Boules de geisha : mode d'emploi

D'où viennent-elles ?

Avec leur nom poétique, les boules de geisha évoquent l'art pratiqué par ces dames de compagnie qui font l'histoire du Japon. Elles sont, en réalité, originaires d'Asie du Sud-est où elles étaient utilisées par les travailleuses du sexe.

"On parle des geishas parce qu'elles les mettaient dans leur vagin afin de tonifier leur périnée et d'accroître le plaisir de l'homme au moment de la pénétration", indique le Dr Hélène Jacquemin. C'est ce qui explique une réputation longtemps négative.

On utilise le pluriel pour une bonne raison : deux boules, reliées par un fil, sont insérées dans le vagin. Traditionnellement, elles représentent l'équilibre entre le yin et le yang. "Ces perles vaginales étaient destinées au travail de l'énergie sexuelle, souligne Sophie Frignet. C'est le fantasme des Occidentaux qui en a fait un sextoy."

Pour le plaisir de monsieur

"On avait coutume de dire, à une époque, que les femmes asiatiques font l'amour avec leur vagin et les occidentales avec leur bassin", résume le Dr Bernadette de Gasquet. Une réputation qui pourrait s'expliquer, en partie, par le recours à ces accessoires intimes.

Pour ces messieurs, un périnée plus tonique peut accentuer les sensations lors de la pénétration. Mais si les boules de geisha portent le nom de jouet sexuel, ça n'est pas si évident que cela.

"Les perles vaginales ne font pas ressentir de plaisir par elles-mêmes, précise Sophie Frignet. Elles y font écho, elles peuvent l'accentuer mais ce n'est pas leur but d'origine." Pour cette sage-femme, l'excitation est plus le reflet d'un fantasme. Un effet psychologique qui permet de pimenter sa vie de couple.

Comment améliorer ses sensations

Du côté des femmes, en revanche, pas de miracle : les boules de geisha ne mèneront pas au septième ciel. "Les porter permet une hyper-vascularisation, une excitation mécanique qui aide à lubrifier, admet Sophie Frignet. Certaines femmes disent que cela leur donne envie de faire l'amour, mais ce n'est pas systématique", ajoute-t-elle.

Un périnée plus tonique peut accroître l'intensité de l'orgasme. Mais pour cela, un rapport sexuel satisfaisant est nécessaire. "Les utiliser dans le cadre de la masturbation peut être intéressant, car les perles amplifient le plaisir. Elles aident à mieux prendre conscience de son corps", indique la sage-femme.

En somme, les perles vaginales ne se suffisent pas à elles-mêmes. Ce discours est appuyé par le Dr Bernadette de Gasquet : "Les boules de geisha affinent les sensations intérieures, elles aident à avoir une connaissance plus profonde de soi". Une étape importante pour s'épanouir sans honte dans sa sexualité.

La fondatrice de l'Institut de Gasquet y voit même la possibilité d'une éducation sexuelle. "Les perles vaginales peuvent être utilisées en cas de difficultés liées à la pénétration, indique-t-elle. La femme apprend à les mettre seule, progressivement. C'est une façon de s'approprier son creux vaginal. Cela facilitera la détente au moment de la pénétration."

Dans le secret du couple, ces jouets coquins peuvent aussi alimenter les fantasmes. Toutes les pratiques sont alors permises pour les exprimer, à deux exceptions : les boules de geisha ne doivent pas être insérées dans l'anus et les fils ne doivent pas être tirés trop brutalement, sous peine d'abîmer le périnée.

Rendre son périnée plus tonique

Mais aujourd'hui, les boules de geisha ne limitent plus au rayon des accessoires coquins. Elles sont aussi un accessoire de rééducation et d'entretien du périnée. Cet ensemble de muscles constitue une sorte de hamac qui retient l'anus, le vagin mais aussi l'urètre. Insérées dans notre intimité, ces perles entraînent ces muscles qui peuvent avoir tendance à se relâcher.

"On ne peut pas faire cette rééducation seule", avertit toutefois le Dr Hélène Jacquemin. En effet, des contre-indications existent. "Il faut faire un bilan de la statique périnéale, pour vérifier qu'il n'y a pas de descente d'organes, notamment", indique la gynécologue. Les boules de geisha servent davantage à entretenir ses parties intimes.

Même dans cet usage, quelques précautions sont à prendre. Bernadette de Gasquet préconise de recevoir quelques leçons auprès d'une personne formée, qui enseignera les bonnes habitudes. "Contracter le muscle à tout prix pour retenir les boules de geisha est une erreur, estime-t-elle. Il ne faut pas de poids sur le périnée."

Médecin et professeur de yoga, le Dr de Gasquet suggère quelques exercices simples. "En levant la tête ou les jambes, en faisant des abdominaux, les boules de geisha ne sont pas censées sortir, explique-t-elle. Si c'est le cas, cela signifie qu'on a tendance à pousser les organes vers le bas." Une rééducation peut alors aider à utiliser ses muscles à bon escient.

L'important, c'est aussi de les porter dans des situations variées, afin de vraiment tonifier le périnée. "Le mieux c'est de les utiliser quand on est debout, en passant l'aspirateur par exemple", conseille le Dr Hélène Jacquemin.

Comment bien les utiliser

Forte de son expérience, Sophie Frignet "recommande particulièrement les perles vaginales proches des modèles traditionnels" pour un usage en rééducation. "La longueur entre les boules peut être réglée et trois poids différents existent, explique-t-elle. Plusieurs combinaisons sont donc possibles, en fonction des besoins de chaque femme."

Pour des raisons d'hygiène, laver les perles vaginales à chaque usage est indispensable. L'eau et le savon sont à préférer à des solutions plus décapantes. Le talc est aussi à éviter. "On ne les utilise pas en période d'infection ou en cas de pertes anormales, insiste Hélène Jacquemin."

Au moment de l'insertion, il est essentiel d'être à l'écoute de son corps. "Le passage de la vulve et du vestibule peut être un peu fragile, concède la gynécologue. En poussant comme si on allait à la selle, on le facilite." Le recours à un lubrifiant peut aussi aider.