Les interactions médicamenteuses, des risques à ne pas négliger…

Arrivés dans la pharmacopée des oncologues depuis une dizaine d’années, les inhibiteurs de tyrosine kinase sont des molécules dont l’usage doit être bien encadré pour optimiser leur efficacité et limiter leur toxicité.
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Interactions médicamenteuses avec les inhibiteurs de tyrosine kinase

Publié dans la revue de renom “The Lancet Oncology”, un récent article propose une synthèse des connaissances relatives aux interactions médicamenteuses qui peuvent survenir avec la prise orale des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK).

Cette classe de médicaments, qui a émergé dans le champ de la cancérologie il y a une dizaine d’années avec l’imatinib (Glivec®), regroupe des molécules qui bloquent spécifiquement l’activité de récepteurs d’enzymes qui sont anormalement activés dans les cellules cancéreuses. Ces thérapies ciblées, aussi sophistiquées soient-elles, s’avèrent être sensibles à un certain nombre de paramètres physiologiques parfois modifiés par d’autres médicaments. La cohabitation entre médicaments est alors contre-productive, voire toxique…

Quelques exemples d’interactions médicamenteuses

Plusieurs types d’interactions sont montrés du doigt :

  • La première joue sur la capacité de l’organisme à absorber les ITK.

    Lorsqu’ils sont ingérés, les ITK transitent par l’estomac. Là, l’acidité du milieu tend à les maintenir sous une forme chimique qui les rend solubles, facilement assimilables dans le sang et donc disponibles. Si des médicaments, des antiacides par exemple, viennent à réduire l’acidité de l’estomac, les ITK sont sous une forme moins soluble et sont donc moins disponibles.

  • Le second exemple : les ITK doivent être modifiés par une enzyme naturellement présente dans l’organisme - le cytochrome P450 - pour être actifs.

    Or il existe un certain nombre de médicaments dont le rôle est de moduler le niveau d’activité de ce cytochrome… La conséquence d’une interaction entre ces médicaments et les ITK peut être une variation importante du taux sanguin des ITK, induisant une toxicité importante ou bien une baisse critique qui nécessite d’augmenter, parfois beaucoup, les doses d’ITK.

Les auteurs de cette revue de la littérature scientifique rappellent ainsi que la prescription de ces thérapies ciblées devrait impérativement être assortie d’un accompagnement personnalisé des patients. Leurs résultats montrent en effet une multitude de nuances, les 15 ITK passés en revue n’ayant pas tous les mêmes réactions face aux différents médicaments, loin de là.

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Source : Vvan Leuuwen, R.W.F. et al; Drug–drug interactions with tyrosine-kinase inhibitors: a clinical perspective; The Lancet oncology; Juillet 2014.
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