Syndrome des ovaires polykystiques : un risque de cancer doublé après la ménopause

Les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ne présentent pas plus de risque de cancer de l'ovaire que les autres femmes. Mais la ménopause change la donne, selon une étude.
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La ménopause marque une transition de vie importante chez la femme, apportant une série de changements hormonaux et, par effet domino, de modifications métaboliques, physiques et psychologiques. Chez les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), la ménopause exposerait à un autre risque méconnu pour la santé : celui de développer un cancer de l’ovaire.

Cette conséquence inattendue vient d’être révélée à l’issue d’une étude d’envergure, parue dans l'International Journal of Cancer. Ces travaux, présentés lors de la 39e réunion annuelle de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie, devraient avoir des répercussions importantes sur l’accompagnement des femmes présentant le SOPK. Pour cause, ils suggèrent un risque doublement accru de développer un cancer de l’ovaire chez les femmes atteintes de SOPK à la ménopause.

Dans le détail, les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ne courent pas plus de risques de développer un cancer de l'ovaire que celles qui ne souffrent pas de ce trouble hormonal courant. En revanche, une fois ménopausées, celles qui souffrent du SOPK semblent deux fois plus vulnérables au risque de se faire diagnostiquer un cancer de l'ovaire.

La première cause d’infertilité en France

Le syndrome des ovaires polykystiques touche une femme sur dix en France, rappelle l’Inserm qui décrit cette maladie hormonale fréquente. Cette pathologie est liée à un "dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale (au niveau du cerveau)". Ce dysfonctionnement se traduit par une production excessive d’androgènes, en particulier de testostérone. Alors que ces hormones mâles sont, habituellement produites en petite quantité dans l’organisme féminin, en présence d’un SOPK, on constate "une élévation du taux de testostérone dans le sang des femmes concernées", précise l’institut.

Dans son étude, le Centre danois de recherche sur le cancer et de l'hôpital Herlev, au Danemark, s'est concentré sur le cancer épithélial de l'ovaire. Cette maladie se développe à la surface de l'ovaire et représente 90 % des tumeurs ovariennes.

Les chercheurs ont examiné les données d’1,7 million de femmes nées au Danemark entre le 1er janvier 1940 et le 31 décembre 1993.

 L’équipe danoise s’est penchée sur le diagnostic de SOPK et de cancer à partir des registres nationaux et de migration. Ils ont étudié les données de femmes ayant atteint 51 ans, défini comme l'âge moyen de la ménopause au Danemark.

Au cours de la période étudiée de 26 ans, 6 490 femmes ont reçu un diagnostic de cancer épithélial de l'ovaire et 2 990 un diagnostic de tumeur borderline ovarienne (tumeur rare localisée dans les cellules épithéliales de l’ovaire).

SOPK : pour une meilleure prise en charge des femmes

L'augmentation du risque de cancer de l'ovaire et de tumeurs borderline ovariennes n'était pas statistiquement significatif chez les femmes atteintes de SOPK, par rapport à celles qui n'en sont pas atteintes. Mais le risque de développer un cancer de l'ovaire était doublement plus élevé chez les femmes ménopausées que chez les femmes ne souffrant pas de SOPK.

Les auteurs ne s’expliquent pas ce phénomène car le SPOK reste une maladie complexe. Parmi les pistes évoquées, il se pourrait que l'exposition à long terme à des facteurs potentiellement cancérigènes soit en cause, comme la production excessive d'hormones sexuelles mâles.

Forts de leur découverte, les chercheurs plaident pour que leurs travaux débouchent sur une prise de conscience accrue d’une meilleure prise en charge de la santé des femmes vivant avec le syndrome des ovaires polykystiques. Une maladie pour lequel il n’existe à ce jour aucun traitement.  

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