Les femmes plus vulnérables aux effets de l’alcool que les hommes

Plus vulnérables aux effets de l’alcool que l’homme, les femmes en paient le prix fort alors même qu’elles sont plus susceptibles de développer un sentiment de honte ou de culpabilité qui les empêche de demander de l’aide. Hommes ou femmes, quelles différences vis-à-vis de l'alcool ?
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Les effets de l’alcool plus forts chez la femme

1,5 à 2 millions de personnes sont dépendantes à l’alcool en France et les femmes comptent pour un tiers à un quart environ. Globalement, la consommation d’alcool (éthanol) à risque est deux à trois fois moins fréquente chez les femmes que chez les hommes. Pour autant, celles-ci réagissent plus vite et plus intensément aux effets de l'alcool.

Parce que le poids et la corpulence (poids/taille) jouent sur la vitesse d’alcoolisation, elles sont en moyenne 20 à 30 % plus saoules que les hommes pour une même quantité d'alcool. Néanmoins, il n’y a pas de différences concernant l’effet psychotrope/psychologique de l’alcool (euphorie et désinhibition, voire agressivité etc.).

Dr Christine Joly, chef du service d’Addictologie et Alcoologie au CH de Valence : « L’accoutumance est l’augmentation de la dose d’alcool pour garder le même effet psychotrope. Le degré d’accoutumance de l’homme est supérieur à celui de la femme, du fait de sa plus grande corpulence ».

Alcool : des répercussions typiquement féminines

En cas de consommation excessive d’alcool, les dommages causés au foie apparaissent plus rapidement, et sont donc plus graves.

Le foie de la femme étant physiologiquement plus fragile, notamment vis-à-vis de l’alcool (a fortiori s’il existe des antécédents d’hépatite C, B ou A), elle sera plus vulnérable à l’hépatite alcoolique (lésion du foie secondaire à une intoxication chronique par l’alcool), à la stéatose hépatique (stockage de graisse dans le foie), à la f ibrose hépatique (transformation fibreuse de certains tissus) et à la cirrhose. Dans le foie, le système enzymatique sensé transformer l’éthanol est moins performant chez la femme. Par exemple, une cirrhose du foie chez une femme peut se développer en 4 à 5 ans, contre 10 à 15 ans chez un homme.

Le dérèglement du cycle menstruel accompagné de pertes de sang d'origine utérine plus ou moins importantes survenant en dehors de la période des règles (métrorragies) est prouvé. En effet, l’alcool est toxique pour le système nerveux central, avec pour conséquence une réduction de la sécrétion hormonale gonadotrope au niveau cérébral, responsable d’une baisse de testostérone chez l’homme (troubles de l’érection, de l’éjaculation et de la libido) mais aussi d’estrogènes et de progestérone chez la femme (ménopause précoce, absence de règles et troubles de la libido).

Des études relient l'alcoolisme et le cancer du sein mais leur puissance n’est pas suffisante pour l’affirmer.

Par ailleurs, les risques de fausse couche et d’accouchement prématuré sont plus élevés.

Dr Christine Joly : « Il y a des causes à l’addiction et en particulier à l’alcool. Dans 80% des cas, chez les personnes alcoolodépendantes il y a un vécu d’abandon avec, pour 60% d’entre eux, un traumatisme psychique dont, en tête, un antécédent d’abus sexuel. Or les victimes sont plus souvent des femmes ».

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Source : D’après des entretiens avec le Dr Christine Joly, chef du service d’Addictologie et Alcoologie au CH de Valence.