Dépister le cancer du côlon avec une simple prise de sang ?

Publié par Dr Philippe Presles
le 31/07/2012
Maj le
4 minutes
extraction de sang closeup
Istock
Beaucoup d’entre nous rebutent à se faire dépister pour le cancer du côlon, les tests proposés (analyse de selle sur plusieurs jours ou coloscopie) n’étant pas très « glamours ».Du coup moins de la moitié d’entre nous font le dépistage, ce qui permet à ce cancer redoutable de tuer plus de 17.000 personnes par an en France… Si vous avez plus de 50 ans et si vous n’arrivez pas à faire votre dépistage du cancer du côlon, sachez qu’il est possible de le faire aujourd’hui avec une simple prise de sang.

Pourquoi le dépistage du cancer du côlon est-il si important ?

Ce qu’il faut bien comprendre avec le cancer du côlon, c’est que s’il est diagnostiqué à un stade très précoce, une simple chirurgie suffit à obtenir une guérison parfaite dans 95 % des cas.

Autrement dit, ce qui compte, c’est de faire des dépistages réguliers à partir de l’âge de 50 ans, sans attendre le moindre symptôme (sang dans les selles ou perturbation anormale du transit intestinal).

Aujourd’hui 4 méthodes de dépistage du cancer du côlon s’offrent à vous et vous pouvez en parler avec votre médecin traitant.

L’Hémoccult 2 pour la recherche de sang dans les selles

L’Hémoccult 2, ou test de recherche de sang dans les selles, est le plus classique. Le principe est de rechercher la présence de sang dans les selles car la tumeur ou les polypes intestinaux ont tendance à saigner régulièrement. C’est ce test qui est proposé systématiquement aux personnes de plus de 50 ans par l’Institut National du Cancer qui leur envoie un courrier pour consulter leur médecin, ou qui leur envoie directement à leur domicile un kit de prélèvement des selles.

Il faut alors prélever soi-même deux échantillons de selle et les déposer sur le kit, et ce à trois reprises sur trois jours. Il suffit ensuite de poster le kit, grâce à l’envelopper T jointe.

Les résultats sont négatifs dans 97 % des cas. Il faut alors refaire le test 2 ans plus tard. Si le test est positif, il faut faire une coloscopie pour comprendre quelle est l’origine du saignement trouvé (cancer du côlon, mais heureusement, il s’agit le plus souvent de causes banales comme des hémorroïdes).

Ce test est aujourd’hui fait par une personne sur dix à une personne sur deux selon les départements. En effet 40 % des gens ignorent la campagne et ne sont probablement pas prêts à se lancer dans une manipulation de selles qu’ils trouvent désagréable.

La coloscopie pour voir directement dans l’intestin

La coloscopie est une méthode beaucoup plus précise, mais beaucoup plus lourde. Il s’agit d’explorer l’intestin avec un fibroscope, un tube très sophistiqué et souple, disposant à son extrémité d’une caméra et d’instruments chirurgicaux. Le gastroentérologue qui pratique l’examen peut voir directement la paroi du côlon et enlever tout polype qu’il pourrait trouver. Ces polypes constituant souvent des petites tumeurs précancéreuses, il a été démontré que leur simple extraction permet de diminuer à elle seule de moitié la mortalité par cancer du côlon.

Les inconvénients de la coloscopie sont qu’il faut préparer l’intestin la veille en prenant une purge qui est vécue généralement comme très désagréable et que le jour même, il faut subir une anesthésie générale. Cette méthode est proposée directement à tous ceux qui présentent des risques familiaux ou personnels de cancers du côlon et chez tous ceux qui présentent des symptômes comme des saignements dans les selles ou des perturbations anormales du transit intestinal.

Le coloscanner ou les progrès de la radiologie

Grâce aux progrès de la radiologie, il est possible de proposer un coloscanner à ceux qui pourraient bénéficier d’une coloscopie, mais ne le peuvent pas pour diverses raisons. Son principal intérêt pour le patient est d’éviter l’anesthésie et de ne durer que 20 minutes. Mais la purge intestinale de la veille doit malgré tout être effectuée, ce qui reste désagréable.

L’avantage de cette technique est que le scanner permet de voir l’ensemble des organes de l’abdomen. L’inconvénient est que si le radiologue trouve un ou plusieurs polypes, il faudra faire une coloscopie pour les extraire.

Le test Septine 9 ou le dépistage par une simple prise de sang

Pour tous ceux que l’analyse de selle rebute, ou encore qui reculent devant la purge intestinale ou l’anesthésie générale, bref pour tous ceux qui ne font pas leur dépistage du cancer du côlon pour diverses raisons, le test Septine 9 peut être intéressant.

Il s’agit d’un tout nouveau test qui recherche dans le sang des gènes produits par le cancer du côlon. Ce test est très sensible et une simple prise de sang suffit. Il s’agit d’une voie d’avenir qui va se développer. On peut en effet prévoir que dans quelques années nombre de cancers se diagnostiqueront par une simple prise de sang.

Si ce test vous semble une bonne solution dans votre cas, sachez qu’il est très nouveau et que peu de médecins le connaissent. Il vous faudra pourtant une prescription médicale pour vous rendre chez le biologiste pour la prise de sang. Autre chose à savoir : le prix est de 95 €, non pris en charge par la Sécurité sociale. Mais pour certains, payer pour éviter des tests trop désagréables pour eux est appréciable… Ce qui compte, quelle que soit la méthode, c’est de dépister le cancer du côlon, et de ne pas se faire piéger bêtement.

Source : Étude multicentrique internationale PRESEPT – Publication en cours, dossier FDA.

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