Cigarette électronique : le Parlement européen vote contre les vapoteurs

Le 9 octobre 2013, considérant la cigarette électronique comme une alternative salutaire au tabac, le Parlement européen avait amendé le texte de la directive tabac pour que la e-cigarette soit considérée comme un produit d’usage courant. Son objectif était alors de favoriser au maximum sa diffusion.Ce mercredi 26 février il vient de voter le texte définitif, amendé à son tour par la Commission européenne, qui fait de la cigarette électronique un produit du tabac.Comment expliquer un tel revirement du Parlement ? Comment comprendre une telle inconséquence ?
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Pourquoi l’Europe sacrifie-t-elle la vie de ses fumeurs ?

En tant que tabacologue, je suis très choqué par ce vote. Maintenant que je conseille aux fumeurs d’essayer la cigarette électronique pour arrêter de fumer, il faudra que je les renvoie chez le buraliste ? Maintenant que j’ai pu apprécier le travail de conseil remarquable fait par une majorité de vendeurs dans les boutiques, il me faudra les voir se fermer les unes après les autres ?

On nous dit qu’on manque d’études sur la e-cigarette et qu’il faut la contrôler le plus possible, voire pour certains États l’interdire. C’était le même discours pour bannir les snus suédois en 1992 (sachet de tabac, utilisé sans combustion). Vingt ans plus tard, on dispose des études dont les résultats confirment que les snus représentent une alternative saine au tabac et que c’est bien la combustion du tabac qui est dangereuse :

  • 17 % de fumeurs en Suède contre 33 % en France ;
  • le snus n’est responsable ni d’infarctus, ni de cancer du poumon (1) ;
  • 29 cas de cancer du poumon sur 100.000 habitants en Suède, contre 57 en France (2) ;
  • Enfin, arrêter de fumer ou changer ses cigarettes contre des snus a le même impact positif sur l’augmentation de la durée de vie (3).

Malgré cela le snus restera interdit en Europe dans la nouvelle directive. Pourtant si on avait suivi la Suède en 1992, on aurait pu sauver des millions de vies. Ce n’est donc pas d’études que l’on manque pour sauver les fumeurs, mais de stratégie et de courage afin de réduire de manière drastique le nombre des morts du tabac, soit 700.000 en Europe chaque année.

Le potentiel bridé de la cigarette électronique

Si la question centrale était de sauver les fumeurs, alors la vraie question devenait : comment maximiser la diffusion de la cigarette électronique ? Car partout où elle est facilement accessible la e-cigarette fait reculer ou accélère le recul les ventes de tabac. En Grande-Bretagne, le pourcentage des fumeurs a chuté de 19,3 % à 17,1% en 2013, avec un taux de succès du sevrage tabagique qui a grimpé de 15,8 % à 23,9 % (Chiffres STS 2014). En France, la consommation de tabac a chuté de 6,2 % (et celle de cigarettes de 7,6 %) en 2013 et ce phénomène est bien dû à l’essor de la cigarette électronique, car la variation des prix du tabac cette année-là n’aura été que de 1 % (4).

Enfin, grâce à l’enquête ETINCEL-OFDT (5), nous savons qu’en novembre 2013, 1,5 million de fumeurs ou ex-fumeurs utilisaient quotidiennement une cigarette électronique en France et que parmi eux, 600.000 ne fumaient plus (usage exclusif de la e-cigarette, dont 500.000 ont déclaré avoir réussi à arrêter le tabac grâce à la cigarette électronique) et que 900.000 fumaient moins. Ce phénomène est majeur par son ampleur, car il concerne 10 % des fumeurs en France.

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