50% des prescriptions d’antibiotiques sont inutiles !

La moitié des prescriptions d’antibiotiques superflue
La France se maintient dans le peloton de tête des pays les plus gros consommateurs d’antibiotiques. La diminution de la consommation à partir des années 2000 (-10,7% entre 2000 et 2013), n’aura pas duré. Celle-ci est repartie à la hausse depuis 2010 et la tendance s’est confirmée en 2013 (+ 5,9%) (1).
Or, dans nombreuses infections courantes, les antibiotiques ne servent à rien ! C’est le cas des bronchites, des angines pour lesquelles on n’a pas fait de Test de Diagnostic Rapide (TDR), des rhinopharyngites, des laryngites, des bronchiolites, de la grippe et de l’asthme.
Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue au Centre Hospitalier intercommunal de Créteil : « La moitié des antibiotiques prescrits concerne pourtant ces maladies, où il n’a pourtant jamais été montré qu’ils avaient un effet bénéfique, chez l’adulte comme chez l’enfant ». Les dernières données en date en novembre 2014 le confirment : les affections des voies respiratoires comptent pour 70% des prescriptions d’antibiotiques, suivies par les infections urinaires et les otites (1).
Moins consulter pour lever le pied sur les antibiotiques
Un constat pourrait faire bouger les choses : moins les médecins prescrivent d’antibiotiques, moins les patients consultent. Et moins ils consultent, moins ils consomment d’antibiotiques. De nombreuses études ont mis en évidence ce cercle vertueux (2) (3).
Pr Robert Cohen : « Lorsqu’une personne malade consulte un médecin et que celui-ci lui prescrit un antibiotique, elle s’imagine qu’elle a bien fait de venir. Si, au contraire, après un examen médical approfondi, le médecin estime inutile de prescrire un antibiotique, alors la personne consulte moins souvent et les prescriptions d’antibiotiques diminuent. La prescription modérée et raisonnée des antibiotiques est un critère de qualité pour le médecin traitant que vous choisirez."
Antibiotiques, cinq conseils pour avoir la bonne attitude !
- Un examen clinique par le médecin, bien conduit, ne s’accompagne pas forcément d’une antibiothérapie ! Préserver l’efficacité des antibiotiques passera tout d’abord par la prise de conscience de chacun de l’utilisation à bon escient et surtout pas systématique des antibiotiques au décours d’une consultation médicale.
- Utiliser les Tests de Diagnostic Rapide ! Les TDR sont pratiques pour ne pas jouer à pile ou face et éviter une cure d’antibiotiques inutile !
Depuis 13 ans déjà, les Tests de Diagnostic Rapide Angine (TDR Angine) sont recommandés et proposés gratuitement au médecin. Pas de raison de s’en priver, car c’est le seul moyen de repérer de façon certaine les 10 à 30 % d’angines bactériennes parmi les angines dont la grande majorité sont d’origine virale.
Même principe pour la grippe avec le TDR Grippe : ce test repère en 30 minutes les virus influenza A et B et permet donc de constater l’infection virale, auquel cas on peut se passer d’antibiotique.
Autre test faisable au cabinet médical, la CRP micro (dosage de la protéine C réactive). Elle permet à partir d’une goutte de sang et en quelques minutes, de différencier une infection virale d’une infection bactérienne, par exemple en cas de toux pour distinguer une bronchite virale d’une pneumopathie (maladie du poumon) bactérienne. La CRP micro est malheureusement peu utilisée en France contrairement à la Grande-Bretagne, par exemple.
- Ne pas consulter trop tôt pour de nombreuses maladies.
La fièvre, la toux sont les témoins de la mise en place par notre organisme de mécanismes de défense qui suffisent le plus souvent à guérir des infections virales et de très nombreuses bactériennes bénignes.
Pr Robert Cohen : « Les fièvres d’une durée inférieure à trois jours, si elles ne sont pas trop élevées ou si elles ne s’accompagnent pas d’autres symptômes inquiétants, ne doivent pas automatiquement conduire à des consultations ». Il en va de même pour les toux où le délai habituel est de dix jours.
- Ne pas demander à son médecin des antibiotiques s’il ne vous en prescrit pas.
- Ne jamais commencer un traitement antibiotique sans prescription.
Sources
(1) « L’évolution des consommations d’antibiotiques en France entre 2000 et 2013 », rapport de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé/novembre 2014. www.ansm.sante.fr; (2) Little P BMJ 1997;314:722 ; (3) Little P BMJ 1997;315:350
D’après une interview du Pr Robert Cohen, Pédiatre infectiologue au CHI de Créteil suite aux 1ères Journées de Réflexion Pluridisciplinaire /30 Juin -01 Juillet « ANTIBIOTIQUES : de l’innovation de rupture à la rupture de l’innovation », Paris, organisées par les laboratoires MSD.
A l'occasion de la Journée Européenne d'information sur les antibiotiques, le 18 novembre 2015. www.sante.gouv.fr