Grossesse extra-utérine : à ne pas prendre à la légère

Publié par Dr Renaud Guichard
le 22/10/2003
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3 minutes
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Dans les milieux chirurgicaux circule une boutade qui dit que " toute femme en âge de procréer ayant des douleurs abdominales ou des saignements est suspecte de grossesse extra-utérine (GEU) jusqu'à preuve du contraire ". Cela peut paraître bien excessif, mais il s'agit de diagnostiquer rapidement une pathologie grave pouvant avoir une issue fatale. La grossesse extra-utérine est en effet la première cause de mortalité chez la femme enceinte.

La grossesse extra-utérine, une grossesse "mal placée"

Si la plupart des grossesses se développent normalement dans le fond de l'utérus, il arrive que l'oeuf fécondé descende mal dans une trompe en mauvais état et y reste bloqué. L'oeuf fécondé étant resté au niveau de la trompe, c'est là que la grossesse se développe. Dès qu'elle atteint un certain volume, la trompe n'étant pas élastique, elle se rompt.

La cause la plus fréquente de trompes " abîmées " favorisant les grossesse extra-utérine est l'infection des trompes (salpingite). Et la bactérie la plus souvent en cause est la chlamydia. Elle se transmet lors de rapports sexuels non protégés.

Les signes de la grossesse extra-utérine : à ne pas négliger

Une femme qui a des règles régulières sans contraception, se doute au moindre retard qu'elle est enceinte et porte une attention particulière aux signes anormaux, douleurs, saignements, qui l'inciteront à consulter.

En fait, la réalité est un peu plus complexe. En effet, les douleurs en début de grossesse n'ont pas forcément de valeur pathologique. Par ailleurs, des saignements peuvent également survenir de façon non pathologique dans environ 10% des grossesses au premier trimestre. Plus difficile encore, un saignement peut être confondu avec les règles chez les femmes qui ont des cycles irréguliers ou longs. Lorsqu'une grossesse semble débuter, l'apparition de douleurs et/ou de saignements doit conduire à consulter un médecin dans les meilleurs délais. Il peut s'agir d'une fausse couche ou d'une grossesse extra-utérine.

Deux examens de base pour diagnostiquer la grossesse extra-utérine

A ce stade, deux examens permettent de se faire une idée assez précise : le dosage d'hormone de grossesse (bêta HCG) et l'échographie.

- Un dosage positif d'hormone de grossesse confirme une grossesse et indique approximativement le stade de développement. Attention, ce dosage ne dit pas si la grossesse est en train de se développer ou au contraire en train de mourir. Il faut pour cela un deuxième dosage pour observer l'évolution du taux d'hormone.

- L'échographie permet de localiser une éventuelle grossesse et de dire (quand la grossesse est assez développée pour être détectée) si elle se trouve dans l'utérus ou dans une trompe. L'échographie détecte également un éventuel épanchement de sang dans la cavité abdominale qui pourrait faire suspecter une grossesse extra-utérine en train de se rompre.

Grossesse extra-utérine : des risques à court et long terme

Le risque immédiat d'une grossesse extra-utérine évolutive est un choc hémorragique. La trompe rompue par la grossesse qu'elle ne peut plus contenir saigne abondamment. Un traitement chirurgical en urgence s'impose.

Quand l'hémorragie n'est pas trop abondante, il est possible de traiter la grossesse extra-utérine par coelioscopie, plutôt que par une incision de la paroi abdominale (laparotomie). On pratique alors une incision de la trompe pour en sortir la grossesse extra-utérine. Il n'est parfois pas possible de conserver la trompe. De toute façon, conserver une trompe en mauvais état fait prendre un risque de nouvelle grossesse extra-utérine. En outre, la fertilité de cette trompe est diminuée.

Existe-t-il une alternative à la chirurgie ?

Oui, pour les grossesses extra-utérines dépistées tôt, alors qu'elles sont encore de petite taille avec un taux d'hormones faible (inférieur à 1.000). Il est alors possible d'injecter dans la trompe, sous échographie ou par voie générale, un produit issu de la chimiothérapie anticancéreuse (le méthotrexate), qui va stopper le développement de la grossesse extra-utérine. Le problème est que la disparition de la grossesse extra-utérine soit complète (on parle d'involution), ce qui n'est pas toujours le cas.

En conclusion

Suspicion de grossesse + douleurs et/ou saignement = consultation en urgence + échographie + dosage de bêta HCG.