Le carnet de vaccination électronique : être à jour en un clic

Publié par Hélène Joubert
le 20/09/2016
Maj le
6 minutes
vaccin contre le zona avec seringue sur fond blanc
Istock
Souvent oublié à l’occasion de la consultation médicale, égaré voire déchiré, souvent illisible, rarement tenu à jour et comportant des recommandations périmées, le carnet de vaccination "papier" est dépassé. Place au carnet de vaccination électronique (CVE). Vous n’égarerez plus votre carnet de vaccination, vous n’oublierez plus vos rappels ni les vaccins de votre enfant.

Le carnet de vaccination électronique, c’est nouveau ?

Le carnet de vaccination, aujourd’hui inclus dans le carnet de santé version "papier", est déjà passé au numérique. Il est disponible depuis 2011 sur la plate-forme web MesVaccins.net, dont le contenu est mis à jour par les spécialistes du "Groupe d’études en préventologie", une association française à but non lucratif indépendante des laboratoires pharmaceutiques et qui refuse tout marketing et exploitation commerciale des données des utilisateurs.

Soutenu par les autorités sanitaires (Agence nationale de santé publique, Agences régionales de santé), il a vocation à devenir le carnet de vaccination national. On y accède à cette adresse : www.mesvaccins.net.

Il est d’ores et déjà utilisable pour tous ceux qui le souhaitent : pour les citoyens, pour lesquels il est entièrement gratuit, et pour les soignants, pour lesquels il est souvent financé par les organisations professionnelles. 2016 et début 2017 marqueront un tournant pour une diffusion au niveau national. Dès le printemps 2017, après les expérimentations régionales (Auvergne-Rhône-Alpes, Ile-de-France, Aquitaine, Bourgogne et Océan Indien) requises par les autorités de santé françaises, il deviendra le carnet de vaccination numérisé officiel. A ce jour, 150 000 carnets de vaccination électronique ont été créés mais la montée en puissance sera rapide : 100 000 de plus à la fin 2016 puis crescendo dès lors que l’application destinée au médecin sortira et que les "logiciels métiers" utilisés par les professionnels de santé l’incluront. Il sera alors plus simple et rapide pour le médecin de le tenir à jour.

Carnet de vaccination électronique, la France en tête

La France fait figure de pionnière. Aucun pays de l’Union Européenne ne s’est doté d’un carnet de vaccination numérique. Dans les pays d’Europe du Nord, il existe des registres centralisés remplis par les soignants lors de chaque vaccination.

La Suisse a mis en place son propre carnet de vaccination électronique. Cependant, le carnet de vaccination électronique de Mesvaccins.net est actuellement le seul à intégrer un système expert fondé sur une transcription exhaustive et en temps réel des recommandations vaccinales officielles, grâce à un système de règles directement mises à jour par des spécialistes de la vaccination. C’est pour cette raison que la Finlande et la Norvège ont récemment manifesté leur intérêt pour le CVE français.

Les avantages du carnet de vaccination électronique

Plus d’un adulte sur deux (DRESS 2009-2010) n'a pas aujourd'hui de carnet de santé ou de vaccination reproduisant son historique vaccinal, d'où un risque de sous ou de sur-vaccination. Quand il existe, le carnet de vaccination n’est pas disponible quand on en a besoin. Ainsi, plus de 95 % des adultes exposés au tétanos qui se rendent dans un service d’urgence n’ont pas leur carnet de vaccination avec eux. De plus, la population n’est pas vaccinée correctement du fait de la complexité du calendrier vaccinal et de sa rapide évolution.

Deux exemples parmi d’autres : le vaccin contre la varicelle n’est pas administré dans 95,5 % des cas où il devrait l’être, c'est-à-dire chez les adolescents qui n’ont pas développé l’infection ou les femmes en âge d’avoir des enfants. Autre exemple, la couverture vaccinale antigrippale chez les asthmatiques est plus basse qu’en population générale, alors qu’ils sont particulièrement à risque de développer une forme grave de grippe...

