Antibiotiques : seront-ils encore efficaces demain ?

Les antibiotiques ont permis de faire reculer la mortalité liée aux maladies infectieuses bactériennes. Mais à force de les utiliser, de plus en plus de bactéries leur résistent. Moins forts, ils risquent d’avoir  plus de mal à nous soigner.
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Résistance aux antibiotiques : dix millions de morts en 2050

Un groupe d’experts britanniques le prédit : la résistance aux antibiotiques pourrait tuer dix millions de personnes par an sur la planète en 2050. « Le monde s’achemine vers une ère post-antibiotique où des affections courantes et des blessures mineures pourraient à nouveau tuer », estiment, pour leur part, les Académies de médecine, pharmacie, vétérinaire, chirurgie dentaire et agriculture. Selon l’Institut national de veille sanitaire, en France, l’antibiorésistance serait responsable de 158 000 infections contractées à l’hôpital chaque année et de 15 000 morts. En cause, la surconsommation d’antibiotiques en médecine humaine et animale.

La bonne nouvelle, c’est que la situation peut s’inverser si des mesures efficaces sont mises en place. Ainsi, en France, la résistance au staphylocoque doré à l’hôpital a été divisé par deux en quinze ans grâce au lavage des mains avec une solution hydro alcoolique et à l’isolement des patients.

Antibiotiques : des résistances aux entérobactéries émergent

La mauvaise nouvelle, c’est que d’autres résistances aux bactéries émergent, y compris en ville, avec les entérobactéries qui colonisent notre tube digestif comme les escherichia coli et les klebsiella pneumoniae (responsables de cystite, d’infections nosocomiales, etc.). Selon les estimations, un à trois patients infectés par ces bactéries ne pourront plus être soignés bientôt avec les antibiotiques classiques. Le phénomène reste relativement limité en France, en revanche, il explose là où les antibiotiques sont utilisés sans compter, parfois même en l’absence d’ordonnance : Grèce, Italie, Inde, Asie, Moyen-Orient, Afrique du Nord...

Le problème est d’autant plus inquiétant que les bactéries n’ont pas de frontières et que le risque de les importer représente une menace sérieuse : « Il y a des touristes qui reviennent avec ces infections de l’étranger, surtout quand ils ont été hospitalisés », souligne Alain Philippon, professeur émérite à la Faculté de médecine Paris Descartes.

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Source : Conférence de presse « Antibiotiques, antibiorésistance et environnement », organisée par cinq académies : médecine, pharmacie, vétérinaire, chirurgie dentaire, agriculture, 15 juin 2016, Institut Curie, Paris.