Asthme de l'enfant : priorité à la prévention

Publié par Dr Sylvie Coulomb
le 24/06/2000
Maj le
5 minutes
Autre
Que votre enfant soit asthmatique, ou bien qu'il ait un terrain "atopique" (allergique) entraînant des épisodes de toux, une prévention efficace passe par la surveillance de son cadre de vie et, à chaque fois que possible, l'élimination des causes déclenchantes.

L'asthme est une maladie des bronches qui réagissent de façon exagérée aux irritants. Cette hyperréactivité entraîne une contraction des muscles bronchiques et une inflammation de la paroi des bronches. Dans certaines circonstances (effort, maladie, allergie, etc.), les muscles bronchiques se contractent brutalement et diminuent le passage disponible pour l'air. C'est alors la crise d'asthme, caractérisée par une difficulté à respirer ("dyspnée"), associée à une toux et une respiration sifflante. Pour éviter ces crises, outre l'institution d'un traitement de fond, il faut mettre en place des mesures d'éviction des causes déclenchantes.

Votre enfant a un asthme avéré : adaptez son cadre de vie !

De nombreux agents présents dans son environnement (allergènes ou substances déterminant l'allergie, tabagisme passif, infections virales, polluants atmosphériques) sont susceptibles de déclencher des crises plus ou moins sévères, qui peuvent être en partie contrôlées par des mesures préventives. Celles-ci consistent à essayer de diminuer ou même de supprimer le contact avec des causes déclenchantes. Elles sont malheureusement nombreuses et plusieurs d'entre elles peuvent coexister dans le cadre de vie de l'enfant, augmentant alors le risque de crises.

L'allergie est en effet un facteur de risque très important car les allergènes responsables de l'asthme sont présents dans l'environnement quotidien de l'enfant. Les plus fréquemment en cause sont les blattes, les poils d'animaux domestiques (chien, chat, hamster, lapin) et surtout les acariens contenus dans les poussières de maison (ce sont des animaux microscopiques qu'on trouve surtout dans la literie, les tapisseries, moquettes, peluches, etc.). Leur prolifération étant favorisée par la chaleur et l'humidité, il est nécessaire d'aérer souvent la chambre de l'enfant, de nettoyer régulièrement la literie (matelas et taie) et d'éviter de trop chauffer votre habitation. Sachez également que l'aspirateur est plus efficace que le balai pour supprimer la poussière, si le modèle utilisé dispose d'un filtre. A défaut, l'utilisation d'un chiffon humide est très performante.Vous trouverez des informations complémentaires sur les moyens de lutte contre les acariens sur le site http://www.allergienet.com.

L'allergie alimentaire est de plus en plus fréquente

La substance allergisante peut se trouver cachée dans de nombreux aliments (œufs, poissons, céréales, arachides, chocolat...). Cette allergie est parfois encore plus difficile à contrôler si l'enfant prend des repas en dehors de son domicile (crèche, cantine, centre de loisirs...). Il faut y penser au moindre doute, notamment en cas de crises d'asthme bien sûr, mais aussi de démangeaisons avec ou sans atteinte cutanée (urticaire ou eczéma).

Certains allergènes sont saisonniers

Il s'agit des pollens qui se rencontrent essentiellement au printemps et en été. Evitez donc les promenades prolongées dans les champs, lors de la floraison des graminées. Vous trouverez des compléments d'informations sur les régions concernées par les pollens sur le site du Réseau National de Surveillance Aérobiologique: http://www.rnsa.asso.fr

Les infections virales des voies respiratoires seraient à l'origine de 75% des crises d'asthme !

L'enfant asthmatique est particulièrement sensible à ces infections (rhumes, bronchiolites, bronchites). D'ailleurs, l'asthme débutant ne se traduit bien souvent que par des bronchites à répétition. Il est certain que les modes de garde collectifs augmentent la fréquence des infections virales chez les jeunes enfants. Le retrait de la crèche ou le choix d'un mode de garde plus individualisé peuvent être conseillés devant des infections à répétition. Il faut cependant peser le bénéfice de ce type de mesure en fonction de l'environnement de l'enfant, qui peut être exposé chez lui à d'autres facteurs polluants, comme le tabagisme familial.

