Alcool à l'adolescence, cerveau moins performant à l'âge adulte ?

L'alcool perturberait le fonctionnement cérébral chez les adultes
Les personnes qui ont abusé de l'alcool finissent, avec les années, par avoir des problèmes de fonctionnement cérébral, en particulier lors de la prise de décisions complexes. Leur cerveau a des difficultés à évaluer si une prise de risque est ou non acceptable. Mais on ne sait pas quel est l'élément de départ de ce problème. L'alcool représente-t-il une béquille pour les personnes en difficulté psychique ? Ou bien est-ce l'effet de l'alcool qui perturbe l'évaluation des risques et la prise de décisions ?
Des rongeurs adolescents ont servi d'étude pour les comportements
A l'université de Seattle, des chercheurs ont choisi comme modèle d'étude des rats adolescents. Les animaux qui reçoivent de l'alcool de manière chronique sont par la suite handicapés en ce qui concerne leur capacité à évaluer la probabilité d'événements à venir. En clair, quand on donne à des rats la possibilité d'accéder à de la nourriture, leur comportement, normalement s'adapte. Ils préfèrent habituellement ne pas prendre trop de risques et recevoir moins de nourriture s'il existe une forte chance de l'obtenir. Les rats qui ont été alcoolisés pendant leur adolescence, eux, choisissent de prendre un maximum de risques si la récompense en nourriture est plus abondante... Même si la probabilité est très faible pour qu'ils réussissent à l'obtenir. Au total, les rats qui n'ont jamais été alcoolisés parviennent à se nourrir beaucoup mieux que les autres. Les rats alcoolisés pendant l'adolescence semblent fantasmer sur des récompenses irréalistes et cela dure toute leur vie, même longtemps après l'arrêt de l'alcool.
Si l'alcool agit de la même manière chez les humains...
Les adolescents ayant trop bu d'alcool pourraient ne pas être capables par la suite d'estimer de manière réaliste leurs possibilités. Ils se laisseraient griser par une perspective exaltante, sans en percevoir les risques. Aussi pourraient-ils devenir plus facilement des joueurs pathologiques, des cibles pour les escrocs, des personnalités plus mythomanes que la moyenne. Ils pourraient aussi prendre plus de risques au volant, dans l'investissement de leur argent, dans leurs choix de carrière...
Le principe de précaution appliqué à l'alcool
Bien sûr, les humains ne sont pas des rongeurs. On ne peut transposer complètement ces données du rat à l'humain. Néanmoins, nous sommes aussi des mammifères et notre cerveau est beaucoup plus complexe encore que celui des rats. Alors, si l'alcool est peut-être moins toxique pour nous, il se pourrait bien aussi que notre cerveau soit plus sensible à l'alcool que celui des animaux d'expérience.
C'est pourquoi le principe de précaution voudrait que l'on interdise l'alcool aux mineurs, dans les lieux publics, comme c'est heureusement le cas, mais aussi au sein des familles... Et là, ce n'est pas toujours respecté.