Le carnet de vaccination électronique permet du sur-mesure. Une étude a montré que le simple fait de créer un CVE pour un patient modifie une fois sur deux la décision vaccinale initiale du médecin.

Pr Jean-Louis Koeck, Chef du Service de biologie clinique et du Centre de vaccinations internationales de l’hôpital Robert Picqué (Bordeaux), inventeur et coordonnateur du CVE : « Les deux tiers de la population sont éligibles à des recommandations vaccinales spécifiques, c’est-à-dire déterminées par d’autres critères que l’âge ou le sexe. Difficile de s’y retrouver ! C’est pourquoi, pour être un outil vraiment utile, le carnet de vaccination électronique va au-delà du simple enregistrement de vaccins : c’est un carnet intelligent qui intègre toutes les nouvelles recommandations vaccinales pour des conseils personnalisés (en plus des rappels automatiques des prochaines échéances vaccinales), et prévient la personne avec des alertes (par email ou SMS). Le système détermine la liste des maladies contre lesquelles une protection vaccinale est préconisée pour chaque individu, compte tenu de son âge, sexe, travail, contexte de vie (voyages, grossesse…), état de santé, entourage (personnes immunodéprimées etc.) ».

Faut-il se fier au carnet de vaccination électronique ?

Le carnet de vaccination électronique s’appuie sur une base de données structurée (textes officiels, résumés des caractéristiques des produits, actualités les plus récentes sur les vaccinations) et un système expert d’aide à la décision vaccinale, mis à jour en temps réel par un réseau d’experts.

Du point de vue de la confidentialité des données personnelles de santé, les mesures ont été prises : le CVE est autorisé par la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés ( CNIL) et est hébergé par un hébergeur de données de santé agréé. L’analyse anonyme de ces données est réservée aux autorités sanitaires (notamment l’Agence nationale de santé publique pour les données de couverture vaccinale), en partenariat avec les unions régionales des professionnels de santé (URPS) médecins et pharmaciens.

L’objectif est d’améliorer la quantité et la qualité des données factuelles nécessaires au suivi et à l’amélioration de la politique vaccinale.

Les personnes qui ont un carnet de vaccination électronique peuvent décider d’en partager l’accès avec des professionnels de santé désignés (médecin, pharmacien, sage-femme ou infirmier).

Côté médecin, une authentification au moyen de la carte de professionnel de santé (CPS) est nécessaire pour créer ou valider un CVE. Seul le médecin peut valider le "profil santé", tandis que le pharmacien possède une fonction de délivrance des vaccins.

Le carnet de vaccination électronique en pratique

Pour constituer un carnet de vaccination électronique, il suffit d’une adresse email et d’un mot de passe puis de reporter les vaccins qui ont déjà été faits par le passé grâce à une aide à la saisie. La personne qui a créé son carnet elle-même peut ensuite le partager avec le professionnel de santé de son choix, qui peut ainsi valider les données pré-saisies par le patient et en quelque sorte "officialiser" le CVE en lui conférant le statut de document de référence pour la vaccination.

Mais la création du carnet peut aussi être initiée par le professionnel de santé, qui peut le partager ensuite avec le patient.

Le profil santé regroupe les éléments utiles pour individualiser les recommandations vaccinales ou les schémas de vaccination (état de santé, conditions de vie et de travail, entourage etc.). C’est la pièce maîtresse du carnet de vaccination intelligent, pour obtenir des alertes personnalisées.

Le carnet de vaccination électronique est aussi disponible en application pour smartphone : MesVaccins, gratuit, sur Ios et Androïd.

A noter : Deux autres carnets de vaccination électroniques concurrents ont été lancés par des industriels et/ou des exploitants de données de santé, abandonnés depuis (Orange, suivivaccins.fr) [ndlr]

Sources

D’après un entretien avec le Pr Jean-Louis Koeck, Chef du Service de biologie clinique et du Centre de vaccinations internationales de l’hôpital Robert Picqué à Bordeaux et coordonnateur du CVE.

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