Cataracte : un traitement chirurgical de routine

Publié par Dr Sylvie Coulomb
le 26/03/2001
Maj le
5 minutes
portrait du vieil homme prenant des lunettes
Istock
La cataracte est une maladie de l'oeil très fréquente après 60 ans. Liée le plus souvent au vieillissement naturel du cristallin qui s'opacifie, la cataracte se caractérise par une baisse de la vision, avec impression de brouillard devant les yeux. Grâce aux progrès de la microchirurgie et à la mise au point de cristallins artificiels, l'opération de la cataracte est aujourd'hui bénigne, sous anesthésie locale, et ne nécessite pas d'hospitalisation. Elle permet au patient de récupérer très rapidement une vision correcte.

Environ une personne sur deux âgée de plus de 60 ans présente un début de cataracte. Aujourd'hui, cette maladie du cristallin peut bénéficier d'un traitement chirurgical qui donne d'excellents résultats puisqu'il permet de récupérer une acuité visuelle correcte dans plus de 70% des cas. C'est d'ailleurs actuellement une des interventions chirurgicales les plus fréquemment pratiquées en France : environ 600.000 personnes se font opérer chaque année.

A quoi sert le cristallin ?

Situé derrière l'iris, le cristallin est une lentille biconvexe transparente, entourée d'une membrane appelée capsule. C'est un organe particulier puisqu'il n'est ni vascularisé, ni innervé. Son rôle dans la vision est très important car il est responsable de l'accommodation : grâce à sa forme de lentille déformable, il focalise les images sur la rétine. Il permet ainsi de voir net en s'adaptant à l'éloignement des objets.

Quels sont les signes de la cataracte ?

La possibilité de déformation du cristallin diminue avec l'âge. A partir de 45 ans, il se rigidifie et vers 60 ans, il s'opacifie progressivement. En quelques années, l'acuité visuelle diminue et donne une impression de voile ou de brouillard. La sensibilité à la lumière devient anormale, appelée photophobie. Des éblouissements peuvent survenir, au soleil ou lors de la conduite de nuit. La vision des couleurs peut être modifiée, les radiations bleues étant moins bien perçues alors que les rouges sont accentués. La vision peut se dédoubler, on parle alors de diplopie. L'opacification du cristallin touche généralement les deux yeux, même si le degré d'atteinte n'est pas forcément symétrique.

La cataracte a de nombreuses causes

La forme la plus fréquente est de cause inconnue... Elle est la conséquence du vieillissement naturel de l'œil. Elle survient le plus souvent après 50 ans, avec 10% des personnes de moins de 65 ans concernées, 30% entre 65 et 75 ans, 50% entre 75 et 85 ans et 70% des plus de 85 ans.

On distingue d'une part la cataracte corticale, celle qui touche d'abord la périphérie du cristallin : la personne voit à travers un brouillard diffus, qui s'améliore à la lumière vive. La cataracte nucléaire, quant à elle, concerne le noyau du cristallin : elle est plus tardive et entraîne alors une amélioration de la vision le soir.

La cataracte congénitale

La cataracte congénitale, bien que présente dès la naissance, est souvent de découverte tardive lorsque les parents remarquent un comportement visuel anormal de leur enfant. Cette forme de cataracte est héréditaire dans un cas sur quatre, mais elle peut également être d'origine infectieuse, liée à une rubéole par exemple, contractée par la mère au cours du premier trimestre de la grossesse. En fait, très souvent, on ne retrouve pas de cause à la cataracte congénitale, il s'agit alors d'une cataracte idiopathique.

La cataracte peut être une des conséquences d'une autre maladie (diabète, insuffisance rénale, hypertension artérielle…), d’une maladie oculaire (forte myopie, dégénérescence maculaire liée à l'âge ou DMLA, glaucome, uvéite…). Des facteurs nutritionnels (malnutrition, alcool, tabac, excès de triglycérides…) ou environnementaux (exposition aux UV, à des polluants) peuvent aussi favoriser la cataracte. Enfin, une cataracte peut également survenir après un traumatisme de l'œil ou être provoquée par un traitement prolongé avec des corticoïdes.

En quoi consiste le traitement chirurgical ?

Lorsque la cataracte gêne les activités de la vie quotidienne, notamment la conduite automobile, l'intervention est indiquée. Inutile d’attendre davantage. La chirurgie est le seul traitement possible de la cataracte.

Elle consiste à remplacer le cristallin opacifié par un cristallin artificiel ou implant, souple et transparent. Grâce aux progrès de la microchirurgie, il s'agit aujourd'hui d'une opération bénigne, qui ne nécessite pas d'hospitalisation (en ambulatoire) et qui est réalisée sous anesthésie locale (application d’un collyre anesthésiant ou petite injection au coin de l’œil).

L'opération, qui est indolore, dure moins d’une demi-heure et fait appel le plus souvent à la technique de « phacoémulsification » (technique aux ultrasons), et parfois au laser : après une incision minime de la cornée d’1 à 2 millimètres, une petite sonde à ultrasons est introduite afin de détruire le cristallin. Les fragments sont ensuite aspirés et on place alors l'implant (une lentille intraoculaire souple et pliable), introduit dans la capsule du cristallin à travers la petite incision.

L'implant a une puissance déterminée, permettant de voir de loin sans lunettes. Aujourd’hui, au lieu d’un implant monofocal, on peut aussi insérer dans certains cas des implants progressifs multifocaux qui permettent de s’affranchir totalement de lunettes et donc de bien voir à la fois de loin et de près.

D'autres techniques opératoires peuvent être utilisées, leur choix dépendant de l'âge du patient, de la forme du cristallin et du stade de la cataracte. Selon le cas, l’implant peut corriger la myopie, l’hypermétropie, l’astigmatisme et la presbytie.

Cette chirurgie de la cataracte peut être en partie remboursée par la Sécurité sociale.

Le patient retrouve une vision correcte très rapidement et peut alors reprendre une activité normale. Des collyres antibiotiques et anti-inflammatoires sont prescrits pendant quelques semaines. Un bilan ophtalmologique doit être effectué trois semaines à un mois après l'intervention afin de prescrire des verres (lunettes ou lentilles) adaptés à la nouvelle vision du patient.

Autrefois on n'opérait qu'un œil à la fois, en observant un délai de quelques semaines pour traiter l'autre œil. Mais aujourd’hui, de plus en plus d’équipes opèrent les deux yeux en même temps.

Sources

Ophtalmologie. H. Saraux. Masson Abrégés. Décision en ophtalmologie. H .Hamard. Vigot Précis d'ophtalmologie.Y. Pouliquen. Masson Abrégés.

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