Professionnels surmenés, attention au " Burn out " !

Publié par Dr Sylvie Coulomb
le 28/09/2001
Maj le
5 minutes
Autre
Le « burn out » ou syndrome d'épuisement professionnel est de plus en plus fréquent dans nos sociétés modernes. Il se manifeste à la fois sur le plan physique (insomnie, palpitations, douleurs diverses...) et sur le plan psychologique, pouvant déboucher sur une véritable dépression. Il est donc important de reconnaître le stress professionnel et de tenter d'y remédier avant le point de non retour.

Qu'est-ce que le « burn out »? Il s'agit d'une expression (qui nous vient du domaine aérospatial et qui signifie « le moteur est brûlé ») qui indique un état d'épuisement, à la fois physique et mental, lié à un stress professionnel intense. Celui-ci ne constitue pas un phénomène nouveau, mais les données épidémiologiques reflètent son importance et conduisent de plus en plus d'entreprises à en prendre conscience.Des études, effectuées aux Etats Unis et au Canada, ont montré que 30% des salariés (et 63% des cadres) souffriraient du stress professionnel. Aux Etats Unis, celui-ci représente environ 60% du taux d'absentéisme. En France, une étude du Credoc a révélé que le nombre de personnes stressées au travail a doublé en dix ans.

Comment se manifeste le " burn out " ?

D'abord par un épuisement physique: vous vous sentez fatigué dès le lever et vous dormez mal la nuit. Mal à la tête, mal au dos, mal à l'estomac... Attention à l'ulcère ! Les palpitations cardiaques sont fréquentes. Eczéma, chute des cheveux et boutons sont quelques unes des répercussions psycho-somatiques du mal être professionnel.Vous vous sentez psychologiquement à bout, l'anxiété et les soucis semblent insurmontables. La charge de travail et les responsabilités croissantes vous laissent sans énergie. Vous devenez irritable et méfiant envers vos collègues de travail. Vous avez l'impression d'être seul et sans soutien. Vous en arrivez à vous auto-déprécier et même à vous culpabiliser. Alors, vous avez tendance à vous justifier par un excès d'activité, en privilégiant l'aspect quantitatif plutôt que qualitatif.Bien sûr, il s'agit d'une description un peu caricaturale du syndrome de « burn out », destinée à en montrer tous les aspects possibles. Chaque personne est différente et les réactions seront donc également différentes, tant au niveau des symptômes que dans la façon d'y faire face. Quoiqu'il en soit, il faut savoir que si ce syndrome ne constitue pas une maladie en tant que telle, il peut néanmoins conduire à une véritable dépression réactionnelle et à des pathologies bien réelles elles aussi, comme l'infarctus du myocarde ou l'ulcère de l'estomac.

Comment en arrive t-on là ?

Les causes de l'épuisement professionnel sont évidemment multiples et variables d'une personne à l'autre. Schématiquement, on peut affirmer que le surmenage professionnel entraînant une vie déséquilibrée est à l'origine de ce syndrome. Aujourd'hui, l'esprit de challenge et l'incitation à la compétition font qu'il y a souvent confusion entre valeur personnelle et performance professionnelle. Or, l'une des grandes causes de stress dans le travail est l'obligation supposée de devoir atteindre la perfection. D'où, culpabilité et frustration permanente.L'autre grande cause d'anxiété au travail est liée aux conflits de personnes. C'est ce qu'a clairement montré une étude réalisée par l'IFAS (Institut Français du Stress et de l'Anxiété) sur un échantillon de cadres: l'impression de stress des cadres est très significativement corrélée avec le caractère plus ou moins conflictuel de leur environnement professionnel, et beaucoup moins avec la quantité de travail. Ainsi, les rivalités et les conflits entre personnes sont source de tensions importantes, qui peuvent conduire au syndrome de « burn out ».

Quelles sont les professions à risque ?

On a constaté que, si l'image la plus classique du stress est celle du cadre supérieur écrasé par le poids de ses responsabilités, le stress professionnel pouvait également toucher des catégories socialement moins élevées, voire même les chômeurs.Là encore, des études menées aux Etats-Unis ont mis en évidence des professions « à risque », c'est-à-dire pour lesquelles le stress est particulièrement important et fréquent. Il s'agit notamment des contrôleurs aériens, des enseignants (collèges et lycées), des commerciaux, des dirigeants d'entreprise, des pilotes d'avion, des policiers et des professionnels de santé (médecins, infirmières...). Chez les « cols blancs », ce sont ceux qui ont une fonction d'encadrement qui sont les plus exposés.De façon générale, le « burn out » guette les ambitieux, les hyperactifs, les perfectionnistes ou encore ceux qui n'arrivent pas à déléguer.Par ailleurs, il a été constaté que les femmes sont davantage atteintes que les hommes par cette pathologie anxieuse (deux femmes pour un homme), surtout quand elles sont jeunes (moins de 30 ans).

Comment y remédier ?

Le « burn out » n'est pas la dépression, mais il y mène. Alors, quand vous sentez que vous commencez à perdre pied avec la réalité et que le sentiment de frustration devient trop étouffant, il devient urgent de lever le pied et de réagir, avant d'avoir recours aux médicaments et à la psychothérapie.Sachez que le « burn out » n'est pas un échec, juste une faiblesse passagère qu'il faut avoir le courage d'avouer, pour ensuite essayer de faire le point.

Posez-vous ces questions et corrigez-vous

Interrogez vous sur ce que sont devenus vos habitudes alimentaires, votre temps de sommeil, votre rythme d'activité sportive, vos relations avec vos amis et vos proches. Si tous ces paramètres se sont dégradés, il faut alors savoir dire stop !Arrêtez de culpabiliser en vous persuadant que vous n'en faites jamais assez et que vous êtes indispensable au fonctionnement de la société. C'est le moment de prendre du recul et peut être d'apprendre à déléguer !Prenez quelques jours de vacances. Profitez-en pour rattraper le sommeil perdu, allez prendre l'air et prenez soin de vous.De retour au travail, ne soyez plus si exigeant avec vous-même.Faites plusieurs pauses par jour et apprenez à vous relaxer. Partagez vos soucis avec votre conjoint, un regard extérieur à votre environnement professionnel peut vous aider à faire le tri dans vos soucis.Ne négligez pas le sport. Au moins une fois par semaine, marchez, courez, faites du vélo ou toute autre activité qui vous permettra de vous vider la tête. Etre en bonne forme physique permet de mieux supporter la pression.

Voici enfin quelques principes à méditer pour vous aider à mieux dominer le stress professionnel :

  • vivez un jour à la fois ;
  • pensez au prix exorbitant que le stress et les soucis peuvent coûter à votre santé ;
  • ne vous tracassez pas pour des bagatelles ;
  • éumérez-vous vos raisons d'être heureux et non vos malheurs ;
  • attendez-vous à l'ingratitude et considérez qu'une critique injuste cache souvent un compliment ;
  • tirez parti de vos épreuves.

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