Bébé fivette : des risques à mesurer

Publié par Dr Agnès Lara
le 27/03/2002
Maj le
3 minutes
Autre
Selon deux études, l'une américaine, l'autre australienne, la procréation médicalement assistée ne serait pas sans risque sur le devenir des enfants. Les bébés « éprouvette » auraient en effet deux fois plus de risque que les autres de naître avec un petit poids de naissance ou d'être atteint de malformations congénitales. Bien que peu élevés, ces risques doivent être connus des parents avant toute prise de décision.

Les progrès de la procréation médicalement assistée ont fait le bonheur de nombreux couples stériles, leur permettant de découvrir la joie d'être parents. Ces avancées sont essentiellement dues au développement de deux techniques majeures: la fécondation « in vitro » ou FIV et la technique de l'ICSI.La fécondation « in vitro », première en date, permet à un ovule et à un spermatozoïde de se rencontrer dans une éprouvette lorsque cela n'est pas possible de façon naturelle (difficulté d'ovulation, malformation des trompes). Une fois l'œuf fécondé, il est implanté dans l'utérus de la mère. Le développement du fœtus suit alors son cours normal.L'ICSI (injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde) est une technique plus récente davantage utilisée lors de stérilité masculine. Comme son nom l'indique, elle consiste à injecter directement le spermatozoïde dans l'ovule. C'est le cas par exemple, lorsque les spermatozoïdes n'ont pas la mobilité suffisante ou sont incapables de pénétrer seuls dans l'ovule.

Que sont devenus les bébés " éprouvette " ?

20 ans après le premier bébé éprouvette, les scientifiques ont pris suffisamment de recul pour dresser un bilan. Que sont devenus ces bébés? Se sont-ils développés normalement? Les procédés liés à leur procréation n'ont-ils pas généré un risque d'anomalies accru? La réponse à cette dernière question semble être positive si l'on en croit les résultats récents de deux équipes de chercheurs, l'une australienne, l'autre américaine.

Plus de malformations et de petits poids de naissance

Selon elles, ces enfants issus de la procréation médicalement assistée ont un risque deux fois plus élevé de présenter des anomalies (malformation ou faible poids de naissance) que ceux conçus naturellement. Ces résultats restent vrais quelle que soit la méthode utilisée: 9% des enfants issus de FIV et 8,6% des enfants issus d'ICSI sont concernés par ces anomalies contre seulement 4,6% pour les autres. Les malformations sont le plus souvent d'ordre musculo-squelettique, mais des anomalies importantes ont également été observées sur les appareils urinaires, génitaux et cardio-vasculaires de ces enfants. Les très faibles poids de naissance (6%) sont, eux, dus en partie aux grossesses multiples induites par l'implantation de plusieurs embryons, mais pas seulement. Ces enfants présentent également de façon intrinsèque un risque plus élevé de petit poids de naissance.

Des hypothèses nombreuses mais peu de réponses

Plusieurs hypothèses peuvent être émises pour expliquer cette majoration du risque. Les traitements contre l'infertilité, la congélation des embryons, le fait que plusieurs spermatozoïdes puissent pénétrer dans une même ovule, etc. peuvent être à l'origine de cet excès de risque. Cependant, il est impossible de savoir si celui-ci est réellement dû aux techniques de procréation médicalement assistée ou bien s'il est lié aux causes de la stérilité des couples.

Une grossesse sous haute surveillance

Même si ce risque existe, il ne faut cependant pas dramatiser. Selon ces mêmes chiffres la probabilité d'avoir un enfant avec un poids de naissance normal est de 94% et celle d'avoir un enfant dépourvu de toute malformation est de 91%. Pour nombre de couples, le désir d'enfant est tellement fort que ces risques (somme toute assez faibles) n'entament pas leur détermination. Les grossesses devront néanmoins faire l'objet d'une plus grande attention, notamment lors des différentes échographies de manière à déceler au plus tôt des anomalies éventuelles.Et pour ceux qui ne veulent pas prendre de risque, il ne faut pas oublier que l'adoption peut être une solution alternative à la procréation médicalement assistée.

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