Grossesse : les femmes enceintes en carence de nutriments essentiels

Plusieurs diététiciens lancent un cri d’alerte dans une étude parue le 5 décembre 2023 dans la revue scientifique de référence PLOS Medicine. Ceux-ci s’inquiètent de l’alimentation des futures mères, qui pourrait d’après eux se dégrader à mesure que la société consomme davantage d’aliments à base de plantes.

Femmes enceintes : 90% sont carencées

Pour cette étude, les chercheurs se sont intéressés aux mères vivant dans des pays riches, dont le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et Singapour. Ils ont ainsi découvert que 90% d’entre elles sont en carence de certaines vitamines essentielles et nécessaires à une grossesse saine, mais aussi au bien-être de l'enfant à naître.

Pour arriver à ces résultats, les scientifiques ont observé plus de 1700 femmes âgées de 18 à 38 ans au moment de la conception. Ils en ont également suivi un grand nombre pendant la grossesse. Les chercheurs ont ainsi réalisé que les nutriments dont elles manquaient se trouvaient principalement dans la viande et dans les produits laitiers. Cela inclut les vitamines B12, B6 et D, l’acide folique et la riboflavine, ou vitamine B2. Ces nutriments sont tous essentiels au développement du fœtus.

Plus précisément, les résultats montrent que neuf femmes sur dix ont des taux faibles ou modérés d’acide folique, de riboflavine, de vitamine B12 et de vitamine D au moment de la conception, et que beaucoup d’entre elles développent une carence en vitamine B6 à la fin de la grossesse.

À noter : l’acide folique, ou vitamine B9, assure une fonction primordiale dans les processus de production de l'ADN et de l'ARN et de fabrication des hématies. Ainsi, un déficit en acide folique chez la femme enceinte peut-il avoir un impact majeur sur le développement du fœtus et entraîner des malformations du tube neural (Spina bifida) ou la formation de fentes labiales et palatines (bec de lièvre).

Carence dans certains nutriments : on les trouve principalement dans les produits d’origine animale

“L'effort pour limiter notre dépendance à la viande et aux produits laitiers afin de réduire notre empreinte carbone privera probablement, dans le futur, encore davantage les femmes enceintes de nutriments vitaux, ce qui pourrait avoir des conséquences sur le long terme pour les enfants à naître”, estime l’auteur principal de l’étude, le professeur d’épidémiologie Keith Godfrey. 

Le professeur d’épidémiologie poursuit : “Notre étude montre que presque toutes les femmes qui essaient de concevoir ont des niveaux insuffisants d’une ou de plusieurs vitamines, et ce chiffre ne peut qu’empirer à mesure que le monde va de plus en plus vers des alimentations à base de plantes.”

Carence nutritionnelles : elles peuvent être palliées grâce à des compléments alimentaires

Ce que montre cette étude, c’est aussi que les femmes des pays dits développés ne sont pas immunisées contre les grossesses à risque liées à l’alimentation. “Les gens croient que la carence nutritionnelle n’affecte que les pays sous-développés, mais cela affecte également la majorité des femmes vivant dans des pays riches”, affirme Keith Godfrey. 

Qu’on se rassure toutefois : les auteurs de l’étude publiée dans PLOS Medicine indiquent que les compléments alimentaires, disponibles sans prescription, peuvent réduire les carences en vitamines avant la conception, pendant la grossesse et durant la période d'allaitement.