Fin de vie : qu'est-ce que la sédation profonde et continue ?

Dans un nouveau guide, la Haute Autorité de Santé fixe le cadre de la sédation profonde et continue jusqu'au décès. E-Santé vous explique en quoi consiste cette mesure destinée à la fin de vie.
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Eviter l'acharnement thérapeutique et faciliter la fin de vie des personnes gravement malades. Tel était l'esprit de la loi Claeys-Leonetti, adoptée en février 2016. Elle autorise notamment les équipes médicales à mettre en place une sédation profonde et continue jusqu'au décès. Ce 15 mars, un guide de la Haute Autorité de Santé en a rappelé les conditions.

L'objectif de ce document : aider les patient.e.s et les soignant.e.s dans une décision qui n'a rien de simple. Et épargner toute souffrance évitable aux malades. Mais en quoi consiste exactement cette mesure ? E-Santé fait le point.

Le dosage est adapté aux besoins

La sédation profonde et continue jusqu'au décès est un terme compliqué qui masque une réalité très simple. Afin d'éviter au malade de souffrir dans ses derniers jours ou semaines de vie, un traitement chimique peut être mis en place par les équipes que le ou la soignent.

Pour cela, plusieurs types de médicaments peuvent être utilisés. Le plus souvent, c'est le midazolam, un hypnotique sédatif, qui est injecté par intraveineuse à intervalles réguliers. D'autres molécules de la classe des benzodiazépines (Valium, Rivotril, Tranxene) sont parfois prescrites avec un neuroleptique.

Ces traitements peuvent être utilisés à différents dosages. L'objectif est d'adapter la quantité de médicament à l'état du patient ou de la patiente. Quitte à obtenir une perte de conscience jusqu'au décès.

Dans le même temps, tous les gestes permettant de maintenir en vie la personne – comme l'hydratation ou la nutrition artificielles – sont interrompus. En revanche, les soins de confort (soins de la bouche, hygiène, prévention des esquarres) sont poursuivis, afin de permettre une fin de vie digne.

La différence avec l'euthanasie

Cette disposition peut concerner des personnes atteintes de cancers, par exemple. La loi prévoit deux possibilités. Si la personne est capable d'exprimer sa volonté, elle peut demander une sédation dans deux cas : si la souffrance est réfractaire au traitement et que le pronostic vital est engagé à court terme; si l'arrêt du traitement engage le pronostic vital et qu'une souffrance "insupportable" peut en découler.

Lorsque le.la patient.e ne peut pas exprimer sa volonté – parce qu'il est dans le coma par exemple, une procédure collégiale peut mener à la décision d'une sédation profonde et continue jusqu'au décès. Une exception : si les directives anticipées s'opposent clairement à une telle décision.

La sédation profonde et continue n'a donc rien à voir avec l'euthanasie, qui reste interdite en France. Dans le cadre d'une euthanasie, le malade demande à ce que sa vie soit abrégée. Le médicament est donc dosé de manière à tuer la personne.

Ce n'est pas le cas avec la sédation profonde, qui a pour but de soulager les douleurs. Ce n'est donc pas le médicament qui provoque la mort, mais l'évolution naturelle de la maladie.

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Source : Comment mettre en œuvre une sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès ?, HAS, 15 mars 2018
La sédation profonde et continue jusqu'au décès, Ministère des Solidarités et de la Santé, consulté le 16 mars 2018