Des virus mangeurs de bactéries au secours des antibiotiques
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La phagothérapie, l’alternative aux antibiotiques

Pour venir à leur secours, la phagothérapie constitue « une thérapie complémentaire », affirme le Dr Alain Dublanchet, biologiste au CHU de Villeneuve Saint-Georges. Cette discipline, connue depuis plus de cent ans, consiste à utiliser des virus naturels, les bactériophages ou phages, dont la particularité est de reconnaître précisément chaque bactérie et de la détruire : ils se fixent sur elle puis pénètrent à l’intérieur où ils se multiplient, des trous se forment là où ils l’ont attaquée et la bactérie finit par mourir. « C’est très efficace et sans effets secondaires », explique le médecin. La phagothérapie pourrait soigner les maladies résistantes aux antibiotiques : infections ostéoarticulaires et pulmonaires, infections urinaires récidivantes, brûlures sur-infectées, ulcères chroniques, pied du diabétique, etc.. Une publication de la revue médicale The Lancet indique que l’action des phages serait même renforcée quand elle est associée à une faible dose de pénicilline. Autre avantage : les phages ne s’attaquent qu’aux bactéries nuisibles et respectent celles qui sont utiles contrairement aux antibiotiques qui sont à large spectre.

Deux essais cliniques en cours en France

Les phages se trouvent partout dans la nature où il y a des bactéries, notamment dans les eaux d’égout (il y en a aussi dans notre tube digestif) et on les utilise depuis 1919. Mais la découverte des antibiotiques a porté un coup d’arrêt à leur usage dans les pays occidentaux sauf en Géorgie où ces bio-médicaments font partie de la pharmacopée courante au même titre que l’aspirine. Deux laboratoires en produisent aussi en Russie et un en Pologne. Aux États-Unis, trois produits-phages viennent d’être mis sur le marché. En France, un essai clinique baptisé Phagoburn a été lancé en septembre 2015 à l’hôpital d’instruction des armées Percy pour tester l’effet des phages sur les grands brûlés. Un autre essai, Phosa, a débuté sur les infections ostéoarticulaires. L’Union Européenne ayant classé les phages comme médicaments, ils doivent être conformes à une réglementation stricte émanant de l’Agence Européenne du Médicament (EMA) et des diverses agences nationales. Un tel encadrement est actuellement inexistant, c’est pourquoi, une équipe bruxelloise travaille à la définition de critères devant présider à leur préparation pharmaceutique.

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Source : Colloque « La phagothérapie, une réponse à l’antibiorésistance », organisé à l’Assemblée nationale le 18 février 2016.