Régimes protéines : bien choisir ses viandes

Publié par Paule Neyrat
le 29/10/2010
Maj le
5 minutes
Autre
Alors que nous mangeons de moins en moins de viande - et surtout de rouge - voilà que la déferlante de la mode du régime protéines incite à en consommer. Certes, ça n'est pas le seul aliment protéique, mais c'est le plus pratique. Alors, autant bien choisir et bien cuire votre viande.

Les aliments protéiques

À première vue, dans ces régimes protéines, on se trouve face à un grand choix d'aliments protéiques.

Il y a bien sûr les morceaux maigres des viandes de bœuf et de veau. De ces mêmes bêtes, le foie, les rognons et la langue. La volaille, (sauf canard et oie) mais sans la peau. Les jambons maigres, les tranches de dinde ou de poulet. Les œufs. Les poissons frais et fumés, le surimi. Les fruits de mer (coquillages et crustacés). Les laitages à 0% de matières grasses et le lait écrémé.

Belle liste ! On a de quoi tenir pendant une semaine. Oui, mais….

Limites gourmandes des aliments protéiques

Tout cela devant être le plus maigre possible, vu que le régime protéines se doit d'être pauvre en lipides et en glucides, les perspectives gourmandes de ces aliments protéiques sont assez limitées !

Du foie et des rognons grillés ? Pas évident. Du poulet, de la pintade, du lapin au four ? OK pour le poulet (on aura du blanc ensuite pour quelques jours), mais la pintade et le lapin ainsi cuits, c'est sec, même tartinés de moutarde.

Jambon maigre, blancs de dinde, de poulet : tout cela est sous blister, industriel, pas nettement excitant.

Les œufs ? Durs, ils calent, mais sans mayonnaise, ça n'est pas vraiment le pied ! A la coque ou mollets, ils se digèrent rapidement et on a vite faim après.

Les poissons frais pochés ou au four ? Très bien, mais le poisson, sans rien d'autre, c'est, comme les œufs, vite absorbé et fringale à la clé.

Le surimi ? Il ne faut surtout pas lire la liste des ingrédients de cette pâte de poisson bourrée d'additifs, elle dégoute pour toujours !

Les coquillages ? Pas vraiment pratique au quotidien. Les crustacés ? Combien faut-il de crevettes ou de langoustines pour être rassasié ? Beaucoup et ça revient cher ! Quant au homard, n'en parlons pas.

Les laitages à 0% ? Très bien pour le petit-déjeuner et les collations, mais on ne va pas faire un repas avec ça.

Ce régime protéines dure en principe une semaine, soit quatorze repas, en dehors des petits-déjeuners. Si on veut tenir la distance, ne pas trop souffrir de la privation de légumes et de fruits, de pain et d'autres céréales, il est évident que la viande se révèle être l'aliment protéique le plus rassasiant, le plus facile à employer. Elle va s'intercaler fréquemment entre poissons, œufs, crustacés et coquillages etc.

Autant bien la choisir et bien la cuisiner.

Chez le boucher

Si vous achetez une viande en barquette, dans une grande surface, vous saurez presque tout sur son origine, grâce à la traçabilité obligatoire, mais vous ne saurez rien de sa qualité gustative. Elle vient le plus souvent d'une vache laitière, ayant beaucoup donné de lait et qu'on a fini par abattre pour sa viande, qui n'est pas vraiment top !

Alors, allez chez un bon boucher : c'est là où vous trouverez de la viande française, venant d'une bête identifiée, nourrie naturellement, correctement abattue et dont la chair, entre l'abattoir et la découpe, a maturé suffisamment : trois semaines, c'est le minimum pour qu'une viande soit tendre et goûteuse, qu'elle ne rende pas d'eau lors de sa cuisson.

Limousine, Aubrac, Salers, Charolais, Parthenaise, Aquitaine, Maine Anjou, un bon boucher achète des viandes d'une de ces races dites "à viande" qui sont parmi les meilleures car les bêtes sont élevées uniquement pour la boucherie.

Quant au veau, choisissez celui du Limousin élevé sous la mère : sa viande est blanche, tendre à souhait. Et vous pourrez la préparer sans problème en tartare avec un jaune d'œuf et de la moutarde.

A la cuisine

Maintenant, il s'agit de bien cuire cette viande, de ne pas l'abîmer : le plus beau des produits peut être ravagé s'il est maltraité lors de sa cuisson.

Vous allez choisir un beau rôti de viande de bœuf, dont vous mangerez chaudes les premières tranches, et le reste en viande froide, c'est ce qu'il y a de plus pratique.

Sortez-le du frigo 2 heures avant, afin de remettre la viande en température. Salez légèrement le rôti. Puis faites-le "croûter", dans une poêle chauffée avec un peu d'huile et de beurre, sur toutes ses faces. Ainsi vous emprisonnez les sucs.

Branchez votre four sur 120 / 140 °C (Th. 4/5). Enfournez la viande à cette température et cuisez-la ainsi, 20 minutes par kilo. Faites ensuite reposer le rôti, couvert d'un papier d'aluminium pendant 5 à 10 minutes. Vous aurez ainsi une viande bien juteuse. Faites de même pour un rôti de viande de veau mais alors, enfournez-le à froid.

C'est ce que conseille le boucher Hugo Desnoyer, qui fournit les plus grands chefs parisiens. Et qui publie un livre cette semaine : "Hugo Desnoyer, un boucher tendre et saignant" aux Éditions Assouline.

Que vous ayez ou non plongé dans un régime protéines, préférez toujours une viande de qualité, française, provenant d'une bête de race à viande. Ou que vous soyez, à Paris ou en province, votre boucher se fournit dans un abattoir proche : il n'achète pas de la viande venant d'Argentine. Non seulement votre viande sera meilleure mais de plus son empreinte carbone le sera aussi ! Concilier gourmandise et respect de la planète, c'est pas mal, non ?

Partager :