Alcoolisme : le Conseil d’Etat maintient la limite de dose du baclofène

Le Conseil d'Etat confirme l'interdiction de prescrire plus de 80 mg de baclofène par prise, imposée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Une décision justifiée au vu des risques d'effets indésirables.
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Nouveau revers pour les partisans du baclofène. Le Conseil d'Etat vient de valider la décision prise par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui a limité la "posologie maximale" pouvant être délivrée aux patient.e.s.

Ce décontractant musculaire, indiqué notamment contre la sclérose en plaques, est soupçonné d'aider à se sevrer de l'alcool. En recourant au Conseil d'Etat, les associations de patients espéraient invalider cette décision.

Ils ont donc exprimé leur déception vis-à-vis de ce jugement qui revient à "interdire, dans les faits, un traitement qui a changé la vie de dizaines de milliers de patients", d'après les propos de Thomas Maës-Martin, fondation du Collectif Baclohelp, recueillis par l'AFP.

Des effets secondaires lourds

Depuis 2014, le baclofène est autorisé dans le traitement de la dépendance à l'alcool, de manière temporaire. En effet, les autorités ne savent pas encore si cette approche est efficace, et à quelle dose.

Plusieurs études sont en ce moment menées pour répondre à cette interrogation. 213 000 personnes bénéficient de cette mesure dérogatoire. Leur suivi a montré que de fortes doses de baclofène étaient nécessaires pour obtenir des résultats.

Le problème, c'est que ce médicament peut avoir de lourds effets secondaires lorsqu'il est administré à des doses élevées. Des cas de troubles psychiatriques, gastro-intestinaux ou encore du système nerveux ont été signalés chez les patients traités.

La limite peut être ignorée

D'après une étude, une dose supérieure à 180 mg doublait même le risque de décès tout en augmentant de moitié le risque d'hospitalisation. Le tout pour des résultats inégaux

Ce sont ces risques qui ont poussé l'ANSM à réduire la posologie maximale à 80 mg, contre 300 par le passé. Une décision justifiée, aux yeux du Conseil d'Etat. Les Sages ont d'ailleurs rappelé que cette limite pouvait être outrepassée, dans l'éventualité où le médecin "jugerait le bénéfice supérieur aux risques".

En la matière, un comité d'experts a exprimé quelques doutes. En s'appuyant sur les études menées en France, il a conclu que les risques étaient trop lourds par rapport aux résultats obtenus. Il faut dire que, si le baclofène a permis de limiter l'envie obsessionnelle de boire, il n'a pas permis d'atteindre l'abstinence.

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Source : Baclofène et alcoolisme : le Conseil d'État donne raison à l'ANSM, Europe 1, 23 mai 2018