De la maladie d'Alzheimer à la dénutrition

Alzheimer et dénutrition, une relation intime
Sur les 850.000 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, 30 à 40% ont perdu du poids. Or cette perte de poids consécutive à la dénutrition des personnes malades, favorise la progression de la maladie d'Alzheimer et donc l'entrée en institution, voire la mortalité. La dénutrition augmente aussi le risque de chute, d'infections, de fatigue, de dépression... L'objectif est simple, dépister précocement la dénutrition afin de la prendre en charge. On ne peut pas forcer quelqu'un à manger. En revanche, il existe une complémentation nutritionnelle facile à mettre en place. Pour dépister la dénutrition, on ne peut pas se fier à l'âge ou à la sévérité de la maladie. En effet, si les personnes atteintes de démence sont deux fois plus sujettes à la dénutrition que les autres, l'âge n'est pas un facteur prédictif et ce constat concerne autant les sujets en institution qu'à domicile, et autant les porteurs d'une forme légère de la maladie que d'une forme modérément sévère. Par ailleurs, il arrive aussi souvent que la dénutrition précède les manifestations de la maladie d'Alzheimer.
Tout concourt à la dénutrition ...
Les personnes atteintes d'Alzheimer peuvent même oublier d'avoir faim ! Au début, on ne sait plus faire ses courses, on ne sait plus anticiper les achats nécessaires à la conception d'un repas, puis on ne sait plus éplucher les légumes ou manipuler les instruments de cuisine car progressivement une mauvaise coordination des mouvements gêne les étapes de réalisation des repas, et pour finir, on oublie de manger. A cela s'ajoutent les troubles bucco-dentaires, du goût, de l'odorat et tant d'autres facteurs qui contribuent à diminuer l'appétit.
Les 4 stades évolutifs de la dénutrition
On décrit classiquement 4 stades évolutifs de la dénutrition chez le sujet Alzheimer :
1- La simple aversion à l'alimentation.
2 - Le besoin d'aide pour manger, nécessitant petit à petit la participation active de l'entourage au repas (couper la viande, guider, encourager).
3 - L'impossibilité totale de manger sans aide.
4 - Refus de toute alimentation, refus de mâcher et d'avaler.
Le dépistage de la dénutrition
La Haute autorité de santé recommande le dépistage de la dénutrition chez toutes les personnes âgées : une fois par an par le médecin traitant ou une fois par mois quand la personne est en institution, et à chaque hospitalisation. Chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer, la surveillance devra être plus fréquente et définie au cas par cas, en fonction de l'état clinique et des risques spécifiques.
Le dépistage passe principalement par la surveillance du poids et l'évolution de l'indice de masse corporelle (IMC : poids divisé par la taille, deux fois) :
Dénutrition : Perte de poids supérieure à 5% en 1 mois ou supérieure à 10% en 6 mois. IMC inférieur à 21.
Dénutrition sévère : Perte de poids supérieure à 10% en 1 mois ou supérieure à 15% en 6 mois. IMC inférieur à 18.
Plus le problème de dénutrition sera dépisté tôt, plus la prise en charge sera efficace. Elle repose sur des conseils alimentaires bien sûr, une aide à la prise alimentaire, une alimentation enrichie et une complémentation alimentaire. Cette complémentation est très intéressante car elle offre des dosages adéquats en nutriments (protéines, lipides, glucides), micronutriments et oligoéléments (fer, calcium, vitamines ).