagineux, les viennoiseries, les pâtisseries orientales, les bricks…

Penser aussi à limiter son activité physique

L’activité physique intense est à éviter afin de limiter le risque de malaise hypoglycémique, particulièrement au moment de l’Ifta, lorsque la glycémie est susceptible d’être basse.

Sources

Association française des diabétiques, dossier Diabète et Ramadan, www.afd.asso.fr.

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