Révolution dans le traitement des leucémies : le Glivec, molécule issue de la génomique

Une spécialité médicamenteuse innovante, le Glivec, indiquée dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique, un cancer du sang, vient d'obtenir une autorisation de mise sur le marché américain. Près de 7.500 patients répartis dans 30 pays ont déjà été traités à l'aide de cette molécule avec un succès encore jamais obtenu par la chimiothérapie conventionnelle, les greffes de moelle ou l'interféron. Le Glivec sera donc mis à disposition des 7.000 Américains, mais également des 800 Français atteints chaque année par cette affection.

La leucémie myéloïde chronique est un cancer du sang caractérisé par une prolifération incontrôlée de cellules précurseurs des globules blancs (polynucléaires) dans la moelle osseuse. Cette multiplication des précurseurs empêche le développement de toutes les autres cellules sanguines et ce phénomène finit par envahir les différents organes, perturbant leur fonctionnement. Chez l'adulte, cette maladie survient généralement entre 40 et 50 ans à bas bruit pendant des années, pour se réveiller lors de crises dites « blastiques » pendant lesquelles le processus de cancérisation s'accélère. La durée moyenne de la survie est alors de moins de 4 ans. La chimiothérapie conventionnelle étant majoritairement inefficace, le traitement passe par la greffe de moelle osseuse. Les patients de moins de 40 ans peuvent espérer une rémission complète de la maladie dans 80% des cas. L'autre traitement assez efficace est représenté par l'interféron alpha qui prolonge en moyenne la survie de 6 à 8 ans.

Une molécule révolutionnaire

Peu fréquent, le Glivec a été accueilli par le milieu médical avec un enthousiasme manifeste. Certains spécialistes l'ont qualifié de « produit original, intelligent, utile et peu toxique ». Cependant, pour d'autres, cette molécule « annonce une révolution dans le traitement des cancers dans les dix ans ». Ce médicament est issu de la génomique. En effet, la leucémie myéloïde est due à une anomalie chromosomique baptisée « chromosome Philadelphie » responsable de la fabrication d'une protéine anormale, laquelle déclenche la cascade cancéreuse. Le Glivec agit spécifiquement sur cette protéine. Selon les derniers essais publiés, la prise d'un seul comprimé par jour permet une rémission complète de la maladie chez 90% des patients en phase chronique et chez 63% des sujets en phase secondaire. En France, ce traitement devrait coûter entre 150.000 et 200.000 francs par an par malade.

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Source : Le Figaro, mercredi 16 mai 2001.