Après un pontage, la dépression est un facteur

La dépression assombrit le pronostic de la plupart des maladies. Une étude, portant sur les suites du pontage aorto-coronaire, montre que souffrir d'une dépression multiplie par deux le risque de décès…

Il existe sans conteste une relation entre dépression et mortalité. Ce lien est vraisemblable pour toutes les pathologies, la dépression obscurcissant le pronostic. La maladie coronaire n'y échappe pas, à tous les stades de la maladie. Et dans les suites d'un pontage aorto-coronaire, elle augmente la fréquence des évènements cardiaques préoccupants.Une nouvelle étude, irréprochable par sa méthodologie, vient d'en apporter la preuve. Celle-ci a porté sur une population de 817 patients ayant subi un pontage aorto-coronaire entre mai 1989 et mai 2001. L'intensité des symptômes dépressifs spécifiques a été déterminée à deux moment distincts, avant et six mois après l'intervention.

Après un suivi ayant duré jusqu'à douze mois dans certains cas (et cinq ans en moyenne), les auteurs ont enregistré 112 décès. A 6 mois, 310 patients, soit 38% des participants, souffraient d'une dépression, soit légère (26% d'entre eux), soit modérée à sévère (12%). Après ajustement des différentes variables (âge, sexe, nombre de greffons, tabagisme, diabète, antécédents d'infarctus du myocarde…), les courbes de survie démontrent que la mortalité est directement associée aux troubles dépressifs. Comparativement aux sujets indemnes de dépression, les personnes atteintes de dépression modérée à sévère avant l'opération présentent un risque de décès plus élevé, estimé à 2,4.Cet excès de risque se retrouve également chez les patients souffrant initialement de dépression légère, à condition que les symptômes dépressifs persistent au 6e mois après l'intervention. Dans ces conditions, le risque est estimé à 2,2.

En conclusion, la dépression est capable d'augmenter significativement la mortalité après un pontage aorto-coronaire. Et ceci, même en cas de dépression légère, si l'affection tend à perdurer.

La dépression représente donc un facteur de risque de mortalité à part entière. Elle doit faire partie intégrante du traitement de la maladie coronaire. De leur côté, les patients ne doivent pas négliger la manifestation de signes dépressifs, et en parler à leur médecin avant toute intervention.

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Source : Blumenthal J.A. et coll., The Lancet, 362 : 604-609, 2005.