Cardiologie : innovations techniques au placard !

Les cardiologues protestent haut et fort. Des dizaines de milliers de Français sont privés de deux innovations majeures dans le domaine de la cardiologie : les stents et les défibrillateurs automatiques implantables. Pourquoi ? Les pouvoirs publics n'ont toujours pas fixé le prix de remboursement. Ainsi, leur pose est limitée dans les hôpitaux et rendue impossible en clinique par les praticiens libéraux, qui représentent près des deux tiers des spécialistes.
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« Nos patients ont de quoi être inquiets », déclare le Dr Christian Avierinos, président du syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux, lors d´une conférence de presse au cours de laquelle il a dénoncé la mise en place progressive d´un système de santé à deux vitesses. Il explique en effet qu´en termes de cardiologie, deux innovations technologiques ayant largement fait la preuve de leur efficacité sont actuellement « modestement accessibles dans les hôpitaux publics et pas du tout chez les médecins libéraux ».

Le défibrillateur automatique implantable

Inventé il y a une vingtaine d´années aux Etats-Unis, le défibrillateur peine à s´implanter en Europe (implanté sous la peau il réduit de 20 à 40% le risque de mort subite). Ainsi, on dénombre en moyenne 50 à 70 appareils par million d´habitants en Europe. Même Israël, avec les difficultés que l´on connaît à ce pays, implante plus de Défibrillateur Automatique Implantable (DAI) que la France. Pourtant, nombre d'études ont démontré son efficacité, lequel, reconnu comme service médical rendu, a reçu l´agrément de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS). Dans ces conditions, pourquoi l'implantation du DAI est-elle si faible en France ? Il n'est toujours pas remboursé par l'Assurance maladie.

Le stent Cypher

Récemment, une amélioration a été apportée au stent (le stent est une sorte de petit ressort servant à maintenir ouverte une artère). Recouvert d´un « enrobage polymérique qui libère une substance immunosuppressive et anti-proliférative (le sirolimus) », le stent permet d´éviter les récidives d'infarctus du myocarde. Pourtant, là encore, bien que ce progrès thérapeutique soit doté de la norme CE depuis juin dernier, le stent Cypher n´est toujours pas utilisé.Si les cardiologues hospitaliers ont obtenu des moyens financiers pour les poser, notamment dans le cadre d'un financement de l'innovation, en revanche, les cardiologues libéraux, qui prennent en charge la moitié de la cardiologie interventionnelle en France, n'ont aucune possibilité d'y recourir car il n'est pas remboursé. Visiblement, malgré les preuves de son efficacité, l'AFSSAPS retarde ses conclusions, indispensables pour sa prise en charge par l'Assurance maladie.

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Source : Accès à l'innovation : les cardiologues exigent de disposer des meilleurs traitements pour leurs patients. Conférence de presse du Syndicat national des spécialistes des maladies du coeur et des vaisseaux, mardi 10 décembre 2002, Paris.