Dermo-cosmétiques : décryptez les étiquettes

Publié par Jessica Xavier
le 23/03/2016
Maj le
5 minutes
portrait de la belle jeune femme debout dans la boutique
Autre
Le magazine Que Choisir dressait dernièrement la liste des actifs à éviter dans nos cosmétiques. Le test ne faisait référence qu’à peu de marques de dermo-cosmétiques. Ces soins spécifiques sont-ils plus sûrs ou font-ils face aux mêmes problématiques ? L’avis de nos deux expertes.

Les dermo-cosmétiques n’ont pas de définition légale. Comme le souligne Christine Cuisiniez, pharmacienne et experte en dermo-cosmétiques naturels, "il s’agit d’un positionnement marketing, il n’existe aucune définition au niveau réglementaire." Le dermo -cosmétique est toutefois généralement défini et reconnu comme "un soin destiné à traiter des peaux pathologiques, sensibles ou allergiques" explique le Dr Nina Roos, dermatologue. Un dermo-cosmétique permet de traiter des problèmes de peau comme la couperose, les rougeurs, les cicatrices.

La composition des dermo-cosmétiques

Au cœur des dermo-cosmétiques, des ingrédients sélectionnés pour leurs propriétés et actions sur la peau mais également de nombreuses substances qui ont pour fonction de rendre la formule stable dans le temps, bien tolérée par la peau, mais aussi plus agréable à l’application.

Dr Nina Roos: "Les formulations doivent répondre à la fois aux exigences des consommateurs et du fabricant tout en répondant à des critères d’innocuité et d’efficacité".

Classiquement, un soin qu’il soit dermo-cosmétique ou non "contient environ 90 % de molécules non actives, explique Christine Cuisiniez. La recette de base d’un cosmétique c’est environ 70 % d’eau, des huiles minérales types paraffines ou silicones pour le côté occlusif, des émulsifiants pour mélanger l’eau et l’huile, des conservateurs, des antioxydants et 2 à 5 % d’actifs." Les dermo-cosmétiques ont la même base de formulation qu’un cosmétique classique à laquelle sont ajoutés des actifs pour traiter le problème de peau ciblé.

Les dermo-cosmétiques censés être plus sûrs

Même si les dermo-cosmétiques sont vendus en pharmacies et parapharmacies et bénéficient d’une imagine plus safe, ils contiennent malgré tout des ingrédients qui prêtent à caution : "Les soins de dermo-cosmétiques contiennent beaucoup de substances qui pourraient faire partie de cette liste comme des Laureth Sulfate (ou Lauryl Sulfate), des parfums, des perturbateurs endocriniens, des nanoparticules" explique le Dr Roos. La dermatologue tient tout de même à tempérer un peu les risques potentiels : "Les dermo-cosmétiques sont censés être moins allergisants et plus sûrs. Ils bénéficient d’un savoir-faire, d’une exigence particulière car ils sont destinés à des peaux pathologiques. Leurs formulations sont réalisées sous contrôle dermatologique avec des tests de tolérance, des contrôles de qualité de haut niveau pour les dermo-cosmétiques réalisés en France. Si on veut une meilleure qualité et moins d’effets secondaires il vaut mieux se tourner vers des marques spécialisées de dermo-cosmétiques."

Pourtant, on retrouve dans ces produits des conservateurs, émulsifiants et autres ingrédients remis en cause. D’après l’étude de Que Choisir, les produits de marques de dermo-cosmétique testés contenaient eux aussi des substances prêtant à caution comme des allergènes, des paraben (propylparaben), des perturbateurs endocriniens (ethylhexyl methoxycinnamate, cyclopensiloxane).

Par ailleurs, le Dr Nina Roos insiste sur l’un des enseignements de cette étude, faire attention aux ingrédients de remplacement : "Il faut être vigilant car par exemple on a tiré à boulet rouge sur le paraben sur lequel on avait 30 ans de recul. Les industriels l’ont retiré pour le remplacer par d’autres actifs qui peuvent eux aussi poser potentiellement problème comme le méthylisothiazolinone qui est un conservateur allergisant."

Les entreprises de cosmétique se veulent rassurantes mais…

A la suite de l’étude de Que Choisir, la FEBEA (Fédération des Entreprises de la Beauté) a publié un communiqué "Halte à l’intox : les produits cosmétiques sont sûrs !"* pour rassurer la population. Pourtant, on ne peut s’empêcher de se poser la question de l’effet cocktail de ces diverses substances, de leur utilisation à long terme et notamment par des peaux déjà lésées.

"Les perturbateurs endocriniens sont comme des hormones qui pénètrent la peau et c’est encore pire sur une peau lésée ou chez les populations à risques comme les bébés, les femmes enceintes," met en garde la pharmacienne Christine Cuisiniez. La dermatologue se veut un peu plus mesurée et rappelle que "globalement selon les dernières études, une peau normale, non irritée ne laisse passer qu’une infime partie des ingrédients cosmétiques." Elle concède toutefois :"les peaux abîmées, qui ont un grand besoin de se crémer, doivent faire plus attention."

Bio et naturel, seules alternatives ?

L’avantage des dermo-cosmétiques bio ou naturels, ce sont des listes d’ingrédients souvent plus courtes, à base d’ingrédients d’origine naturelle ou végétale, des produits plus nobles, non toxiques pour la peau et l’environnement. Toutefois les produits bio ou naturels peuvent aussi être allergisants. Comme le rappelle Christine Cuisiniez "toutes les substances sont potentiellement allergisantes."

Et pour le Dr Roos, "il est difficile de se passer des dermo-cosmétiques conventionnels car certains ingrédients de synthèse peuvent être très bénéfiques pour les peaux sensibles, sujettes à rougeurs, pour traiter de l’eczéma. Mais c’est une bonne chose que les fabricants de dermo-cosmétiques soient challengés sur les formulations pour des formules plus allégées contenant moins de substances controversées comme les nanoparticules." Pour la dermatologue, selon la qualité de sa peau, il faut trouver un certain équilibre entre bio, naturel, conventionnel. "La consommatrice n’a pas d’autre choix que de s’informer," conclut Christine Cuisiniez.

Quid de la DLC ?

Pour limiter les risques d’irritation ou d’allergies il est important de respecter la Date Limite de Consommation d’un dermo-cosmétique. Car une fois la DLC passée, le produit va perdre en stabilité, en efficacité. "Une chimie nouvelle peut se créer et le soin peut devenir irritant, photo-toxique. Il est important de bien respecter ces DLC notamment s’il s’agit d’un pot dans lequel on plonge les doigts," conseille le Dr Roos.

Sources

Entretiens avec le Dr Nina Roos, dermatologue et Fondatrice de www.monsitebeaute.fr

Christine Cuisiniez, pharmacienne-experte en dermo-cosmétique naturelle et fondatrice de la marque Oleassence en Lubéron (www.oleassence.fr)

www.quechoisir.org

http://test-comparatif.quechoisir.org/ingredients-indesirables-167993/

www.quechoisir.org

* www.febea.fr

 

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