Toussaint : à quoi sert la visite au cimetière ?

Mais au fond, pourquoi ce rituel reste-t-il utile ?
Confirmer la réalité du décès
Quand une personne meurt, on peut constater les faits sans qu’ils s’inscrivent profondément dans notre esprit. On est alors face à un deuil impossible, parce que la mort du proche n’est pas réellement acceptée et intégrée.
Aller visiter une tombe au cimetière, c’est faire se rejoindre le concret et le symbolique.
« On fait le voyage jusqu’à un lieu consacré aux défunts, on observe la tombe (ou la plaque commémorative), et le constat naît que la place des morts n’est pas celle des vivants » explique Marguerite Englebert, responsable de l’association Vivre son Deuil.
Cette distance n’empêche pas de se retrouver de temps en temps…
Retrouver le défunt là où il est
En effet, aller voir une tombe pour la Toussaint est aussi une façon de « retrouver » les défunts.
On va les voir, on prend soin de leur tombe, ce qui est une manière de prendre soin d’eux. Très souvent, les personnes vont s’adresser à leur proche décédé, pour communiquer quelques instants, ou simplement se remémorer des scènes passées.
Ces habitudes sont une façon d’entretenir la trace que le défunt a laissée pendant son passage sur terre.
La Toussaint : tristesse, mais pas désespoir
S’il est vrai que la Toussaint, étant consacrée aux disparus, est souvent un jour plutôt triste, cela ne signifie pas que faire une visite au cimetière va raviver les blessures liées à la perte.
Au contraire même, explique Marguerite Englebert : « Quand on visite une tombe, on revit généralement des moments passés avec le défunt, pas la perte elle-même. C’est aussi l’occasion d’un partage, parce que la visite se fait souvent en famille. »
Ainsi, le souvenir du disparu est en quelque sorte rafraîchi. Il est intégré aux nouvelles expériences faites en famille. Le défunt n’est plus là, mais il est encore avec ses proches, d’une autre manière.
Il n'y a pas que la Toussaint : à chacun son rituel
De nombreux Français se rendent encore sur la tombe de leurs proches le jour de la Toussaint.
Ce qui ne veut pas dire que ce soit la seule manière de célébrer le souvenir de ses défunts. Surtout qu’avec l’augmentation de la proportion de personnes qui choisissent de se faire incinérer, les habitudes changent : il n’y a plus de corps, donc plus d’endroit précis où rendre visite au défunt.
De nombreuses familles créent des rituels privés, plus intimes – un dîner en souvenir d’un disparu, une visite à un endroit qu’une défunte aimait, etc.
Sources
Dr Christophe Fauré, « Vivre le deuil au jour le jour », éd. Albin Michel - Association Vivre son Deuil.