E-liquides : stop à la désinformation massive !

Le 23 mars 2014, le New York Times publiait un article alarmant sur le nombre croissant d’appels aux centres antipoison américains pour des intoxications avec des e-liquides, soit 1.351 cas en 2013, dont la moitié pour des enfants de moins de 5 ans.Un toxicologue interviewé ajoutait qu’une petite cuillère de e-liquide pouvait tuer un adulte. La plupart des médias partout dans le monde se sont empressés de propager l’information telle quelle, sans aucune vérification, ni mise en perspective. Pourtant cette nouvelle est très rassurante : malgré les millions de flacons de e-liquides circulants, en constante augmentation, aucune mort n’est à déplorer et les appels aux centres antipoison ne représentent que 0,06 % des cas d’intoxications aux États-Unis.
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Ne tombons pas dans le piège du « Sang à la Une » et faisons comme toujours sur E-santé : regardons concrètement tous les chiffres disponibles. En 2011, il y a eu plus de 2,3 millions d’appels aux centres antipoison aux États-Unis pour des humains (2.334.004 exactement), dont la moitié pour des enfants de 5 ans (46,94 %). Ces appels concernaient des médicaments dans 715.544 cas. Les cas les plus fréquents étaient le fait d’analgésiques pour 11,7 % des cas, de cosmétiques pour 8 % des cas, de produits ménagers pour 7 % des cas et d’anxiolytiques pour 6,1 % des cas.

Les médicaments sont infiniment plus dangereux

Le nombre de décès s’est élevé à 1.995 cas, dont 18 cas d’enfants (soit seulement 1 % heureusement). Les médicaments constituent de loin la première cause de décès et en voici le palmarès pour les trois catégories les plus dangereuses.

Médicaments analgésiques :

  • Paracétamol : 276 morts (dont 159 par paracétamol-codéine)
  • Morphine et Fentalyl : 158
  • Méthadone : 134 morts
  • Tébaïne : 120 morts
  • Aspirine : 39 morts
  • Tramadol : 24 morts

Médicaments psycho-actifs :

  • Antidépresseurs : 148 morts (dont 17 avec le Bupropion, utilisé notamment pour le sevrage tabagique)
  • Anxiolytiques : 111 morts

Médicaments cardiovasculaires : 128 morts

Concernant les 18 décès d’enfants, les substances en cause étaient des analgésiques dans 11 cas, des amphétamines dans 6 cas, des médicaments contre le rhume dans 5 cas, et des produits ménagers dans 4 cas (la prise de plusieurs substances étant possible).

Au vu de ces chiffres, on ne peut que regretter qu’aucun médicament ne soit délivré dans des emballages de sécurité. Les plus puissants des antalgiques, des antidépresseurs, des anxiolytiques et les produits cardiovasculaires les plus dangereux sont en libre circulation depuis des dizaines d’années et tuent des milliers de gens par accident sans que grand monde ne s’en émeuve.

La fausse information sur la dangerosité des e-liquides

Et maintenant réexaminons les chiffres rapportés par le New York Times : 1.351 appels aux centres antipoison en 2013 pour des e-liquides, dont 365 hospitalisations (et non pas « cas graves » comme on a pu le lire partout), et zéro mort. Cela ne représente que 0,06 % du total des appels et aucun cas dramatique n’a été à déplorer. Cela confirmerait plutôt l’efficacité des bouchons de sécurité équipant les flacons de e-liquide.

Le 3 avril 2014, le CDC américain (Centers for Disease Control and Prevention) publiait à son tour un communiqué de presse dans lequel il signalait rien de plus que le New York Times si ce n’est 2.405 expositions aux e-cigarettes entre septembre 2010 et février 2014. Le directeur du CDC, le Dr Tom Frieden ajoutait que si la moitié des appels concernaient des enfants, ce devait être du fait de leurs « arômes de bonbons ou de fruits qui les attirent ». Nous avons vu que tous les appels pour intoxication concernent dans la moitié des cas les enfants, ce qui rend cette conclusion vide de sens.

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