Changer tout, changer de vie

Publié par Dr Catherine Feldman
le 27/08/2003
Maj le
3 minutes
Autre
Les vacances offrent le temps nécessaire pour prendre du recul sur le quotidien. Le train roule, de nouveaux paysages défilent… nos pensées aussi. Et si nous changions de vie ? Qui n'en a pas un jour rêvé ? Qu'est-ce qui nous pousse à rêver, puis à changer, ou pas, de vie ?

Troquer son deux pièces en ville, contre une maison à la campagne, quitter femme et enfants pour enfin vivre en plein jour une relation passionnelle, démissionner pour se lancer dans le métier d'art auquel on rêve depuis tout petit, lâcher tout et partir vivre sur un autre continent… Il est rare de ne pas être, un jour ou l'autre, traversé par une envie de changement. Mais cela n'est pas si simple de rompre avec son quotidien, de quitter un environnement relativement sécurisant, même s'il n'est pas toujours pleinement satisfaisant, pour plonger dans l'inconnu.

Changer de vie ? Une question existentielle par nature

Cette question a sans doute existé de tout temps. Mais pour des raisons sociologiques diverses, elle concerne de plus en plus de personnes, qui sont-elles mêmes de plus en plus jeunes. Pour preuve, l'apparition récente dans les kiosques de revues dont la ligne rédactionnelle est centrée sur cette question. Le titre « Changer tout » (une revue qui en est à son huitième numéro) est suffisamment explicite ! Autrefois, on osait à peine se poser la question et de toute façon jamais avant le départ des enfants de la maison ni avant l'heure de la retraite. Aujourd'hui, ce projet est envisagé vers la trentaine, que l'on soit en couple ou en solo, avec ou sans enfants.

Envie de changer sans rien changer... : le risque des regrets

En 2002, un sondage réalisé par l'hebdomadaire l'Express révélait qu'un Français sur sept déplorait de ne pas avoir, un jour, tout quitté pour recommencer sa vie à zéro et un sur deux avait le sentiment d'avoir au cours de sa vie, raté une occasion, laissé passer sa chance sans avoir su la saisir. Coté professionnel, un Français sur cinq estimait avoir le sentiment de s'être trompé de métier et un sur quatre de trop travailler. Et si c'était à refaire ? Côté bouleau, un Français sur deux referait sa vie d'une façon différente. Ainsi, ne rien changer comporte aussi un risque, celui de le regretter.

Envie de changer : changer de vie ou se changer soi-même ?

La question mérite d'être posée... avant de prendre une quelconque décision. Le projet de changer de vie naît le plus souvent d'une insatisfaction affective, professionnelle, sociale, environnementale, etc. Quel est alors le besoin réellement exprimé à travers ce désir ? Est-ce un vrai désir de changer l'un ou tous les pans de sa vie ou plutôt une façon d'exprimer son propre malaise intérieur ? La psychothérapeute Hélène Roubeix*, auteur du livre « A la rencontre de soi : se libérer des rapports de force », estime que le plus souvent « changer de vie » traduit avant tout le besoin de « se retrouver soi-même, dans son authenticité ». Dans ce cas, il vaut mieux avant de prendre des décisions, parfois impulsivement, de faire le point sur soi-même, éventuellement avec l'aide d'un psychothérapeute. Car si le désir de changement de vie est une fuite en avant, la déception et les désillusions risquent d'être au bout du chemin. Clairement, on ne sauve pas son couple et on ne soigne pas ni son insatisfaction professionnelle, ni son mal être existentiel en partant vivre ailleurs ou autrement.

Pour en savoir plus* Hélène Roubeix, auteur du livre « A la rencontre de soi : se libérer des rapports de force » , Anne Carrière, 2000. Commander en ligne : www.alapage.fr

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