Cancer de la prostate : après 75 ans, doit-on dépister et traiter le cancer de la prostate ?

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 6/06/2006
Maj le
4 minutes
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Tous les hommes sont menacés par le cancer de la prostate. C'est pourquoi le dépistage du cancer de la prostate est recommandé à partir de 50 ans. Qu'en est-il du dépistagedu cancer de la prostate tout comme du traitement, chez les sujets âgés de plus de 75 ans ? En effet, il existe des situations, où ne rien faire d'autre que surveiller est préférable à l'inquiétude et aux traitements.

Dépistage du cancer de la prostate... jusqu'à 75 ans

En l'absence de campagne nationale de dépistage systématique de masse, l'Association française d'urologie recommande aux hommes un dépistage individuel du cancer de la prostate à partir de 50 ans. Celui-ci comprend un toucher rectal, associé à un dosage de PSA (antigène prostatique spécifique). En cas de risque accru de cancer de la prostate, c'est-à-dire en cas d'antécédents familiaux et d'origine africaine ou antillaise, il est conseillé de débuter le dépistage plus précocement, soit à partir de 45 ans.

En revanche, le dépistage du cancer de la prostate n'est pas recommandé au-delà de 75 ans. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'espérance de vie diminue tandis qu'un cancer met plus d'une dizaine d'années à se développer et à devenir dangereux pour la vie du malade. Il est donc préférable de ne pas inquiéter inutilement les sujets âgés en leur proposant des examens et le cas échéant en leur annonçant un cancer qui ne changera probablement en rien le décours de leur vie.

Traitement du cancer de la prostate... jusqu'à 75 ans ?

À côté de ce souci de déterminer jusqu'à quel moment le dépistage est bénéfique, on peut aussi se demander jusqu'à quel âge on peut mettre en oeuvre un traitement du cancer de la prostate lorsque celui-ci a été dépisté à un âge avancé. Concernant cette question, les avis ne sont pas aussi bien arrêtés.En effet, lorsqu'un cancer localisé de la prostate a été détecté, pour une raison ou pour une autre, chez une personne de plus de 75 ans, deux attitudes thérapeutiques se présentent : l'une consiste à entreprendre un traitement (ablation chirurgicale de la prostate), l'autre à mettre en place une surveillance de la tumeur localisée, laquelle n'est pas nécessairement menaçante.

Bien entendu, nous parlons ici de tumeur localisée, qui ne met pas le pronostic vital en jeu à court terme. Inversement, lorsque la tumeur est détectée à stade avancé, le traitement est privilégié s'il permet d'augmenter l'espérance de vie.

Le traitement du cancer de la prostate est agressif et implique des effets secondaires importants

Rappelons que le traitement de référence consiste en une ablation chirurgicale de la prostate. Cette intervention lourde et agressive comporte des effets secondaires non négligeables, dont des troubles de l'érection et un risque d'incontinence urinaire, d'autant plus difficiles à atténuer par la rééducation et la kinésithérapie que le sujet est âgé.

La décision dépend de l'espérance de vie

Globalement, la décision de traiter un cancer de la prostate repose sur l'espérance de vie du malade. Sachant qu'il s'écoule 10 à 15 ans entre le moment où le cancer de la prostate se développe et risque de tuer le malade, le seuil de 10 ans d'espérance de vie est généralement retenu. Ainsi, au-delà de 10 ans d'espérance de vie, le traitement est proposé, tandis qu'en dessous, la surveillance est privilégiée. Et au-delà de 70 ans, les professionnels s'accordent à proposer la radiothérapie en alternative à la chirurgie.

Et la qualité de vie ?

Certes, le nombre d'années restant à vivre doit être considéré, mais l'impact sur la qualité de vie du malade est aussi primordial. C'est en s'intéressant à cet aspect précis qu'une étude récente apporte des données particulièrement intéressantes.Le risque de décès liés au cancer et la qualité de vie ont été analysés chez près de 500 hommes âgés de 75 à 84 ans, atteints d'un cancer localisé de la prostate. Certains ont bénéficié d'un traitement chirurgical ou d'une radiothérapie, tandis que les autres n'ont fait l'objet que d'une surveillance.

Deux ans plus tard, les sujets traités présentaient beaucoup plus de fuites urinaires quotidiennes, avec une gêne occasionnée cinq fois plus élevée. Il en était de même pour les troubles sexuels. Ces mêmes sujets traités avaient en revanche un risque de mortalité liée au cancer de la prostate plus faible que les malades non traités. Mais cette différence est faible puisque 80% des décès étaient liés à d'autres causes que le cancer de la prostate. En conclusion, oui les traitements (chirurgie ou radiothérapie) diminuent (un peu) le risque de mourir du cancer de la prostate, mais leur agressivité est telle qu'ils diminuent considérablement la qualité de vie des sujets âgés.

Il convient donc d'en avertir les malades, afin que la décision leur appartienne en pleine connaissance de cause. Le malade doit être clairement informé et la décision lui appartient.

Sources

Hoffman R.M. et coll., Am. J. Med., 119: 418-25, 2006.

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