Voir un diététicien pendant un cancer

Alimentation et cancer
Mettons les choses au clair : aucun aliment ni aucun régime alimentaire ne protège à 100 % du cancer ! Par contre, il est prouvé qu’une alimentation variée et équilibrée, associée à une activité physique régulière, diminue les risques de survenue et/ou de récidive de nombreux cancers. Mais une fois que la maladie est là, « toute personne atteinte d’un cancer devrait voir une diététicienne dès le début de sa prise en charge », conseille Marika Csergo, diététicienne en chef à l’Institut Jules Bordet. « Évidemment, le suivi est très individualisé. Il dépend des habitudes alimentaires et d’un éventuel excès de poids de départ, du type de cancer, des traitements et de leur impact sur l’organisme. »
Cancer : prise ou perte de poids ?
Il s’agit d’abord de faire face à l’impact du cancer et/ou des traitements anticancer (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, hormonothérapie, etc.) sur le poids… dans un sens ou dans l’autre. Au cours du traitement du cancer du sein, par exemple, la prise de poids est fréquente. Il importe alors d’inciter les patientes à ne pas grossir pendant et après le traitement. Mais pour la grande majorité des patients, le risque réside dans la perte (involontaire) de poids. Et pour cause :
- le cancer peut modifier le métabolisme et/ou être source de douleur, de stress et d’angoisses qui coupent l’appétit ;
- les traitements peuvent entraîner des effets secondaires qui rendent la digestion ou même l’alimentation difficiles : nausées, vomissements, diarrhée, constipation, baisse ou perte d’appétit, difficultés pour mâcher ou avaler, bouche et gorge sèches, aphtes, fatigue, etc.
Pourquoi un(e) diététicien(ne) spécialisé(e) en cas de cancer ?
Or, plus que jamais, une personne atteinte de cancer doit fournir à son corps l’énergie dont celui-ci a besoin pour combattre la maladie et mieux supporter les effets secondaires. Outre des conseils concernant l’alimentation elle-même (choix des aliments, quantités, etc.), une diététicienne spécialisée peut donner des astuces. Exemples : fractionner les repas, boire beaucoup d’eau, consommer des boissons nutritives et nourrissantes, faire de l’exercice physique, etc.
« Il faut s’orienter vers un diététicien spécialisé en oncologie et relié au monde hospitalier », recommande Marika Csergo. « Il est important qu’il ou elle puisse communiquer directement avec l’équipe multidisciplinaire (médecins, psychologue, kiné, etc.) qui entoure le patient. La plupart des centres de soins oncologiques proposent d’ailleurs des consultations diététiques. Le patient ne doit pas hésiter à y demander un rendez-vous. »
Régimes, compléments alimentaires et cancer
Cette expertise est particulièrement précieuse dans le cas des compléments alimentaires que nombre de patients sont tentés de prendre, souvent sans avis médical. « Une alimentation variée et équilibrée est censée fournir tous les micronutriments nécessaires à l’organisme. Le patient ne doit prendre aucune initiative de ce type pendant ses traitements contre le cancer sans en parler au préalable avec son médecin oncologue. » En effet, certains compléments alimentaires sont contre-indiqués en cas de cancer (notamment à base de bêta-carotène). Idem avec certains régimes soi-disant anticancer. « Nous voyons souvent arriver en consultation des patients qui suivent inutilement des pseudo-régimes sans gluten, sans lactose, etc. », déplore la diététicienne. « Nous essayons alors de corriger leurs erreurs alimentaires et de les (r)amener vers une alimentation plus équilibrée, plus agréable et savoureuse, plus saine et, au final, meilleure pour leur santé. »
Sources
Marika Csergo, diététicienne en chef à l’Institut Jules Bordet & Institut thématique multiorganismes Cancer (ITMO Cancer) et l’Institut national du cancer (INCA), mars 2012