6 effets que peut avoir la cortisone sur votre peau

Vergetures, peau sèche, trop fine…
La cortisone a une action anti-inflammatoire très utile. Mais ce même mécanisme a tendance à atrophier la peau dans certaines conditions. "Si vous en mettez un demi-tube par jour, vous aurez des vergetures assez rapidement", avertit le Dr Oliveres Ghouti. Il est donc important de respecter les doses prescrites par le médecin à la lettre.
L'utilisation prolongée de la cortisone n'épargne pas non plus la peau, mais elle peut s'avérer nécessaire. Dans les maladies rhumatologiques, par exemple, ce médicament est souvent la meilleure solution disponible.
Mais "les patient·e·s sous corticoïdes oraux depuis des années ont une peau qui souffre, confirme la dermatologue. Elle est amincie, comme du papier à cigarette; des plaques violacées se forment au moindre contact." C'est le purpura de Bateman, un effet secondaire bien connu de la cortisone.
Elle favorise les infections cutanées
Outre son effet anti-inflammatoire, la cortisone est un immunosuppresseur – c'est-à-dire qu'elle diminue les défenses naturelles. "Elle limite la cicatrisation et favorise les infections", indique le Dr Oliveres Ghouti.
Le médicament est donc à éviter en cas de plaie présentant des signes d'infection. "En cas d'eczéma surinfecté, on vous donnera un antiseptique local et des antibiotiques par la bouche, et ensuite seulement un corticoïde", illustre la spécialiste.
Là encore l'automédication peut compliquer sérieusement les symptômes dont souffre un individu. Aux yeux du néophyte, les boutons d'herpès peuvent être confondus avec d'autres pathologies cutanées. "Si vous appliquez de la cortisone, elle va répandre le virus", rappelle Catherine Oliveres Ghouti.
La peau se décolore
Le phénomène est bien connu des personnes qui souhaitent éclaircir leur peau foncée : la cortisone a un effet décolorant. Et cela vaut aussi pour les patient·e·s qui l'utilisent à des fins thérapeutiques.
"Elle agit sur les mélanocytes (cellules qui pigmentent la peau) et détruit les grains de mélanine, explique le Dr Oliveres Ghouti. Mais hormis les cas d'abus et les produits contrefaits, le risque est faible." En respectant la prescription du dermatologue, la probabilité de voir sa peau s'éclaircir à l'excès est donc mince.
Plus de poils que d'habitude
Avant d'être un médicament, la cortisone est surtout une hormone naturelle stéroïde. Elle a ce qu'on appelle une "activité androgénique", c'est-à-dire qu'elle favorise le développement des hormones masculines… et l'apparition des caractères physiques secondaires associés.
Ainsi, la cortisone peut stimuler les follicules pilosébacés, responsables de la croissance des poils. "Je préviens souvent mes patients que, s'ils abusent de la cortisone, ils risquent d'avoir des poils sur le visage", confirme le Dr Oliveres Ghouti. Ils peuvent aussi être plus drus ou plus concentrés qu'à l'ordinaire. Bien sûr, cet effet secondaire dépend des doses utilisées… mais l'argument est imparable pour éviter les détournements !
L'arrêt du traitement peut être nécessaire. Il faut alors s'armer de patience. "Pendant 15 jours, ce sera pénible mais il faut tenir le coup, avertit la dermatologue. Mettre des corticoïdes, c'est reculer pour mieux sauter."
Des poussées d'acné
Appliquée avec un peu trop d'enthousiasme, la cortisone peut aussi faire apparaître de disgracieux boutons. "Ces acnés induites ressemblent plus à des rosacées pustuleuses", souligne Catherine Oliveres Ghouti. Selon la dermatologue, ces effets secondaires sont rares. "On voit ce genre de cas une fois par an", estime-t-elle.
Il est possible d'éviter de telles éruptions cutanées en n'appliquant pas de cortisone sur le visage. Mais respecter la posologie est aussi crucial. "Le plus souvent ces gens sont intoxiqués par des crèmes qu'ils utilisent tous les jours", souligne la dermatologue. Et le parcours pour s'en débarrasser est long. "Quatre à cinq mois d'antibiotiques sont nécessaires pour en sortir", précise le Dr Oliveres Ghouti.
Une maladie qui s'aggrave
Utilisée à mauvais escient, la cortisone peut provoquer l'inverse de l'effet attendu : elle aggrave la maladie de peau dont vous souffrez. C'est le cas pour la rosacée, l'impétigo ou encore l'acné.
"Il arrive que des médecins la prescrivent, mais pas sous la forme adaptée ou alors à un dosage insuffisant", prévient Catherine Oliveres Ghouti. Il est alors important de reprendre un rendez-vous afin de changer le traitement.
Les conseils pour un bon usage
La cortisone est un médicament très efficace mais aussi très puissant. L'utiliser à bon escient, en respectant à la lettre les consignes du médecin, est donc la clé pour en limiter les effets secondaires.
Une petite quantité de cortisone suffit généralement à obtenir les effets attendus, souligne la dermatologue. Or, "il n'y a généralement pas de problème avec les doses prescrites par les dermatologues", affirme le Dr Oliveres Ghouti.
Une goutte de la taille d'un petit pois, celle qui sort du tube quand on le presse, suffit à traiter une zone (pli du coude ou du genou, avant-bras). "Etant donné qu'il y a un effet réservoir sur 24 heures, on n'en met qu'une fois par jour", ajoute-t-elle.
Sources
Manifestations cutanées, cortisone-info.fr
Définition de la cortisone, dermato-info.fr
Hydrocortisone : skin creams for face, body and scalp, NHS