Alcool et vin, même bénéfice cardiovasculaire ?

Les personnes qui consomment de l’alcool de façon modérée et régulière font moins d’évènements cardiovasculaires que les autres. Mais les buveurs de bière, de spiritueux ou de vin ne sont pas logés à la même enseigne...
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Vin ou bière ? Avantage au vin

Un effet potentiellement protecteur d’une dose modérée et régulière d’alcool sur le cœur, les maladies cardiovasculaires en général et la mortalité, est confirmé dans la grande majorité des études scientifiques. Grosso modo, si le risque de maladies cardiovasculaires diminue de l’ordre de 20 à 30 % chez les consommateurs modérés d’alcool, le vin semble cependant tirer son épingle du jeu. « Les études qui se sont focalisées sur le type d’alcool mettent en évidence un bénéfice cardiovasculaire supérieur du vin comparé aux autres boissons alcoolisées », avance le Pr Ludovic Drouet, du Laboratoire de Thrombose et d’Athérosclérose (IVS hôpital Lariboisière et INSERM U937, Paris) et chef du service Immunologie-Hématologie de l'hôpital Lariboisière (Paris). Il faut néanmoins rappeler qu’il n’existe à ce jour que des preuves indirectes des bienfaits du vin chez l’Homme, et qu’in vitro ou sur des modèles animaux, les résultats ne sont pas homogènes. Cependant, plusieurs études épidémiologiques (des observations de la population) ont appuyé l’hypothèse d'un effet bénéfique propre au vin sur le risque cardiovasculaire. La première est française, celle du Pr Serge Renaud baptisée « Cohorte de Nancy » (1). Le "père" du paradoxe français a exploité une cohorte de 35 000 personnes âgées de 40 à 60 ans, et a constaté la diminution des accidents cardiovasculaires en cas de consommation régulière et modérée de vin par rapport à l’abstinence : le risque de décéder d’ennuis cardiovasculaires est réduit d’environ 30 % avec un ou deux verres de vin par jour. Ce qui n’a pas été retrouvé avec la bière.

Buveurs de vin ou de bière, des alimentations différentes perturbent les analyses

Mais les études épidémiologiques sont à prendre avec précaution car il est difficile de considérer l’ensemble des paramètres impliqués ! Par exemple, le mode de vie des buveurs de vin diffère de celui des buveurs de bière. Au Danemark, le Professeur Morten Gronbaek (2) a lui aussi trouvé une réduction de la mortalité coronarienne (liées aux artères du cœur) ou cardiovasculaire et de la mortalité globale chez les amateurs exclusifs de vin. Ce bénéfice est bien moindre chez les buveurs de bière. Quant à ceux qui boivent des alcools forts, c’est l’inverse, le bénéfice est nul voire leur risque cardiovasculaire dépasse celui des abstinents ! Surprise, en épluchant les tickets de caisse des 4 500 personnes de l’étude, les chercheurs ont remarqué des régimes alimentaires opposés entre buveurs de vin et de bière : alors que les premiers avaient acheté des légumes, de la viande maigre, de l’huile d’olive…. les seconds avaient opté pour une alimentation moins "saine" (plus de cholestérol, d’acides gras saturés, moins de fibres..).

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Source : (1) Biol Res. 2004;37(2):183-7; (2) Am J Clin Nutr. 2002 Aug;76(2):466-72.