Cancer du poumon : quand le radon s'invite à domicile...

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 28/05/2007
Maj le
4 minutes
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Le radon est un gaz radioactif naturel responsable de 9% des décès annuels par cancer du poumon en Europe. Ce cancérigène tue des mineurs depuis des siècles. Or il est également présent dans nos habitations, où, même à faibles doses, il se révèle particulièrement dangereux.

Le radon est un cancérigène

Pour la population française, l'exposition au radon constitue une des premières sources d'exposition aux rayonnements ionisants. Le radon est un gaz radioactif d'origine naturelle qui se concentre dans les habitats mal ventilés. Et nous passons 90 % de notre vie dans les bâtiments, dont 70% à domicile. Or le radon est un cancérigène pulmonaire. Il représente la 2e cause de cancer du poumon. Même s'il se situe loin derrière le tabac, le radon serait responsable d'environ 9 % des décès par cancer du poumon en Europe. En France, le nombre annuel de décès par cancer du poumon qui serait attribuable à l'exposition domestique au radon varierait de 1.234 à 2.913, soit 5 à 12% des 25.134 décès par cancer du poumon en France.

De faibles doses de radon suffisent...

Selon une des analyses recensées dans un article publié dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le risque de cancer du poumon augmente de 8,4% pour chaque accroissement de 100 Bq/m3 de la concentration en radon mesuré, ce qui correspond après ajustement à une augmentation de 16%. Or dans les habitations des personnes atteintes d'un cancer, la concentration moyenne de radon est de 104 Bq/m3 contre 97 Bq/m3 dans le groupe témoin. Ainsi, la plupart des décès sont attribuables à des expositions bien inférieures à 200 Bq/m3 : 47% surviennent parmi 76% des Français qui sont exposés à des concentrations comprises en 0 et 99 Bq/m3, 27% parmi les 9% exposées à plus de 200 Bq/m3. Si l'on répartit les sujets en différents groupes selon les concentrations en radon auxquelles ils sont exposés, on découvre une relation linéaire entre le risque de cancer et la dose cumulée. En d'autres termes, il n'existe pas de seuil de dangerosité. Le risque est quasiment le même pour des concentrations comprises entre 100 et 200 Bq/m3 et pour les concentrations inférieures à 100 Bq/m3. En France, l'exposition moyenne est de 90 Bq/m3, avec des concentrations plus faibles en zones urbaines qu'en zones rurales. Certains départements ont été classés à fort potentiel de radon. C'est notamment le cas de la Bretagne et de la Corse où le radon serait responsable de 20% des décès annuels par cancer du poumon. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) propose sur son site de télécharger l'atlas radon, indiquant les mesures de la radioactivité naturelle dans les départements français : www.irsn.org.A noter que le tabagisme est un puissant co-facteur de risque, d'autant plus qu'il est omniprésent.

Mesures de protection contre le radon

L'impact de l'exposition au radon sur la santé de la population nécessite la mise en place d'actions politiques. L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a élaboré un plan d'actions interministériel 2005-2008 destiné à coordonner les actions des différents organismes nationaux engagés dans ce domaine. Il est organisé autour de 3 axes : - construire une nouvelle politique pour la gestion du risque lié au radon dans l'habitat existant et les constructions neuves ; - accompagner et contrôler la mise en oeuvre de la réglementation pour la gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public ; - améliorer et diffuser les connaissances sur les expositions et le risque lié au radon.Il faut savoir que les expositions peuvent être nettement diminuées dans les foyers par des moyens souvent simples :

  • Amélioration du niveau d'aération.
  • Ventilation sous les planchers.
  • Installation de barrière antiradon.
  • Etanchéité des sols.
  • Boucher les fissures.
  • Eviter les matériaux poreux.
  • Pour les maisons neuves : construction en surpression avec ventilation double flux et réseau de puisards connectés à un extracteur visant à pomper le radon venu du sous-sol vers l'extérieur. A noter qu'il existe des appareils permettant de mesurer la concentration en radon de son appartement. Ce sont des "dosimètres" que l'on peut se procurer auprès de l'une des sociétés qui les commercialise (Algade, Dosirad, Saphymo). On peut également faire appel à un professionnel.

Sources

Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), n°18-19, 15 mai 2007.

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