Contraception, où en est-on ?

La polémique sur les pilules de 3ème et 4ème générations et leur déremboursement a conduit les femmes à s'intéresser à d'autres modes de contraception. Attention, si certaines méthodes comme le DIU sont efficaces, d'autres sont plus risquées...
Sommaire

Depuis la vague de déremboursement des pilules estro-progestatives de 3ème génération en mars 2013, le comportement des Françaises en matière de contraception a changé. La controverse associée à ces contraceptifs oraux et la plainte d'une victime d'AVC qui affirmait le devoir à ce type de pilules ont fait grand bruit et effrayé de nombreuses femmes.

La gestion peu compréhensible de l'information autour de ces risques avait fait craindre un abandon anarchique et massif de leur contraception par les femmes ; et par voie de conséquence une hausse du nombre de grossesses non désirées et d'IVG. D'où l'intérêt de cette enquête, menée quelques mois après la polémique par l'lned (Institut national des études démographiques) et l'Inserm, publiée en mai 2014.

Objectif de cette enquête appelée Fecond et réalisée auprès de 4 500 femmes et 1 500 hommes : évaluer les changements de comportement des femmes par rapport à l'enquête Fecond précédente, en 2010. Les résultats ne sont pas catastrophiques mais révèlent une certaine désaffection pour la pilule, amorcée au début des années 2000.

Près d'une femme sur cinq déclare avoir changé de contraception depuis le débat médiatique de 2012-2013 sur les pilules. Au profit du stérilet et du préservatif, mais aussi de méthodes « naturelles » (retrait, méthodes d'ovulation...) et aléatoires.

1 femme sur 5 a changé de méthode contraceptive au cours de l'année écoulée.

Source : Enquête Fecond, Ined et Inserm, 2014.

Essayer le stérilet

Les Françaises ont été longtemps les championnes du monde de l'utilisation de la pilule et dans le peloton de queue pour le stérilet. Mais les choses changent.

Dans l'enquête Fecond de 2010, le recours au DIU (dispositif intra-utérin), appelé couramment stérilet, avait déjà progressé de 1,9 point, avec une hausse plus marquée chez les jeunes, et cette tendance se poursuit : + 47 % d'utilisatrices fin 2013.

Les femmes nullipares aussi

En 2010, une enquête de l'Inserm estimait à 20 % le nombre de femmes en âge de procréer utilisant un DIU. Cette faible adhésion à un dispositif pourtant au moins aussi efficace que la contraception orale s'explique en partie par la réticence des médecins à le prescrire chez les très jeunes femmes et les récemment que les DIU pouvaient aussi être proposés aux femmes nullipares sans inconvénient.

Halte aux idées fausses

Ces chiffres assez bas sont également dus à de nombreuses idées reçues qui courent sur le stérilet (lire Réponses d'expert). Certaines femmes ont aussi des craintes.

  • Elles pensent par exemple que leur partenaire va « sentir les fils ». Normalement, il ne ressent aucune gêne, mais s'il sent les fils, il suffit que le médecin les recoupe plus courts. D'ailleurs, c'est entre autres pour cette raison qu'une visite de contrôle est nécessaire quelques temps après la pose.
  • D'autres redoutent des règles diluviennes ; ce n'est pas tout à fait ça. Après la pose d'un DIU au cuivre les règles peuvent être plus abondantes mais uniquement pendant les premiers mois après la pose (50 % des cas), ensuite elles retrouvent leur niveau physiologique. Avec le stérilet hormonal, c'est l'invers, l'abondance des règles diminue et celles-ci peuvent même disparaitre.
  • Elles pensent aussi qu'il peut « s'en aller » : ce n'est vraiment pas fréquent. Plus rare encore (1 cas sur 1 000), il peut remonter, mais l'enlever ne pose alors aucun problème.
  • Autre crainte, les infections : en fait, le cuivre ayant une propriété anti-infectieuse, le risque est particulièrement faible, même chez les diabétiques, et n'existe que durant les premières semaines après la pose.
  • Enfin, certaines femmes ont peur d'avoir mal pendant la pose. Non si celle-ci est pratiquée par un gynécologue ou une sage-femme expérimenté. Et, en cas d'angoisse, le médecin peut prescrire une prémédication pour se détendre.

A chacune son modèle

Aujourd'hui, il existe de nombreux modèles de DIU, de différentes formes et tailles, choisis en fonction de la morphologie de l'utérus de la femme. Selon le modèle, ils agissent de 5 à 10 ans.

Autre avantage : c'est la méthode de contraception la moins coûteuse.

A savoir : le DIU au cuivre est aussi efficace que le DIU hormonal au lévonorgestrel (progestatif de synthèse).

Contraception : les réponses d'expert

Dr Teddy Linet, gynécologue-obstétricien au Centre hospitalier Loire-Vendée Océan.

« Les femmes ont des idées préconçues sur le stérilet »

Quelle est l'idée fausse la plus fréquente ?

  • Penser que le stérilet « rend stérile » est totalement erroné.

    Après le retrait du stérilet, les femmes retrouvent leur fertilité. D'ailleurs, cette méthode de contraception s'adresse aussi aux femmes n'ayant pas encore eu d'enfants. Il existe des DIU de petite taille s'adaptant aux utérus plus petits des femmes n'ayant jamais accouché. Cette idée reçue tient au nom couramment utilisé de stérilet qu'il faudrait abandonner.

Quelles autres idées fausses freinent le choix du DIU ?

  • Par exemple, le DIU serait moins efficace que la pilule. Non, avec le DIU il n'y a pas d'oubli possible et son efficacité est supérieure à 99 %.
  • Il favoriserait les grossesses extra-utérines… Encore une idée reçue répandue complètement fausse.
  • Il serait moins efficace quand la femme prend des anti-inflammatoires non stéroïdiens : c'est faux.
  • Ce serait un moyen abortif : pas du tout, c'est un moyen contraceptif. En freinant les spermatozoïdes, il limite leur liaison à l'ovule et en cas de fécondation il empêche la nidation.
  • Il y a aussi des particularités culturelles, amusantes mais tout aussi erronées : il ne faudrait pas prendre de vinaigre, ne pas faire de cheval, le stérilet « sonnerait » dans les aéroports, etc.

Les stérilets, le plus souvent en forme de T, mesurent 3,5 cm voire moins. Ils sont recouverts en partie de cuivre ou munis d'un réservoir de progestatif. Ces derniers sont intéressants en cas de règles abondantes et douloureuses car ils diminuent le volume des règles.

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Source : "Contraception, où en est-on ?", un article du magazine Bien-Etre & Santé n°313 de juillet-août 2014