Cannabis : jouons la transparence

En France, plus de 60% des garçons de 19 ans ont expérimenté le cannabis. Ce pourcentage tombe à 50% chez les 25-34 ans et à 30% chez les 35-44 ans. Autant dire que la consommation de cannabis est en hausse chez les jeunes. Elle a notamment fortement augmenté chez les 15-16 ans en passant de 12% en 1993 à 35% en 1999, avec une prédominance masculine.
Ivresse ou psychose ?
Les effets du cannabis durent en moyenne de 2 à 10 heures en fonction de la dose et de la sensibilité personnelle: somnolence, euphorie, sensation de bien-être avec une détérioration de la perception du temps et une incapacité à accomplir les tâches complexes. Les performances psychomotrices et intellectuelles sont altérées avec par exemple des difficultés à se rappeler des mots, des histoires, des images ou des sons. Et enfin, des attaques de panique et des angoisses de dépersonnalisation ont été observées. Soulignons par ailleurs que le cannabis est, la plupart du temps, fumé en association avec du tabac dont les effets néfastes connus se cumulent, avec notamment une altération des fonctions respiratoires et cardio-vasculaires.
Avertir les usagers réguliers
Outre les retombées immédiates, les dangers viennent de l'usage répété et régulier. Plus de 13% des garçons et 7% des filles de 17 ans ont fumé du cannabis 10 fois ou plus au cours du dernier mois. Si la dépendance à cette drogue n'est pas reconnue pour être de nature physique, il existe néanmoins un phénomène d'accoutumance (tolérance, besoin d'augmenter la dose pour obtenir le même effet). Or la tolérance fait partie des critères diagnostiques de la dépendance.
Les données scientifiques actuelles
Le cannabis exercerait essentiellement un impact négatif temporaire sur la mémoire. Une consommation importante et répétée a également été associée à une diminution de la production des spermatozoïdes et à la présence de cycles sans ovulation chez les femmes. Des cancers bronchiques et des voies aérodigestives supérieures ont également été signalés chez des jeunes fumant exclusivement du cannabis. En effet, la quantité de goudrons présente dans un joint est plus élevée que dans une cigarette: 50mg contre 12.
Pas tous égaux
Comme face au tabac ou à l'alcool, les sujets les plus vulnérables sont les plus à risque: adolescents, consommateurs d'alcool, d'autres drogues, personnalité fragile, difficultés sociales, affectives, familiales, antécédents familiaux…
Abstinence impérative
Certaines situations rendent l'abstinence impérative:
- automobilistes;
- métier nécessitant une grande vigilance et dont dépend la sécurité d'autrui;
- femmes enceintes, pour leur futur enfant;
- schizophrènes et jeunes filles boulimiques car le risque suicidaire, les troubles de l'humeur et les angoisses s'accentuent.
La question reste donc ouverte: faut-il oui ou non dépénaliser le cannabis ou pour le moins ne plus le diaboliser?