Tout savoir sur la mammographie

La mammographie est un examen incontournable dans le diagnostic du cancer du sein. Préconisé dès l’âge de 50 ans, voire 40 dans certains cas, cet examen suscite certaines interrogations auprès des femmes. E-Santé a fait le point avec Cécile Bour, radiologue, autrice et fondatrice de l’association Cancer Rose.
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La mammographie est un examen qui consiste en la réalisation de simples clichés, sans préparation du sein, dans le but de restituer les textures glandulaires et graisseuses qui composent le sein.

L’examen, a pour but de détecter des lésions éventuellement cancéreuses dans le sein des femmes. Il est prescrit dès l'âge de 50 ans, voire 40 dans certains cas.

En 2021, 2,7 millions de femmes ont réalisé une mammographie de dépistage organisé.

Mammographie : comment se déroule l’examen ?

Afin de réaliser les clichés, le sein est placé entre deux plaques afin d’étaler au mieux toutes les structures et afin de limiter le rayonnement dans l’organe. 

Pour limiter l’exposition du sein aux radiations, deux clichés sont réalisés : l’incidence de face et l’incidence oblique externe. L’incidence de profil peut être réalisée chez les femmes ayant des seins très fibreux.

L’examen ne nécessite pas de préparation particulière, néanmoins, la radiologue recommande de pas appliquer trop de crème sur la poitrine avant car certaines peuvent créer des artéfacts.

Aussi, en cas de stress, il ne faut pas hésiter à en parler à la personne qui réalise l’examen. « Au centre de radiologie où je travaille, nous demandons à la femme, lorsque nous comprimons le sein, de faire un signe de la main en cas de trop forte douleur. On n’est pas là pour faire de la torture ! Il est important de savoir que, malgré les douleurs qui peuvent survenir, la mammographie n’est pas examen invasif, il n’y a pas de raison de s’angoisser en amont » déclare Cécile Bour.

Mammographie : un examen accessible à toutes les femmes

La radiologue se veut rassurante en ce qui concerne la faisabilité de l'examen : toutes les femmes peuvent effectuer une mammographie, peu importe la taille de leur poitrine : « On y arrive toujours, on s’adapte. Je n’ai jamais vu d’impossibilité lié à la taille de la poitrine, quelle qu’elle soit. »

Pour les femmes en fauteuil roulant, l’examen est également possible. « C’est un peu plus difficile pour les femmes ayant un handicap mental, qui sont effrayées par l’examen. Certaines maladies neurologiques entraînant des tremblements incoercibles rendent l’examen également difficile » explique la spécialiste.

Mammographie : un examen difficile à interpréter

Bien que largement démocratisée et réalisée partout en France, la mammographie est un examen dont l’interprétation est difficile pour les médecins d’après Cécile Bour : « C’est une image que l’on doit interpréter car c’est un organe qui est globalement homogène et, par conséquent, le contraste des images est très faible. Pour optimiser la qualité des clichés, on utilise un rayonnement de basse tension, particulièrement ionisant, même à faible dose. L’image est constituée de l’accumulation de plans qui sont projetés en deux dimensions. »

L’image est constituée d’une superposition des fibres glandulaires et des fibres graisseuses, deux composants essentiels de la glande mammaire. Ces composants sont analysés grâce aux images obtenues. « La composition glandulaire des seins est très variable selon les femmes, leur âge, la présence de cellules graisseuses dans leur corps… Chez les femmes jeunes, il y a moins de composantes graisseuses, beaucoup de composantes glandulaires, l’analyse de la texture est donc beaucoup plus difficile » détaille Cécile Bour.

« Même avec les 3 incidences que l’on peut faire : un cliché de face, de profil et oblique, on n’a jamais l’intégralité du sein. Le thorax est courbe, par exemple, le cliché de face privilégie le cadrant externe, le cliché en oblique privilégie la partie sous l’aisselle. Il y a techniquement une difficulté, d’autant plus que l’image varie selon le climat hormonal. Il s’agit d’une image très incomplète du sein, la tumeur n’a rien de spécifique en imagerie. On suspecte une malignité sur un faisceau de signes très indirects : une masse, une distorsion architecturale, des microcalcifications qui ne sont pas toujours spécifiques, c’est pour cela qu’il faut l’adjonction d’autres examens en cas de doute ou de seins denses car certains cancers ne sont pas visibles à la mammographie.

Mammographie : quelle efficacité ?

Comme pour d'autres examens, la mammographie n'est pas en mesure de détecter tous les cancers explique Cécile Bour : « Dans le cadre d’une étude cherchant à comparer la capacité de la mammographie et de l'IRM à trouver des cancers in situ (cancers qui ne franchissent pas la lame basale des canaux du sein), la mammographie avait diagnostiqué 56 % des cancers in situ et l’IRM 92 %. La mammographie avait donc raté 44 % des cancers et l’IRM 8 %. »

Selon la radiologue, « les cancers graves, ceux qui évoluent très vite, représentent environ 25 % des cancers. Et ces cancers graves sont ratés par la mammographie car soit ils surgissent entre 2 mammographies, soit ils sont réellement occultes, dans une trame glandulaire qui ne permet pas de les voir. La mammographie a une bonne sensibilité pour certains cancers, notamment ceux qui se manifestent pas des microcalcifications, souvent les in situ, justement, à bon pronostic, mais elle a des difficultés à détecter certains cancers infiltrants car ils sont noyés dans la glande. »

Finalement, la docteure reconnaît que la mammographie n’est pas un examen infaillible et que les femmes doivent être attentives à leurs seins.

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