Naître par césarienne rend plus vulnérable à l’inflammation à l’âge adulte

En France, l’accouchement par césarienne concerne 20 % des naissances. Naître par césarienne perturberait le développement du microbiote intestinal du nouveau-né, le rendant plus sensible aux inflammations intestinales à l’âge adulte, selon une étude de chercheurs de l’Inrae.
© Istock

Près d’une femme sur cinq donne naissance à son enfant par césarienne en France. Cette intervention chirurgicale est une technique courante qui consiste à inciser l’abdomen puis l’utérus de la mère. Cet acte chirurgical est réalisé lorsque les conditions, chez la mère ou chez l’enfant, ne sont pas réunies pour un accouchement par les voies naturelles, rappelle la Haute Autorité de Santé.

S’il n’est pas rare, l’accouchement par césarienne n’en est pas moins anodin, ni pour la mère, ni pour le nouveau-né. Pour les femmes, outre le risque de saignements importants juste après la césarienne, certaines complications bénignes peuvent survenir comme un hématome ou un abcès au niveau de la cicatrice. Les mères peuvent également être sujettes à des infections urinaires sans gravité, les jours suivant la césarienne.  

Césarienne : elle perturbe le transfert du microbiote de la mère à l’enfant

Chez le bébé, il a été montré que la césarienne perturbe la bonne transmission du microbiote de la mère à l’enfant, qui se fait naturellement par voie basse. Ces perturbations ne seraient pas sans effet sur le développement du système immunitaire, prédisposant l’enfant aux allergies, à l’obésité et à l’inflammation intestinale. Une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae), en collaboration avec l’université Paris-Saclay, s’est attelée à décrypter dans une étude le mécanisme à l’œuvre dans ce chamboulement de la barrière du microbiote intestinal. Ils expliquent en quoi ces perturbations, liées à la naissance par césarienne, exposent à un risque accru d'inflammation intestinale à l’âge adulte.

Les chercheurs de l’Inrae ont réalisé leurs travaux en étudiant des souris nées par césarienne. Ces souriceaux présentaient un microbiote très diversifié les premiers jours de leur vie. Mais c’est justement cette stimulation excessive de l’intestin qui induit une modification de la structure de la muqueuse et une réaction inflammatoire, ont découvert les scientifiques. Une perturbation des cellules qui produisent le mucus (une substance qui remplit une fonction de défense du corps au niveau de l’intestin) seraient à l’origine de cette sensibilité aux inflammations, précisent les chercheurs dans un communiqué. "Ces altérations précoces de microbiote perturbent donc le développement de l’intestin, ce qui pourrait expliquer la sensibilité excessive à l’inflammation à l’âge adulte", détaillent les chercheurs de l’Inrae.

Une supplémentation en lactobacilles pour inverser le processus

Comment inverser ce phénomène ? Les chercheurs ont découvert une piste prometteuse dans l’administration de lactobacilles aux souriceaux nouveaux-nés. Ces bactéries, présentes naturellement dans le microbiote intestinal (et qu’on retrouve dans l’alimentation, dans certains aliments fermentés contenant des probiotiques) contribuent à son équilibre. Au cours de l’expérience, les chercheurs ont noté que la supplémentation des souriceaux en lactobacilles a réussi à inverser la sensibilité à l’inflammation

Les résultats de l’étude sont parus dans la revue Microbiome le 3 juillet 2023.

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