Pensez à vos enfants : ne fumez pas !

Le tabagisme passif a en effet une influence particulièrement néfaste à la fois sur les symptômes et sur la fonction respiratoire de l'enfant. Malheureusement, malgré toutes les mises en garde, la suppression du tabagisme familial n'est pas toujours obtenue ! A défaut d'un arrêt total du tabagisme, les parents doivent absolument cesser de fumer à la maison et fumer dehors, sur le balcon par exemple.

L'impact du tabagisme est bien supérieur à celui des polluants atmosphériques (carburants de voitures, fumées d'usines) et d'autres irritants comme les sprays ménagers ou les produits de peinture, qui peuvent néanmoins intervenir dans le déclenchement de crises d'asthme. Leur suppression est cependant plus difficile à maîtriser...

Un enfant asthmatique peut faire du sport

Il est vrai que, chez certains enfants, l'effort peut déclencher des crises d'asthme. Mais quelques règles simples peuvent permettre de les prévenir ou de les limiter. Il ne faut surtout pas empêcher l'enfant asthmatique de faire du sport, bien au contraire. D'ailleurs, de nombreux champions olympiques et athlètes de haut niveau étaient ou sont asthmatiques ! Le choix d'un sport doit avant tout se faire selon les goûts de l'enfant. Evitez cependant, si possible, les exercices en salle (judo, danse, volley...) et l'équitation (risque de sensibilisation au cheval ou à d'autres allergènes contenus dans la paille). La préparation de l'activité physique doit être progressive, notamment dans le cas d'une activité d'endurance, en faisant un bon échauffement musculaire et en sachant gérer l'effort.

Votre enfant n'est pas asthmatique, mais il a un terrain prédisposé (parent asthmatique, enfant tousseur, terrain atopique ou allergique): soyez vigilant !Toutes ces mesures de prévention doivent alors se discuter au cas par cas. Demandez conseil à votre médecin, qui fera un bilan précis de la situation et vous conseillera si nécessaire un traitement anti-allergique et les mesures préventives adéquates.

Si nécessaire l'asthme doit être traité quotidiennement

La surveillance de l'environnement de l'enfant asthmatique est une condition indispensable, mais pas toujours suffisante: elle peut être associée à un traitement de fond bien suivi, qui permettra de contrôler la maladie et de préserver la fonction respiratoire de l'enfant.

Si, malgré un traitement préventif adapté et bien suivi, associé à l'éviction méthodique des facteurs déclenchants, les crises persistent, il faut alors impérativement consulter un médecin pneumologue et/ou allergologue, qui adaptera le traitement et si nécessaire complètera l'enquête sur votre habitat. De simples tests d'identification des allergènes pourront être prescrits.

L'allergie doit être traitée précocement

Les traitements anti-allergiques doivent être débutés le plus tôt possible, dès le début des symptômes ou mieux, en cas d'allergie reconnue, avant l'exposition aux allergènes (pollens, poussière de maison lors des week-ends dans la maison de campagne,...). L'objectif est d'empêcher l'inflammation bronchique de s'installer durablement, celle-ci étant alors beaucoup plus difficile à soigner. Il est plus facile de tenir les rênes d'un cheval à l'arrêt que lorsqu'il se met à galoper ! Plus le traitement et les mesures de prévention sont mis en place rapidement, plus l'enfant a de chances d'échapper aux conséquences de sa maladie.

Sources

Vivre son asthme. François-Bernard Michel. Editions du Rocher. Asthme de l'enfant. Guy Dutau. Ellipes. Delamarre J. et coll. "Dictionnaire des termes de médecine" - 25e éd." Maloine éd ; Paris 1998.

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