Insuffisance cardiaque : décelée par un test sanguin

L'outil idéal du diagnostic de l'insuffisance cardiaque
Jusqu'à récemment, un patient souffrant de dyspnée aiguë (gêne respiratoire pouvant avoir une origine cardiaque ou pulmonaire) devait passer une radio thoracique et une échocardiographie, autant d'examens qui retardaient la prise en charge urgente de la pathologie cardiaque.
En effet, face à une dyspnée aiguë d'origine cardiaque, il est difficile de la distinguer des autres causes car les symptômes ne sont pas suffisamment spécifiques (dyspnée, toux, œdème). Par ailleurs, les examens standards ne sont pas infaillibles.
Aujourd'hui, les médecins disposent d'un outil ultra rapide et fiable pour diagnostiquer une insuffisance cardiaque et en mesurer la sévérité. Il s'agit du dosage sanguin du peptide natriurétique de type B (BNP), une neurohormone reflétant l'état de stress du tissu myocardique (état de nécrose du myocarde).
Dyspnée d’origine pulmonaire ou cardiaque ?
Sept centres hospitaliers ont participé à une étude incluant 1.586 patients s'étant présentés aux urgences pour dyspnée aiguë. Le diagnostic clinique d'insuffisance cardiaque a été porté par deux cardiologues indépendants chez 47% des sujets. Pour les autres, la dyspnée avait une autre origine. Les diagnostics ont systématiquement été réalisés à l'aide d'un bilan clinique standard, puis comparés aux résultats obtenus avec le dosage du PNB.
Ce test seul, sans cliché thoracique ni échographie, a permis un diagnostic correct chez 9 patients sur 10, soit une fiabilité bien plus importante que n'importe quel autre examen.
Ce test qui nécessite deux gouttes de sang et 15 minutes, sauve des vies et fait gagner un temps précieux !
Ainsi, ce test sanguin permet :
- de confirmer le diagnostic d'insuffisance cardiaque,
- d'en mesurer la sévérité,
- de prédire les futurs évènements cardiaques (dont la mort subite),
- d'évaluer l'efficacité du traitement.
Le dosage du peptide natriurétique de type B (BNP) en pratique
Une valeur du BNP inférieure à 100 picogrammes par ml exclut la possibilité d'une insuffisance cardiaque.
Au-dessus de 400 picogrammes par ml le diagnostic d'insuffisance cardiaque est quasi certain.
Entre ces deux taux, des examens complémentaires restent indispensables (radio thoracique, échographie Doppler transthoracique).
Ce test n’est pas utile chez les patients cardiaques déjà connus car il pourrait inversement retarder la prise en charge.
Il est recommandé chez les autres patients pour lever immédiatement tout doute quant à l’origine de la dyspnée aigüe, et particulièrement en présence de facteurs de risques cardiovasculaires (hypertension artérielle, diabète) et/ou d’antécédents coronariens.
Sources
Maisel A.S. et coll., Rapid measurement of B-Type Natriuretic Peptide in the emergency diagnosis of heart failure. N. Engl. J. Med., 347 (3) : 161-7, juillet 2002. Baughman K.L., B-Type Natriuretic Peptide - A window to the heart. N. Engl. J. Med., 347 (3) : 158-9, juillet 2002.