La galère aérienne : les vols de nuit ? Tout le monde en " profite " !

En trente ans de développement du trafic aérien autour de la plate-forme Roissy-Charles-de-Gaule, en Ile-de-France, jamais aucune étude ne s'était intéressée à l'impact du bruit sur les riverains. La première vient d'être réalisée, centrée sur les troubles du sommeil et les troubles anxio-dépressifs causés par le trafic chez les personnes vivant sous les couloirs aériens. Soulignons que ce ne sont pas les pouvoirs publics qui ont commandé cette étude, mais l'Advocnar, une Association de défense contre les nuisances sonores aériennes.

Tandis que les hommes d'affaires et les touristes se demandent s'ils pourront s'assoupir un moment durant leur vol de nuit, d'autres, en dessous, souffrent d'insomnie chaque soir… Et visiblement, ça n'interpelle que les personnes concernées, c'est-à-dire celles qui vivent sous les couloirs aériens.

En effet, les résultats de l'étude intitulée « Insomnia »* mettent en évidence les effets négatifs sur le sommeil des nuisances sonores de l'aéroport de Roissy. Les répercussions sont plus particulièrement marquées chez les hommes, les sujets âgés de plus de 60 ans et les personnes habitant dans la commune depuis plus de 10 ans. Les conséquences psychiatriques, de type anxiété notamment, existent également, mais semblent moins importantes que les troubles du sommeil. Pour Sébastien Trollé**, porte-parole de l'Advocnar et auteur du livre « Les poisons du ciel : nuisances aériennes, un vrai danger ! », à ce niveau, « il ne s'agit plus d'une simple atteinte à la qualité de vie mais d'un enjeu de santé publique ».

  • Roissy est aujourd'hui la première plate-forme européenne en nombre de mouvements : chaque jour, 1.400 avions atterrissent ou décollent en moyenne, dont 162 la nuit.
  • Selon les conditions météorologiques, entre 50.000 et 430.000 personnes sont survolées jour et nuit par des avions volant à basse altitude (moins de 1.000 mètres).
  • Les nuisances sonores engendrées par ce fort trafic, sont particulièrement gênantes la nuit. Et ce d'autant plus que depuis la fin des années 1990, une nouvelle piste a été mise en place, tandis que les vols de nuit ont pris leur « envol » avec une hausse de 39% entre 1997 et 2001.
  • Pour les populations vivant en dessous des couloirs aériens, l'ambiance sonore s'est considérablement dégradée, avec une intensité de plus en plus élevée et quasiment continue.

* Cette étude épidémiologique a été lancée par deux associations : l'ADVOCNAR (Association de défense contre les nuisances sonores aériennes) et le CSNA (Collectif santé nuisances aériennes). Elle a été réalisée du 26 février au 18 mars 2004 auprès de 1.000 personnes de plus de 18 ans (500 vivant dans des zones exposées et 500 dans des zones non exposées), à l'aide d'un questionnaire comprenant une trentaine de questions.** Sans vouloir un monde sans transport aérien, Sébastien Trollé, souhaite une prise de conscience sur les risques sanitaires encourus par les populations survolées, afin que des solutions de moindres nuisances soient mises en place, ou au moins débattues en toute connaissance de cause.

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Source : Conférence de presse " Présentation des résultats de l'étude épidémiologique : Insomnia ", 19 juin 2004.