Mais pourquoi il veut croire au Père Noël ?

Publié par Psychoenfant
le 13/12/2009
Maj le
3 minutes
Autre
Décembre est là et les enfants n'ont déjà plus que son nom à la bouche... Mais pourquoi la magie du Père Noël opère-t-elle, à ce point, et depuis tant d'années, sur nos enfants ? Réponse avec nos psys. Sophie Raffin

Besoin d'imaginaire

Riche et fertile, l'imaginaire prend beaucoup de place dans la vie de nos enfants. Une place bien compréhensible puisqu'entre 2 et 6 ans, nos bambins vivent dans un univers de plaisir (régi par ce que Freud nommait le principe de plaisir), à mille lieux de notre société cartésienne d'adultes, empreinte de réalité, de restrictions et de frustrations. À travers leur univers où cohabitent Père Noël, lutins et fées, nos enfants cherchent donc à se fabriquer un monde plus doux, plus accessible, plus rassurant. " Le Père Noël symbolise pour eux la bonté, la toute-puissance et la satisfaction des désirs, analyse la pédiatre Edwige Antier.

Il est celui qui donne sans compter... il représente une métaphore du don gratuit. "

Agir

" Cette métaphore, nos enfants en ont donc besoin pour bien grandir ", explique Agnès Florin, professeur de psychologie. " Jusqu'à l'âge de 6 ou 7 ans, continue Edwige Antier, il ne sert à rien de leur révéler la vérité. La magie de Noël opère sur eux de façon sécurisante. " De toute manière, ajoute Agnès Florin : " leur besoin d'imaginaire est tel qu'ils persistent bien souvent à vouloir y croire même si leurs parents leur affirment le contraire ".

Maturation cérébrale

Quoi qu'il en soit, que la vérité soit révélée ou non, avant 6 ans l'enfant ne sait pas penser de façon logique et terre-à-terre. Dépendant de ce que Piaget nommait le stade préopératoire, sa pensée est dominée par ses perceptions, souvent très loin du monde réel.

" L'organisation du cerveau se met encore en place. Vers 3 ans, la formation intense de synapses augmente dans le centre de la parole et le lobe frontal, confirme le pédiatre Hugo Lagercrantz. L'enfant commence alors à raconter et à se raconter des histoires, mais il a du mal à différencier l'imaginaire du réel. "

Agir

Cet apprentissage de la différence entre la réalité et l'imaginaire peut naturellement commencer après 6 ans. Selon le pédiatre Henry Aloussaque : " dès l'entrée au CP, alors qu'il évolue dans un cadre plus exigeant et qu'il apprend à maîtriser les notions de temps, d'espace, de logique, de contrainte, l'enfant développe une autre forme d'imaginaire, plus consciente, plus volontaire, qui va peu à peu le sortir de sa réalité ". C'est à ce moment que ses parents peuvent lui avancer la vérité. " Souvent, à cet âge, les enfants sont contents de rentrer dans les confidences des adultes, termine l'expert. C'est une façon pour eux de se sentir responsable. "

Comment leur expliquer la réalité ?

Un enfant ne passe pas directement de la phase du " je crois au Père Noël " à celle du " je n'y crois pas ". Il s'interroge d'abord. Ce qui l'amène à comprendre la vérité petit à petit.

- S'il pose des questions, demandez-lui ce qu'il en pense. Selon sa réponse, vous comprendrez s'il est prêt ou non à entendre la vérité.

- S'il découvre la vérité, félicitez le et expliquez-lui qu'il fait maintenant partie des grands. Il se sentira fier et responsable.

- S'il continue d'y croire malgré ses 8 ans ou 9 ans, commencez à parler du Père Noël au conditionnel. Une façon de lui avouer la vérité pas à pas.

Le saviez-vous ?

6,99 ans c'est l'âge moyen auquel les enfants ne croient plus au Père Noël

Source : Gérald Bronner.

À lire...

Pour lui :

- Crocolou aime le Père Noël Ophélie Texier, édition Actes Sud Junior

- Dictionnaire du Père Noël Grégoire Solotareff, Flammarion

Pour vous :

- Psychanalyse des contes de fées David Bettelheim, Pocket

- Il était le bon Dieu, le Père Noël et les fées Dominique Gobert édition, Albin Michel

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