Les anxiolytiques et Alzheimer : une relation pas évidente

Beaucoup de médias l’ont annoncé, y compris dans nos lignes : la prise d’anxiolytiques au long cours, sur plus de 6 mois en continu, augmente de 51 % le risque de faire une maladie d’Alzheimer plus tard.Mais derrière ce chiffre qui ressort d’une étude publiée dans le Bristish Medical Journal, qu’est-il possible d’en conclure réellement ?
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C’est la deuxième étude à grande échelle qui interpelle sur le sujet : la prise d’anxiolytiques à long terme favoriserait la survenue de la maladie d’Alzheimer. Concrètement dans cette étude, la consommation d’anxiolytiques sur 6 années, de 1796 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, a été comparée à la consommation de 7184 personnes indemnes de la maladie.

Quand l’Alzheimer met 20 ans à s’installer, il faut des études longues

La première incertitude citée par les auteurs concerne la réalité de la non-atteinte du groupe contrôle. Sachant que la maladie d’Alzheimer met entre 10 et 20 ans pour s’installer avant le début des signes cliniques, on peut conclure que parmi les 7184 personnes indemnes au moment de l’étude, un certain nombre en sera atteint plus tard. Combien ? On n’en sait rien. Pour que l’étude ne soit pas critiquable, il aurait fallu faire un diagnostic précoce de la maladie chez les participants de ce groupe, avec IRM et dosage de la protéine bêta-amyloïde dans leur liquide céphalo-rachidien (Il s’agit de la molécule retrouvée dans les dépôts neuronaux dans la maladie). Ce groupe contrôle est donc composé de gens qui n’auront pas la maladie plus tard et d’autres qui l’auront.

Les somnifères ne sont pas étudiés

La deuxième incertitude est liée au très faible usage dans cette population canadienne des anxiolytiques à très courte durée d’action, dont la demi-vie est inférieure à 3 heures. Ces benzodiazépines sont appelées des somnifères, car elles favorisent l’endormissement et sont éliminées au moment du réveil. Or dans cette étude il n’a été possible que de faire la différence entre les benzodiazépines de plus de 20 heures de demi-vie d’élimination et de moins de 20 heures. Autrement dit, on ne fait pas la différence entre le comprimé pour s’endormir et le comprimé pour calmer son anxiété tout au long de la journée.

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